samedi 12 octobre 2024

Eunice le 18/02/2022: Sting Jet et foliation de tropopause dans une dépression à séclusion chaude

Le présent article utilise une série de concepts déjà détaillés ailleurs sur le blog. Des liens sont mis à disposition dans le texte lorsque cela s'avère utile. Néanmoins, la lecture de l'article "Les tempête européennes comparées aux modèles théoriques - Partie 1 - Concepts" peut constituer une bonne base à la compréhension des propos ici tenus.

Eunice: une tempête peu banale

Eunice frappe l'Europe occidentale le 18 février sous la forme d'une tempête remarquable, avec quelques records de vent à la clé. Les rafales atteignent 196 km/h à The Needles et 176 km/h au Cap Gris-Nez, des valeurs jamais vues pour ces deux stations. En Belgique, les rafales atteignent 133 km/h à Middelkerke (station officielle) et 139 km/h à Oostduinkerke (station amateure). 

Malgré son intensité, l'auteur de ce blog s'est longtemps demandé s'il était utile de décortiquer cette dépression qui, bien que puissante, apparaissait alors comme assez classique d'un point de vue fonctionnement. En effet, la section du blog dédiée aux tempêtes européennes regorge avant tout d'analyses de cas particuliers pour différentes raisons: écarts par rapport aux concepts, survenue de phénomènes de mésoéchelle (orages violents, Sting Jet...), (ex-)cyclones tropicaux... Au regard de ses comparses comme Ophelia, Eleanor, Alex ou encore Ciaran entre-temps, Eunice semblait assez banale de prime abord.

Mais c'est oublier qu'une tempête européenne n'est jamais banale; il y a toujours quelque d'intéressant à expliquer à leur propos. L'auteur de ce blog, qui répète à l'envi cette maxime, aurait du s'en souvenir en février 2022 aussi. Quelques articles scientifiques récents (repris dans ce dossier) ainsi que la consultation des archives du modèle Arome ont fini par le convaincre de l'intérêt d'une telle analyse.

jeudi 11 juillet 2024

Chroniques météo 2024

Cette page reprend les grands événements météorologiques de 2024.

Début janvier est très agité. Des inondations se produisent ça et là, et sont parfois importantes, comme dans la vallée de la Semois. Le 3 dans l'après-midi, une tornade F2 frappe Putte près de Malines.

Les 17 et 18 janvier, un épisode neigeux important concerne le centre et l'est de la Belgique. A la fin de l'épisode le matin du 18, on relève 10 cm de neige à Gosselies, 11 cm à Uccle et à Zaventem, 12 cm à Florennes et à Beauvechain, 14 cm à Bierset et jusqu'à 18 cm au Mont Rigi. Pour la Hesbaye, il s'agit de l'épisode neigeux le plus abondant depuis celui du 15 janvier 2016. Au petit matin, la température plonge parfois sous les -10°C en Hainaut et en Hesbaye.

Le Sart Tilman (Liège) sous une quinzaine de centimètres de neige sur le temps de midi du 18 janvier 2024 (Auteur: Le Chroniqueur météo).

Le mois de février est le plus doux de tous les deuxièmes mois de l'année (précédent record: février 1990). L'excédent atteint +4,1°C par rapport à la normale 1991-2020. Il est aussi très pluvieux avec 127 mm de pluie à Uccle.
 
Le 22 février, le front froid de la tempête Louis donne des pointes à 108 km/h à Florennes et 105 km/h à Humain.

Le 8 avril en soirée, dans le cadre d'une dégradation orageuse précoce pour la saison, un orage supercellulaire donne une tornade près de Béthune, dans le nord de la France. Cet orage fusionne ensuite avec un autre système pour concerner l'ouest du Hainaut puis la Flandre.

Le 15 avril, un front froid orageux balaie le pays en y provoquant parfois des dégâts, notamment au nord de Charleroi. On relève 97 km/h à Humain (Marche-en-Famenne) et 103 km/h à Lille-Lesquin.

La fin avril est froide. Il neige en Haute Belgique le 21, tandis que le gel cause des dégâts aux cultures les nuits suivantes.

Le mois de mai est très pluvieux; il tombe 125 mm de pluie cumulée à Uccle. Des orages diluviens frappent la région de Walhain en fin de journée du 12, en y générant des inondations. D'autres inondations d'ampleur consécutives à des averses répétées frappent le Pays de Herve en soirée du 17 où il tombe parfois jusqu'à 100 mm de pluie. Ces épisodes et ce mois pluvieux s'inscrivent dans une récurrence de régulières et abondantes précipitations depuis la mi-octobre 2023. Le 11 mai toutefois, quelques jours de temps quasi estival permettent l'observation inhabituelle d'aurores boréales dans le ciel nocturne dégagé, à la faveur d'un puissant orage magnétique.
 
Un soir à la météo mitigée et fraîche, l'un des nombreux de ce mois de mai. Les environs de Gelbressée (Namur) au crépuscule du 19 mai (Auteur: Le Chroniqueur météo).
 
En fin d'après-midi du 18 juin, un orage supercellulaire traverse la province de Luxembourg, donnant des grêlons de plusieurs centimètres de diamètre près de Libramont.

En début de soirée du 29 juin, c'est la région d'Athus qui subit à son tour des inondations à la suite d'orages diluviens remontant de France. Cette offensive clôt une période de temps estival où les maximales auront approché les 30°C pendant quelques jours, après deux premières décades fort fraîches (on peut même parler de froid autour du 10-11 juin où les températures ne dépassent pas les 15°C en bon nombre de régions).
 
Une météo enfin estivale le 23 juin. Les environs de Mettet sous un ciel peu nuageux (Auteur: Le Chroniqueur météo).
 
Le 9 juillet, alors que l'été a commencé sur un mode de temps variable, une brève incursion chaude fait grimper le thermomètre jusqu'à 30-32°C. De violents orages frappent une bande allant du Hainaut à l'ouest de la Campine en passant par la région bruxelloise où le premier orage, supercellulaire, provoque des dégâts dus au vent. L'anémomètre du site de l'IRM à Uccle enregistre une rafale de 102 km/h.

La nuit du 31 juillet au 1er août, après un nouveau coup de chaleur lourde, de violents orages éclatent sur le Hainaut, provoquant de multiples inondations. Une deuxième salve concerne les mêmes régions en fin de nuit, ainsi que Bruxelles et la Hesbaye à l'aube.
 
Le 12 août, un nouveau brutal coup de chaleur humide fait monter le mercure jusqu'à 34,3°C à Gosselies et Beauvechain, 34,0°C à Uccle, 33,9°C à Bierset, 33,7°C à Ernage... C'est le maximum thermique de cet été. Les points de rosée sont particulièrement élevés, atteignant des fourchettes de 22-24°C en début de soirée et faisant office de mesures d'une très grande lourdeur de l'air. Le ressenti moite est en effet franchement désagréable, d'autant plus qu'il ne s'atténue qu'assez peu la nuit suivante

Le mois d'août qui se termine est paradoxal à plus d'un titre. Il aura été sans conteste le plus estival des trois mois de l'été climatologique, avec un temps régulièrement ensoleillé. Par contre, quelques épisodes orageux et pluvieux auront suffi à donner un cumul conséquent de 153 mm de précipitations à Uccle. Les excédents ne concernent cependant que quelques régions. Une bonne partie du pays connaît en effet un déficit pluviométrique. Ainsi, c'est par endroits une certaine sécheresse des sols superficiels qui commence à se dessiner en deuxième quinzaine... 

La Haute Sambre non loin de l'Abbaye d'Aulne le 15 août. Une image qui résume bien la météo générale de ce mois: calme, beau et pas trop chaud (à quelques journées près) (Auteur: Le Chroniqueur météo).

Malgré les quelques coups de chaud, l'été climatologique se termine sans vague de chaleur officielle, comme en 2021 ou plus loin en 2014.

Comme en 2022, le début de l'automne climatologique est marqué par des orages localement forts. Le 5 septembre en fin de journée, un orage multicellulaire intense se déplace à travers une grande partie du pays du sud-est au nord-ouest. Dans le nord de la province de Luxembourg et l'ouest de la province de Liège, il génère de multiples coupées de boue et inondations. D'autres orages fort pluvieux concernent la moitié sud de la Wallonie la nuit suivante. Le 7 septembre en soirée, des orages se font à nouveau remarquer en province de Namur, dans le Hainaut et le Brabant wallon.

Eloignement de l'orage multicellulaire de la fin de journée, vu depuis Bonsin (Somme-Leuze) (Auteur: Le Chroniqueur météo).

En fin d'après-midi du 26 septembre, une tornade F2 frappe Beauvechain; les dégâts portés au bâti sont parfois conséquents. Une autre, moins intense mais visible de loin, concerne la région de Zoutleeuw et de Geetbets, pratiquement au même moment. Une heure auparavant, une faible tornade se produisait aussi dans la région de Ecaussines.

Le mois de septembre, comme régulièrement depuis maintenant un an, est excessivement pluvieux. Il tombe 124 mm de pluie à Uccle (moyenne: 65). A l'échelle du pays, il est aussi exceptionnellement orageux, avec 18 jours d'orages observés (moyenne: 7,5). C'est un nouveau record pour un neuvième mois de l'année, battant le précédent datant de... 2022.

Les 9 et 10 octobre, les restes du cyclone tropical Kirk apportent un épisode pluvieux remarquable sur le sud et l'est du pays, ainsi que du centre-ouest français aux Ardennes. Les relevés de précipitations sur 24 heures faits à 8h00 le 10 sont parfois très élevés: 53 mm à Vedrin (Namur), 59 mm à Dourbes (Viroinval) et à Spa, 60 mm à Buzenol (Etalle), 71 mm à Cul-des-Sarts (Couvin), 78 mm au Mont-Rigi (Waimes), 88 m à Bouillon... Des crues sont observées dans l'ouest de la province de Luxembourg et le sud de la province de Namur, sans grande gravité toutefois.

Le 26 octobre est très doux pour la saison. Il fait 21,5°C à Ernage, 21,9°C à Uccle et 22,4°C à Bierset.


vendredi 21 juin 2024

Et pourtant, elle se réchauffe !



Ces derniers mois, et plus particulièrement durant ces mois d'avril, de mai , et de juin, une vague de mécontentement mêlant incompréhension face aux événements météorologiques et climato-scepticisme secoue les réseaux sociaux et d'une manière générale la société toute entière. En effet, il pleut ... et beaucoup à certains endroits. Et selon certains, « sans arrêt depuis octobre ». Tant que nous étions en hiver, la pilule pouvait passer. Mais le mois d'avril fut caractérisé par deux périodes très distinctes : l'une au-dessus des normales thermiques et l'autre en-dessous. Et cet en-dessous fit jaillir un torrent de frustration face à un temps « non-printanier » et un déluge de scepticisme face aux discours des climatologues sur le réchauffement climatique. Le mois de mai très humide avec au final un printemps encore plus humide rajoute une couche à ce mécontentement.

Météo Pédagogie n'a habituellement pas pour vocation de s'engager à découvert sur le thème du réchauffement climatique et de « prendre parti » dans des polémiques autour de ce sujet ou d'autres plus ou moins liées. Toutefois, pour une fois, nous jugeons bon de le faire pour mettre les points sur le « i » et de critiquer, voire dénoncer certaines réflexions et positions, aussi bien dans le clan « climato-sceptique » que « réchauffiste ». Nous allons aussi tenter dans un premier temps de donner des explications et notre position sur le « temps pourri », expression tellement ressassée dès que la météo ne correspond pas à nos désirs.

jeudi 18 janvier 2024

17-18 janvier 2024: Faits et méfaits d'un épisode hivernal remarquable

C'est donc en janvier 2024 que le centre de la Belgique aura renoué avec la neige en quantités significatives. A la fin de l'épisode, les hauteurs relevées à 7h00 le 18 sur le réseau officiel en attestent:

  • Bierset (Liège): 14 cm
  • Beauvechain (Brabant wallon) et Florennes (Namur): 12 cm
  • Uccle (Bruxelles) et Zaventem (Brabant flamand): 11 cm
  • Gosselies (Hainaut): 10 cm 

 

La campagne de Fernelmont (province de Namur) à l'heure bleue le matin du 18 janvier (auteur: Le Chroniqueur météo).
 
Une large partie du nord de la Wallonie a ainsi reçu davantage de neige que le sud, alors que ce dernier est plus haut en altitude, inversant dès lors la "logique" hivernale qui veut qu'il neige davantage plus on monte. A l'inverse, le sud de la Belgique a connu des pluies verglaçantes parfois de longue durée. En Lorraine belge par exemple, au matin du 17 janvier, il pleuvait par -5°C. Cela n'aura d'ailleurs pas été la seule inversion météorologique, ces faits devant leur existence à une situation atmosphérique bien particulière.

La Belgique et le nord de la France se sont retrouvés sous un conflit de masses d'air, entre de l'air d'origine polaire au nord, et de l'air d'origine maritime subtropicale au sud. Ce conflit est matérialisé par un front, ou plutôt une série de fronts, comme le montre l'analyse de surface du Met Office anglais le 17 janvier à 13h00. Ils sont rattachés à une dépression nommée Irène arrivant de l'Atlantique.

Source: Met Office via Wetter3

A cette heure, l'air doux remontait toujours sur la France en direction du nord, et le front, qui fait la limite de cette masse, est donc dessiné comme un (double) front chaud. Or, dans ces fronts, l'air froid tend bien souvent à faire de la résistance dans les basses couches, notamment lorsque le flux est relativement faible (ce qui fut le cas ici), et finit par se faire surplomber par l'air plus doux. Se forme alors une inversion de températures. Il s'agit d'un phénomène habituel des fronts chauds. Le schéma ci-dessous résume bien cela.

Source: 
https://pba.asso.fr/old/index.php?option=com_content&view=article&id=6&Itemid=12

Le tout est de savoir à quelle température va se retrouver ce "nez chaud" qui surplombe l'air froid dans les basses couches, à température négative dans ce cas-ci. En effet, en matinée du 17 janvier, il gelait en de nombreux points du nord de la France et de la Belgique. La structuration thermique de l'atmosphère entre le sol et 2-3 km d'altitude devient alors d'une importance capitale pour prévoir le type de précipitations hivernales qui va tomber... Et les conséquences parfois franchement néfastes sur le réseau routier.

Si le "nez chaud", qui se promène souvent entre quelques centaines et 2000 mètres d'altitude, est à température négative, la neige qui tombe depuis l'altitude le traverse sans problème, retombe ensuite dans l'air encore un peu plus froid, et finit par former une belle couche de neige au sol. Si par contre, ce nez est à température positive, les flocons y fondent, forment de la pluie, qui retombe ensuite dans la pellicule où l'air gèle... Apparaît alors le redoutable verglas. Le schéma adapté ci-dessous montre, en très résumé, la situation atmosphérique entre le centre de la Belgique et le nord-est de la France en début de journée du 17.


Au fur et à mesure de la journée, ce nez chaud a pris de l'ampleur, s'abaissant au sol et y provoquant le dégel... Mais pas partout! Nous en parlions ainsi sur X en fin de matinée:


Aidé par le radoucissement lié à l'évolution diurne et un peu de turbulence, le nez chaud a fini par prendre "racine" au sol presque partout sur le sud du pays. Ainsi, en milieu d'après-midi, de la neige était observée en Hesbaye au nord de Namur, tandis qu'à Ciney, au sud-est de la capitale wallonne, il... pleuvait, cette fois sans verglas grâce aux températures devenues légèrement positives au sol. Voici ce que ça donnait en coupe atmosphérique.


Ici se trouve l'explication de la plus importante couche de neige observée à Bruxelles et dans le nord de la Wallonie par rapport à l'Ardenne (à l'exception des Hautes Fagnes). Au nord du front, la neige n'a cessé de tomber au fil des heures, tandis que celle-ci n'a pris le relais des pluies (verglaçantes) sur le sud de la Belgique que bien plus tard, lorsque l'air froid, poussant à nouveau du nord, a renvoyé le front en direction de la France et du Luxembourg.

Au final, et par exemple, le sud-est de Namur a quelque peu rattrapé son retard sur le nord-est. Au matin du 18, on mesurait ainsi 14 cm de neige à Fernelmont, à 15 km au NE de Namur, tandis qu'Erpent, en périphérie sud-est de la ville, en récoltait 11.

Autre inversion météorologique, celle des températures minimales le 18. Avec le dégagement du ciel en fin de nuit sur la Moyenne Belgique (la Haute Belgique étant encore ennuagée par la perturbation en cours de retrait), les températures ont plongé, notamment dans le Hainaut où elles sont passées sous -10°C. Exemple à Chièvres ci-dessous.

Source: IRM

Et en carte, à présent, avec les températures observées à 10h00.

Source: Infoclimat.

Comme classiquement dans ces conditions, ce froid cinglant n'était observé que dans les premiers mètres de l'atmosphère ou, pour le dire plus simplement, tout près du sol. La nuit, un ciel dégagé permet à ce sol, rayonnant surtout en infrarouge (on passera outre les explications physiques du phénomène), de se refroidir plus rapidement que l'air situé au-dessus. Or ici, avec la présence de la couche de neige, ce phénomène est exacerbé. Neige + ciel se dégageant juste en fin de nuit est ainsi l'équation qui explique pourquoi les températures ont brutalement plongé du Hainaut à la Campine... Et ont continué de descendre alors que le soleil se levait, jusqu'à ce que ce dernier soit suffisamment "haut" dans le ciel pour contrecarrer cette dégringolade thermique.

De plus, cet air froid, plus lourd, a tendance - et c'est de nouveau un phénomène très classique - à "couler" vers les points les plus bas en l'absence de vent, expliquant de belles différences de températures sur de faibles distances. Ainsi, par exemple, peu après 9h00, on observait -4°C au niveau de l'E42 près d'Andenne (est de Namur), à environ 200 mètres d'altitude, tandis qu'à Fernelmont, vers 180 mètres, le thermomètre était à -8°C (l'auteur de cet article aura même trouvé du -9°C en passant dans un petit vallon dans l'est de la commune). Il y a à peine 2 ou 3 km entre les deux...

Pour terminer, le ciel souvent lumineux du 18 janvier aura permis de profiter d'un spectacle devenu rare dans nos régions; celui d'une belle couche de neige sous un franc soleil, alors que les conditions de circulation revenaient (plus ou moins lentement selon les endroits) à la normale.

Le Sart Tilman (Liège) sur le temps de midi du 18 janvier, sous une bonne quinzaine de centimètres de neige (auteur: Le Chroniqueur météo).



dimanche 31 décembre 2023

Chroniques météo 2023

Cette page reprend les grands événements météorologiques de l'année 2023 en Belgique.

L'insolation du mois de janvier est exceptionnellement déficitaire.

Le 20 janvier au soir, on relève 29 cm de neige dans les Hautes Fagnes. Ces chutes de neige ne concernent que très temporairement la Moyenne Belgique.

Le mois de février est très sec. Il tombe seulement 13 mm de précipitations à Uccle sur tout le mois (normale: 65 mm). A l'inverse, mars est très humide, avec 127 mm à la même station (normale: 59 mm).

 

Double arc en ciel sur la Hesbaye namuroise le matin du 14 mars (Auteur: Le Chroniqueur météo).

Le 8 mars, la neige recouvre une bonne partie du pays, bien que très temporairement.

Du 16 mai au 16 juin, une période très sèche se produit. Il ne pleut pas pendant 32 jours d'affilée à Uccle.

Autour du 10 juin, une vague de chaleur (d'ampleur modérée) se produit, avec des maximales de 30-32°C pendant quelques jours. Juin est par ailleurs le plus chaud de tous les mois de juin en Belgique. Les 25°C auront été franchis à 17 reprises à Uccle. L'ensoleillement est par ailleurs aussi exceptionnellement élevé pendant ce mois, c'est tout simplement le juin le plus ensoleillé depuis qu'on mesure ce paramètre à Uccle.

Cette période sèche se termine par un épisode de pluies orageuses abondantes l'après-midi du 22 juin et la nuit suivante. Sur 24 heures, il tombe 64 mm de précipitations à Bierset, 65 mm à Dourbes et 73 mm à Herhet.

Juillet est anormalement pluvieux. A Uccle, on relève 131 mm de précipitations sur tout le mois.

La météo du mois de juillet est très incertaine. Une ligne d'averses orageuses évolue sur le Brabant wallon et le nord-est du Hainaut en soirée du 15 juillet (Auteur: Le Chroniqueur météo).

La première décade d'août voit se produire une période de temps froid. Le 6 août, les maximales peinent à atteindre les 15°C au meilleur de l'après-midi. Il fait 15,8°C à Uccle et seulement 13,7°C à Bierset.

Jusqu'à la mi-août, les orages avaient été peu nombreux et peu intenses. La nuit du 14 au 15 août voit ainsi survenir le premier épisode fort et bien électrique de l'année sur le sud et l'est de la Wallonie. Le vent cause des dommages dans la région de Herbeumont. Cet épisode orageux avait été très mal anticipé par les modèles et les prévisions.

Une ligne d'orages, avec des bases nuageuses élevées, progresse sur le nord de la province de Luxembourg dans la nuit du 14 au 15 août (Auteur: Le Chroniqueur météo).

D'autres orages parfois violents surviennent les 24 et 25 août. 

Le 24 août, un MCS accompagné d'un spectaculaire arcus traverse une partie de la Wallonie, parfois accompagné de fortes rafales. Une pointe de 87 km/h est mesurée à Florennes, et quelques dégâts épars sont portés à la végétation.

Le 25 août, plusieurs orages successifs balaient l'ouest et le nord de la Wallonie en matinée. Le premier d'entre eux, frappant la région de Jodoigne vers 8h00, s'y accompagne de rafales descendantes causant d'importants dégâts à la végétation et des dommages notables au bâti.

Le mois de septembre est le plus chaud de tous les neuvième mois de l'année. Il enregistre d'ailleurs la première vague de chaleur officielle à cette période de l'année, du 4 au 11. Le 10 septembre, il fait 31,9°C à Uccle.

La nuit du 17 au 18 septembre, des orages se produisent en Wallonie. En province de Luxembourg, ils provoquent quelques dégâts dus au vent.

Arcus sur la dépression de la Fagne précédant une série de noyaux orageux à l'activité électrique intense la nuit du 17 au 18 septembre (Auteur: Le Chroniqueur météo).

La première quinzaine d'octobre est estivale. Le 2, il fait 26,5°C à Uccle et 25,8°C à Ernage.

La mi-octobre marque un net changement de régime vers une période anormalement pluvieuse qui va s'étendre jusqu'à l'été 2024. 

Le 2 novembre aux petites heures, la tempête Ciaran frappe très violemment les côtes bretonnes et normandes, avec des pointes atteignant parfois 200 km/h. Dans la journée, elle concerne la Belgique, de manière plus modérée. Toutefois, les seuils de tempête sont atteints; on relève 108 km/h à Chièvres, 101 km/h à Humain et à Uccle et 97 km/h à Beauvechain. 

Novembre est très humide. Il tombe 132 mm de précipitations à Uccle sur tout le mois. Sur l'ouest de la Belgique, les cumuls atteignent des valeurs incroyables, dépassant parfois les 300 mm. Dans le nord de la France, ils atteignent les 600 mm, une cote ahurissante. Les eaux anormalement douces de la Manche entretiennent perturbations et orages portés par un flux très fréquemment orienté à l'ouest. Les 10 et 11 novembre, des inondations de grande envergure se produisent dans l'ouest de la Belgique. L'Yser entre en crue et atteint plusieurs kilomètres de large. Les Hauts-de-France connaissent également des inondations historiques à plusieurs reprises au cours du mois, justifiant à plusieurs reprises une vigilance rouge de Météo France. Il s'agit d'un événement multidécennal.

samedi 4 novembre 2023

Records en Bretagne et tornade à Jersey: les dessous de la tempête Ciaran

Première grande tempête de l'année, Ciaran laissera des traces matérielles en Bretagne et Normandie, mais aussi des statistiques pour l'histoire météorologique du nord-ouest de la France. Dans cet article, nous explorons deux sujets:

  • Avec ses records, Ciaran peut-elle être considérée comme une tempête historique?
  • Comment la tornade de Jersey a-t-elle pu survenir?

 

mercredi 26 juillet 2023

Les vacances et le mauvais temps

Le propre de notre climat tempéré, c'est de connaître des variations de météo parfois très prononcées, et ce aussi en été. Si les coups de chaleur et les canicules font partie de notre histoire météorologique, les coups de fraîcheur, les épisodes pluvieux conséquents, voire les mois entiers complètement ratés en sont aussi. Le présent article passe en revue une série de périodes de temps vraiment mauvais en été.

Août 1996

C'est tout simplement le mois le plus pluvieux depuis que l'on fait des mesures à Uccle, avec 231 mm. Aucun mois, quelque soit son moment dans l'année, n'a fait mieux à ce jour! S'il pleut déjà en grande quantité tout son long, ce sont surtout les 28 et 29 août qui comportent un épisode historique, avec en quarante-huit heures:

183 mm à Hombourg (Liège)
130 mm à Ernage (Namur), La Hestre (Hainaut) et Landelies (Hainaut)
129 mm à Auvelais (Namur)
128 mm à Blanmont (Brabant wallon) et à Mornimont (Namur)
121 mm à Marbais (Brabant wallon)
113 mm à Uccle (Bruxelles)

Il s'en suit des crues de nombreux cours d'eau, à la base de dégâts. Seule la Lorraine belge échappe au déluge. Cet événement est lié à une dépression qui vient se coincer sur les Pays-Bas, avec son occlusion bloquée sur nos régions. Le vent est également notable compte tenu du gradient de pression resserré, avec 108 km/h à Middelkerke et 90 km/h à Gosselies. Durant ces deux jours, les maximales dans la plupart des stations ne dépassent pas 13 à 15°C. Un véritable coup de vent diluvien (non-)estival!

Juillet 2000

Il fait encore office, aujourd'hui, d'archétype de tout ce que la météo peut nous offrir de pourri en été. Et pourtant... ce mois commence bien: de 20 à 25°C jusqu'au 6, date à laquelle des orages éclatent. Mais dès le lendemain, c'est la débandade: de l'air polaire maritime s'infiltre sur le pays. Sous un temps sombre et bruineux, Uccle enregistre une maximale de 14,3°C. Inutile de dire que c'est incroyablement frais pour un début juillet. A la suite, ce sont dix jours d'affilée pendant lesquels le mercure ne dépasse jamais les 20°C!

Le 11 juillet est extraordinairement froid. Le soleil ne se montre pas de la journée, il pleut en continu, et le thermomètre à Uccle ne dépasse pas 13,4°C. Le lendemain, c'est à peine mieux: 16,8°C grâce à quelques éclaircies. En altitude, les températures à 500 hPa (vers 5,5 km d'altitude) sont proches des records de froid connus à cette date avec -24°C.

Du 18 au 31 juillet, les températures ne passèrent que huit fois la barre des 20°C, sans jamais atteindre 25.

Au final, avec une moyenne de 15,3°C à Uccle, c'est un déficit thermique qualifié d'exceptionnel qui est acté. La moyenne 1980-2010 de juillet est en effet de 18,4°C... L'ensoleillement est exceptionnellement mauvais, à des niveaux records, avec seulement 93h05 et la pluviométrie est très élevée avec 133 mm au total. Entre le 5 et le 18, il a pratiquement plu tous les jours.

La carte du 11 juillet 2000 est assez symptômatique des coups de fraîcheur de ce mois de juillet pourri: des dépressions dans nos parages, un anticyclone sur l'Atlantique, et entre les deux, un toboggan d'air maritime polaire venu du nord ou du nord-ouest selon le placement des centres d'action tout au long de ce mois (source: Meteociel).

Eté (août) 2002

Il est marqué par de régulières abondantes précipitations orageuses qui donnent un cumul de 341 mm à Uccle sur l'été climatologique (juin, juillet août). Il s'agit alors du cinquième été le plus pluvieux depuis 1833, détrôné depuis par 2014. Le mois d'août voit tomber 172 mm de précipitations à Uccle.

Août 2006

Ce mois exceptionnellement pluvieux, sombre et orageux succède à un mois de juillet 2006 caniculaire. Le pluviomètre de Uccle récolte 202 mm de précipitations sur tout le mois, ce qui est exceptionnellement élevé. L'ensoleillement, très exceptionnellement déficitaire, établit un nouveau record pour août avec seulement 97 heures de soleil toujours à Uccle. Aucune fois la température n'atteint 25°C. Les orages et les averses diluviennes sont légion tout au long du mois.

Du 11 au 14 août, averses et orages sont dopés par un air extrêmement froid en altitude pour la saison: on note -21°C à 5,5 km d'altitude. Le 13 août, un violent orage sur la côte foudroye une personne sur la plage de Blankenberge et provoque de multiples inondations et dégâts. Le 17, c'est un autre et spectaculaire orage de grêle qui laisse la plage de Zeebrugge sous un tapis de grêlons.

La dernière décade est encore pire. Le 21, dans une atmosphère chaotique marquée par de nombreuses averses orageuses, une tornade se produit près de Huy. Le 24, c'est le déluge par endroits, avec 67 mm de pluie en vingt-quatre heures à Nadrin (province de Luxembourg). Le 29 août, c'est une autre tornade d'assez forte intensité qui est observée dans la région de Tubize. Pourtant, il ne fait que 17°C au sol, mais avec la présence d'un air à 3°C à 1,5 km d'altitude, autant dire que l'atmosphère est bien instable dans les basses couches.

Pour avoir une idée de cette météo peu glorieuse, on pourra consulter l'article de Météo Belgique au sujet de l'été 2006: https://www.meteobelgique.be/article/articles-et-dossier/le-climat/81-climats-dhier-et-daujourdhui/1663-ete-2006.html

 Quelques éclaircies au-dessus de la région de Charleroi l'après-midi du 28 août, chose peu vue au cours de ce mois. Toutefois, les cumulonimbus et les mammatus menaçants rappellent que le grabuge n'est jamais bien loin... Copie d'une photo prise à l'époque (auteur: Le Chroniqueur météo).

Août 2010

C'est un mois qui ressemble à celui d'août 1996: pluvieux de tout son long (187 mm à Uccle, le triple de la normale) et couplé à un ensoleillement médiocre, mais avec un épisode remarquable, sinon exceptionnel, en son sein. Du 15 au 17 août, une dépression se coince entre Pays-Bas et Allemagne, bloquant son front occlus sur nos régions. Il tombe 104 mm de pluie à Uccle sur ces trois jours, 107 mm à Floriffoux en province de Namur et à la Plate Taille en province de Hainaut, mais aussi plus de 100 mm en Champagne-Ardennes en deux jours!

Juillet 2011

Juillet 2011 a laissé un mauvais souvenir aux vacanciers. Très changeante, la météo a cependant davantage tiré vers le mauvais. La moyenne thermique du mois, 16,0°C, est de 2,4°C inférieure à la normale 1980-2010. Ce n'est pas aussi mauvais que juillet 2000, mais on n'en est pas si loin. L'ensoleillement, en déficit d'une soixantaine d'heures, est signe d'un ciel souvent gris et régulièrement accompagné de pluie légère. Il est ainsi assez étonnant de constater que le total pluviométrique du mois est inférieur à la normale, par contre le nombre de jours de pluie est supérieur à la moyenne. En clair, il pleuvait souvent, mais faiblement en général.

L'illustration jointe montre les relevés à Uccle, jour après jour. On remarque que le 5 juillet est le seul jour au cours duquel la température dépasse 25°C. Normalement, le mercure est censé le faire 9 fois au cours d'un mois de juillet classique. On note aussi que jusqu'au 12 juillet, les températures étaient généralement proches de la normale ou légèrement inférieures. La chute commence le 13. Ce jour, sous un ciel uniformément gris et une pluie continue, la maximale ne dépasse pas 15,4°C à Uccle. Et par endroits dans le pays, il fait encore plus froid: seulement 13,7°C à Gosselies et 13,6°C à Bierset!

Le 14 est encore plus froid: 14,3°C à Uccle, 13,7°C à Gosselies et 13,4°C à Bierset. A l'aérodrome de Spa, il ne fait pas plus de 10,7°C. A nouveau, le temps est couvert une bonne partie de la journée, avec de la bruine ou de la pluie faible. Le lendemain, les maximales sont de saison (22-25°C) sous de belles éclaircies. Le yoyo se poursuivra tout le reste du mois, avec un 30 juillet à nouveau particulièrement frais et humide.

Enfin, la pression moyenne, 1013 hPa et exceptionnellement basse, donne un indicateur sur l'état de l'atmosphère. Tout au long de ce mois, nous n'avons jamais été bien loin des dépressions et autres perturbations.

L'été 2011 est par ailleurs dans son ensemble fort pluvieux, avec 317 mm de précipitations cumulées à Uccle. Le seul mois d'août, moins frais que juillet mais pas franchement estival, en compte à lui seul 189 mm.

Source: Ogimet.

Août 2014

Lui non plus n'a pas laissé un souvenir impérissable. Avec un déficit de 1,8°C par rapport à la moyenne normale (période de référence: 1980-2010), il est considéré comme très anormalement frais. Ce sont surtout les maximales, bien trop basses, qui entraînent ce déficit. D'ailleurs, si l'on prend la moyenne des températures maximales de ce mois d'août, elle est considérée comme très exceptionnellement basse, la plus froide depuis trente ans. Vu que les températures les plus élevées d'une journée d'été sont généralement mesurées dans l'après-midi, on comprendra le goût particulièrement amer que laisse ce mois d'août 2014 à la population.

Outre cela, l'ensoleillement est à la cave: le ciel est souvent gris, menant à une insolation anormalement déficitaire. Les précipitations sont anormalement excédentaires, en quantité et en nombre de jours.

Le 1er août fut le seul jour d'été avec une maximale de 26,2°C à Uccle. La suite fut une succession de perturbations régulièrement orageuses: les 3, 8 et 10 août notamment furent marqués par des orages parfois très actifs. 

Ce qui frappe aussi, c'est le nombre de tornades observées dans notre pays pendant ce mois. Le 8, on en signale trois: à Jalhay (modérée), à Glimes-Jauchelette (modérée) et à Manhay (particulièrement forte, avec de nombreux dégâts à la clé). Le 10, deux tornades frappent la région de Charleroi, une à Gozée et l'autre, particulièrement esthétique, entre Fleurus et Sombreffe. Deux autres sont suspectées à Marbay (province du Luxembourg) et à Warêt-l'Evêque (province de Liège). D'autres tourbillons de moindre intensité se produiront le reste du mois.

Côté ciel, ce fut loin d'être glorieux. Les 13 et 14, on observe de fortes précipitations sur certaines régions, et avec un temps parfois très frais. Pendant 13 jours, du 14 au 26, la température ne dépasse jamais les 20°C à Uccle, ce qui est absolument exceptionnel. De même, du 14 au 31, de la pluie est observée tous les jours... Les 25 et 26 août, il tombera en 48 heures 80 mm de pluie à Chièvres, 73 mm à Bierset et 64 mm à Beauvechain.

L'été 2014, avec 348 mm de précipitations cumulées à Uccle, se classe à la cinquième place des étés climatologiques les plus pluvieux depuis 1833.

Coucher de soleil sur la Flandre française dans un ciel fort nuageux le 28 août, en guise de synthèse de ce mois absolument pas estival (auteur: Le Chroniqueur météo).

Juillet et août 2016 

A deux reprises, les vacances 2016 nous ont offert deux périodes fraîches, pour ne pas dire froides au vu des records de température maximale basse enregistrés notamment en août. Le 10 août est déjà fort frais: 15,1°C à Uccle, 16,6°C à Gosselies, 14,9°C à Humain... Mais c'est le lendemain, le 11, que les records tombent: 14,6°C à Uccle en maximale, c'est du jamais vu sur les cent dernières années. Ailleurs, on note 14,7°C à Gosselies et 15,4°C à Bierset, le tout sous un ciel complètement couvert et donnant de temps à autre de la pluie. Pour la petite histoire, deux semaines plus tard, ce seront des records de chaleur qui tomberont... Faisant au final finir août dans la normale d'un point de vue thermique.

Maximales du 11 août 2016: seul l'ouest du pays échappe à la fraîcheur record qui concerne le centre et l'est (source: Infoclimat).

Juillet et surtout août 2021

Après plusieurs années marquées par des étés chauds, 2021 ne présente aucune vague de chaleur officielle. Mieux encore, aucun jour de chaleur (> 30°C) n'est observé à Uccle, ce qui tranche singulièrement avec les étés précédents. Juillet est marqué par des inondations dramatiques en Wallonie et en Allemagne au milieu du mois de juillet, mais c'est surtout août qui passe pour particulièrement maussade. L'été 2021 est par ailleurs et de loin le plus pluvieux depuis que l'on fait des mesures de pluviométrie à Uccle.

Côté thermique, si juillet avait été relativement proche des normes, août 2021 fait montre d'un déficit anormal de 1,5°C, tandis que l'ensoleillement est lui aussi déficitaire d'une bonne cinquantaine d'heures. A ce jour (2023), août 2021 est le dernier mois "pourri" de la période des grandes vacances, bien qu'il fasse pâle figure par rapport à des mois d'été vraiment mauvais comme août 2014 ou juillet 2011.

Plus loin dans le temps...

Quand on remonte les années, on trouve à la charnière entre les années septante et quatre-vingt une série d'étés absolument désastreux.

Juin-juillet 1980

C'est le déluge au coeur d'un été répugnant. Du 20 juin au 21 juillet, il tombe 241 mm de pluie à Uccle, pratiquement le tiers de ce qui tombe en moyenne sur une année entière! Sur une période de trente jours, c'est d'ailleurs le record d'abondance de précipitations du 20ème siècle. Certains cours d'eau entrent en crue, mais c'est véritablement le 21 juillet que ces inondations prennent une ampleur démesurée. Les 19 et 20 juillet, la quarantaine de millimètres de pluie tombée sur des sols qui dégorgent déjà est la responsable de ces crues. 

La carte du 20 juillet 1980 jointe à ce billet montre des bas géopotentiels (en vert-bleu) entretenant des dépressions britanniques très actives, poussées par un flux d'ouest rapide. Quand ce flux s'interrompt, c'est pour isoler des gouttes froides sur nos régions, ces dépressions fermées et qui ne se déplacent que lentement. Dépression britannique ou goutte froide, le résultat est le même: une succession de perturbations génératrices de pluies abondantes! 

A noter que l'été 1980 est le quatrième d'une série de hautes saisons médiocres, voire franchement pourries. Il est d'ailleurs à ce jour le dernier vrai été complètement mauvais, aucune saison estivale n'ayant été mauvaise de bout en bout depuis lors (seulement un mois, un mois et demi au maximum).
 
Source: Meteociel

Eté 1992

C'est tout simplement l'été le plus pluvieux jamais enregistré en Belgique depuis le début des mesures en 1833, avec 365 mm de pluie cumulée sur les mois de juin, juillet et août.


Voir aussi: https://lechroniqueurmeteo.blogspot.com/2014/09/anthologie-de-la-desinformation.html

Chroniques d'un mauvais mois d'août (2014)