vendredi 16 octobre 2015

Mi-octobre 2015 : un Moscou-Paris automnal

Vers la mi -octobre 2015, un coup de fraîcheur et de froid frappa une assez grande partie de l'Europe, amenant des températures qui n'avaient plus été observées depuis au moins 40 ans en Europe Occidentale, de la neige à très basse altitude en Allemagne, Belgique, France, et pays environnants, ainsi que des quantités de poudreuse assez impressionnantes dans les pays d'Europe Centrale.


dimanche 20 septembre 2015

Des Bermudes à l'Europe: Henri et les orages du 16 septembre 2015

L'année passée, nous avions publié un article s'intitulant "Bertha et les tornades". Aujourd'hui, c'est Henri et les orages. Le point commun entre les deux dépressions dont nous évoquons ici les noms, c'est leur origine tropicale: ce sont des cyclones tropicaux évoluant dans l'Atlantique qui, en se dirigeant vers l'Europe, perdent leurs caractéristiques tropicales mais véhiculent néanmoins avec eux des masses d'air chaud et bien humide. L'expérience nous apprend que l'arrivée de telles dépressions post-tropicales en Europe est régulièrement synonyme de grabuge, avec la survenue d'orages et parfois de tornades en série, comme cela fut le cas l'année passée avec Bertha. Ce le fut également cette année avec Henri.

samedi 25 juillet 2015

La prophétie du Pukkelpop


En météo, la mention du « Pukkelpop », festival de musique rock alternatif situé à Kiewit, près de Hasselt, fait surgir en nous un sentiment d'effroi. En ce 18 août 2011, un violent orage accompagné de très fortes précipitations et d'une puissante rafale descendante ravagea le site du festival à tel point que tentes et châpiteaux s'abattirent sur le public, causant la mort de 5 festivaliers. Bientôt 4 ans après les faits, ce sentiment est encore présent. Il l'est d'autant plus que l'auteur de cet article a vu passer le même orage sur son village, à l'Est de Louvain, dans des conditions certes moins dévastatrices, mais qui lui laissèrent un souvenir très particulier. Nous vous proposons donc de revenir sur cet événement sous la forme d'une chronique à dimension très humaine introduite par un rappel des conditions atmosphériques.

jeudi 23 juillet 2015

Le brouillard: formation et types

Phénomène basique et assez courant en automne et en hiver, le brouillard est un phénomène pourtant régi par des lois physiques assez complexes et est surtout l'un des phénomènes météorologiques les plus difficilement prévisibles. En effet, sa formation est souvent due à des particularités locales que les modèles ne parviennent pas encore à intégrer malgré les progrès de la prévision numérique engrangés ces dernières années. Cet article permet de comprendre comment le brouillard se forme et quels sont les différents types.

Brouillard dans l'Entre-Sambre-et-Meuse (auteur: H. Vicenzi)

Brouillard ou brume?

Les deux termes sont souvent utilisés sans distinction pour désigner le phénomène. Or, dans le vocabulaire météorologique, ils désignent deux comportements différents:
  • On parle de brume lorsque la visibilité est supérieure à 1 km. Cette brume peut aussi survenir pendant les journées d'été avec peu de vent, mais celle-ci ne se forme pas alors traditionnellement. Il s'agit plutôt d'une concentration de poussières et de particules de pollution. Dans ce cas, on parle de brume sèche.
  • On parle de brouillard lorsque la visibilité est inférieure à 1 km. Il s'agit d'une concentration de minuscules gouttelettes d'eau maintenues en suspension dans l'air par la turbulence de ce dernier mais aussi par le jeu des charges électrostatiques identiques de ces gouttes, les maintenant séparées les unes des autres. Le brouillard n'est rien d'autre qu'un nuage touchant le sol, très souvent du type stratus.
Formation

Le brouillard étant un nuage, il nécessite la même condition de formation, à savoir un air saturé en humidité. L'humidité relative est alors de 100 %. Cela signifie que l'air, d'une température donnée, ne peut plus contenir davantage d'eau sans que l'humidité se condense en nuages, voire en précipitations. Cette condition peut être atteinte de deux manières:
  • Soit par refroidissement de l'air, sans changement de la quantité absolue (réelle) d'humidité. La physique nous dit qu'un air plus froid peut contenir moins d'humidité dans l'absolu. Considérons ici deux données: d'une part la quantité d'humidité réelle de l'air (appelons-la Qr), et d'autre part la quantité maximale d'humidité que ce même air peut contenir (appelons-la Qm). Qr ne va donc pas changer tout au long du processus de refroidissement de l'air. Par contre, Qm diminue. A force de refroidissement, Qm finit par être égal à Qr, l'humidité relative atteint 100 %, l'air devient donc saturé en humidité. Il ne peut se refroidir davantage sans condenser une partie de l'humidité, formant des gouttelettes, et donc du brouillard.
  • Soit par augmentation de l'humidité réelle de l'air, sans changement de température. Cela peut provenir de l'évaporation d'un sol gorgé d'eau ou d'une étendue d'eau. Ici, Qm ne bouge pas, c'est Qr qui grimpe. Une nouvelle fois, lorsque Qr finit par être égal à Qm, nous assistons à la saturation de l'air et à la formation de brouillard.
Un autre paramètre est essentiel pour la formation du brouillard: un vent faible ou inexistant qui ne remue pas l'air en refroidissement.

Types de brouillard

Le brouillard de rayonnement

Il est indissociable du phénomène d'inversion présenté quelques mois auparavant (article sur l'inversion de température). Ce brouillard se développe selon le premier mode de formation expliqué ci-dessus et survient la nuit et tôt le matin. En cours de nuit, le sol rayonne en infrarouge, et se refroidit plus rapidement que l'air. Néanmoins, les premiers mètres de la troposphère se refroidissent également suite au contact avec le sol. Il se forme ainsi une couche près du sol plus froide que l'air au-dessus. Si cette couche d'air se refroidit suffisamment jusqu'à saturation, du brouillard finit par se former. Ce brouillard peut présenter une très grande densité et une visibilité très réduite, mais il peut être assez réduit en hauteur. Ainsi, il arrive qu'en circulant dans ce brouillard, on puisse voir la lune et les étoiles au-dessus alors que la visibilité horizontale est très réduite.


Ce brouillard se forme donc la nuit et peut survenir en toute saison. Sa dissipation s'effectue généralement en matinée grâce à l'élévation de la température. Toutefois, en hiver, il peut arriver que le soleil ne soit pas suffisant pour réchauffer la couche d'air prise par le brouillard. Celui-ci subsiste alors toute la journée.

Le brouillard d'advection

Ce brouillard se forme lorsqu'une masse d'air doux et humide arrive sur un sol froid. Le bas de la couche d'air se refroidit suite au contact avec le sol, et si la baisse de température est suffisante, du brouillard se forme. Cela se produit souvent en hiver lorsqu'un front chaud arrive au-dessus de régions ayant été soumises à un temps froid d'assez longue durée auparavant.

Le mode de formation de ce brouillard est donc mixte: à la fois une diminution de température et un apport supplémentaire d'humidité.

L'inverse (air froid sur sol chaud) existe aussi, mais est plus rare chez nous.

Le brouillard d'évaporation

Il se forme généralement après le passage d'une perturbation active ou d'orages très pluvieux. Le sol et la végétation gorgés d'eau restitue de l'humidité dans l'atmosphère. Si cet apport d'humidité (deuxième mode de formation) est important, du brouillard peut se former. Généralement, ce brouillard est peu épais et assez localisé.

Ce brouillard se forme aussi au-dessus des étangs et lacs, lorsque ceux-ci présentent des températures plus élevées que celles de l'air. L'humidité de l'évaporation se condense immédiatement en brouillard, sous forme de touffes laissant l'impression que l'étendue d'eau "fume".

Brouillard de précipitations

Ce brouillard accompagne parfois les fronts chauds en automne et en hiver, lorsque des précipitations continues tombent dans un air plus froid près du sol. Ces précipitations surchargent cet air en humidité, menant à la formation d'un brouillard rarement dense, mais néanmoins visible, troublant la visibilité.

Brouillard d'inversion de subsidence

Il se produit à la fin de l'automne et en hiver par temps anticyclonique. L'anticyclone entraîne une descente d'air. Celui-ci se réchauffe par compression adiabatique, et peut se retrouver ainsi plus chaud que l'air plus froid près du sol sur lequel il vient butter. Des nuages se forment au contact entre les deux masses d'air. Si la limite s'abaisse près du sol, du brouillard peut se former, d'autant plus que l'humidité reste piégée dans les basses couches de la troposphère.



Brouillard givrant

Il ne s'agit pas d'un type de brouillard à proprement parler. Il s'agit d'un brouillard dont les gouttelettes gèlent en touchant des surfaces à températures négatives. Même lorsque l'air est lui-même à température négative, les gouttelettes restent liquides (phénomène de surfusion). Elles se congèlent toutefois lorsqu'elles entrent en contact avec des surfaces. Une couche de givre de plusieurs millimètres, voire centimètres pour les cas extrêmes, peut se former.

Pourquoi du brouillard dans les vallées?

Une nouvelle fois, le phénomène d'inversion de température est en cause. La couche d'air plus froid se formant près du sol a tendance à couler vers les points les plus bas lorsque ceux-ci sont présents. L'air froid s'accumule donc dans les vallées, et l'humidité de cet air peut se condenser si celui-ci arrive à saturation; la vallée se remplit ainsi de brouillard.


jeudi 9 juillet 2015

Canicule du début juillet 2015

Il est arrivé fréquemment, depuis le début des années 2000, que le début du mois de juillet soit assez maussade. Par deux fois par contre, il fut très chaud: en 2003 et en 2006. Ces deux années furent marquées par de sévères épisodes de chaleur. C'est également le cas cette année... Il est bien sûr trop tôt pour savoir si d'autres vagues de chaleur vont survenir durant cet été 2015, mais il semble néanmoins que le mois de juillet montre des signaux de nouvelles périodes de temps chaud. En attendant, voici un compte rendu de la canicule de ce début juillet.

Une vague de chaleur officielle

Tout d'abord, l'épisode que nous avons connu est bien une vague de chaleur officielle. L'IRM définit une vague de chaleur comme une période de cinq jours consécutifs où la température maximale est au moins égale à 25°C. Parmi ces cinq jours, trois d'entre eux doivent présenter des températures maximales au moins égales à 30°C. Ces conditions ont été atteintes le vendredi 3 juillet, deux jours avant la fin de l'épisode.

Une situation atmosphérique typique des grandes canicules: le blocage Omega

Blocage Omega... Ce terme est loin de faire partie du vocabulaire de la météo basique, et pourtant il est sans équivoque lorsque l'on s'intéresse aux géopotentiels. Pour rappel, le géopotentiel est l'altitude à laquelle une pression donnée est atteinte. En météo, la hauteur des 500 hPa est très importante et donc fréquemment utilisée. La carte ci-dessous datant du 2 juillet à 2h00 représente l'évolution de cette hauteur en fonction du lieu où l'on se trouve.


Plus l'altitude de la pression 500 hPa est haute, plus les conditions sont anticycloniques, et inversement pour les dépressions. Sur la carte ci-dessus, les couleurs jaune et orange témoignent de hauts géopotentiels, donc anticycloniques, et les couleurs vert et bleu indiquent de bas géopotentiels dépressionnaires. Nous observons donc des dépressions sur l'océan Atlantique, et une grande crête anticyclonique depuis l'Algérie jusqu'en mer du Nord via la Belgique. Sur l'est de l'Europe, on retrouve des pressions relativement moins élevées, que l'on peut assimiler à une dépression. Si nous nous référons aux contrastes de couleurs (limite serrée entre le vert-jaune et l'orange), nous voyons se dessiner une grande vague ayant ses bases juste à l'ouest du Portugal et au niveau de la Grèce, et son sommet sur la Norvège. Cette forme ressemble à un Omega. Nous avons là un anticyclone en Omega, rempli d'air chaud et très robuste, qui bloque les perturbations de l'Atlantique, d'où le terme de blocage Omega.

La carte ci-dessous présente les températures observées à 850 hPa, soit environ 1600 mètres. Nous constatons effectivement la présence d'une langue d'air très chaud sur la Belgique, autour de 20-21°C. Si, au niveau du sol, de telles températures ne sont pas impressionnantes, il en va autrement à cette altitude de 1600 mètres où rencontrer de telles valeurs est assez rare. De plus, la règle veut qu'au début de l'été et par temps ensoleillé, la différence entre la température à 850 hPa et celle au sol soit d'environ 17°C, soit un potentiel pour une température de 38°C au sol!


Mardi 30 juin

Ce jour marque le début de la vague de chaleur. Les températures sont cependant modérées, et n'atteigne les 30°C que dans quelques régions du pays: en Campine (30,0 à Kleine-Brogel), au sud de la province de Namur (30,6°C à Dourbes) et à Gand (30,2°C).

Mercredi 1er juillet

Cette journée est la première réellement caniculaire, avec des valeurs remarquables. Pratiquement toutes les stations du réseau officiel dépassent les 30°C - seul le Mont-Rigi y échappe de peu avec 29,4°C - et certains postes franchissent la barre des 35°C en Flandre et dans le Nord-Pas-de-Calais. On relève ainsi 36,1°C à Gand, 35,5°C à Kleine-Brogel, 35,2°C à Koksijde, 35,1°C à Lille-Lesquin, 34,9°C à Bierset et à Uccle, 34,5°C à Beauvechain, 34,4°C à Dourbes et 34,0°C à Gosselies. Plus au sud, Paris frôle les 40°C avec 39,7°C relevés à l'observatoire de Montsouris.

Jeudi 2 juillet

D'un point de vue synoptique, cette journée est intéressante à plus d'un titre. Voici ci-dessous l'analyse de surface de 14h00.


Nous voyons une petite ligne de convergence glisser sur la Belgique (gros trait rouge). A l'ouest de celle-ci, le vent est d'ouest à nord-ouest, tandis qu'à l'est, le vent continue de souffler du sud-est. Ces différences de direction de vent vont être responsables de grandes disparités de température. En effet, le vent d'ouest, rafraîchi par les eaux marines, s'engouffre sur la Belgique derrière la ligne de convergence, empêchant le thermomètre d'exploser. Par contre, l'est de la Belgique reste à l'écart de cet air plus frais, et vit une après-midi torride et invivable avec des températures partout supérieures à 35°C sauf en Ardenne. On relève 38,1°C à Kleine-Brogel, 37,5°C à Bierset, 35,4°C à Buzenol et 35,0°C à Charleville-Mézières, avant que l'air plus frais n'arrive aussi sur ces régions à la suite de la ligne de la convergence.

Plus à l'ouest, les températures sont également chaudes, mais moins extrêmes, avec 32,4°C à Florennes, 30,3°C à Uccle et 31,5°C à Ernage. Plus à l'ouest encore, l'influence du vent marin se fait encore davantage sentir avec "seulement" 25,8°C à Ostende. Il existe ainsi une différence de près de 13°C entre la côte et la Campine!

A noter que la nuit précédente, la chaleur n'était descendue que très lentement, de telle sorte que le minimum de Bierset ne s'établit qu'à 24,7°C, à un dixième de degré du record pour cette station.

En soirée, quelques orages très locaux se développent du côté de Aywaille ainsi que dans le nord du Limbourg.

Vendredi 3 juillet

A la faveur des restes de l'air marin apporté la veille, la journée est moins chaude dans l'est de la Belgique. Ailleurs, les conditions sont assez similaires, et c'est la Lorraine belge et le département des Ardennes qui délivrent les plus hautes valeurs. On relève 34,5°C à Charleville-Mézières, 33,7°C à Buzenol, 32,9°C à Kleine-Brogel, 32,0°C à Bierset, 31,8°C à Chièvres, 31,7°C à Uccle et 30,9°C à Gosselies. 

Samedi 4 juillet

La nuit du 3 au 4 juillet tombe sur un record, celui de la température minimale la plus haute jamais enregistrée à Uccle depuis le début des mesures en 1833: le thermomètre n'y est pas descendu en-dessous de 24,5°C, soit une valeur conforme (voire légèrement supérieure) aux normes de saison des températures... maximales! Le précédent record datait du 18 juin 2002 avec 23,9°C.

La journée en elle-même est à nouveau très chaude avec 32,0°C à Chièvres, 34,2°C à Dourbes, 32,1°C à Dourbes, 34,4°C à Buzenol, 34,5°C à Bierset et 36,2°C à Kleine-Brogel. Ces valeurs sont atteintes alors que de nombreux nuages et quelques averses furent observés ce jour, empêchant le thermomètre de grimper davantage et de pulvériser le record de température maximale absolue en Belgique. Cette même journée sans nuages aurait vu les températures maximales avoisiner les 40°C...

Dimanche 5 juillet

Pour ce dernier jour de la vague de chaleur, le ciel est très nuageux et le temps est orageux. Les températures maximales s'établissent autour de 28-30°C pour les plus hautes valeurs. En fin d'après-midi, de violents orages éclatent sur la province de Liège, déversant des grêlons jusqu'à 6 cm de diamètre dans les régions de Battice et de Verviers. De nombreux dégâts sont signalés dans cette partie du pays.

Conclusion

Il s'agit d'une vague de chaleur marquante à plusieurs titres. Le premier est que des températures de 36-38°C sont rares dans nos contrées. Le second est l'incroyable potentiel thermique de ces journées: si la nébulosité n'avait pas été présente, empêchant l'explosion du mercure, les températures auraient pu écraser le record de la plus haute température et atteindre le seuil des 40°C, du jamais vu chez nous. Enfin, le dernier réside dans le nouveau record établi pour les températures minimales les plus hautes à Uccle, à 24,5°C.


vendredi 22 mai 2015

Le meilleur climat du monde


Il était une fois un pays riche où la plupart des gens vivaient dans un confort notoire. Il était souvent cité dans les différentes enquêtes comme faisant partie des nations les plus développées, tant sur le plan économique, que social, humain, et sociétal. Certes, tout n'était pas rose, mais comparé à d'autres territoires, la société était bien plus vivable.

Plusieurs raisons pouvaient expliquer ceci. En premier lieu, la situation de ce pays au milieu de grandes civilisations. Celles-ci ont propagé des idées d'innovation qui permirent à toute la région de bénéficier de technologies favorisant le développement. Ensuite, dans ce foisonnement d'idées se développèrent de grandes théories dans de nombreux domaines comme les sciences, l'économie, ou la politique. Dès lors, après de nombreuses guerres, celles-ci permirent à ce pays de de stabiliser et de se développer. Enfin, sa position géographique expliqua bien des choses.

Quand on parcourt ce pays, une chose saute aux yeux : ses champs qui pullulent sont autant de terreaux fertiles pour le développement d'une agriculture hautement productive. Ses forêts sont autant de réserves où le bois, produit essentiel, peut fournir du matériel pour la construction. Ses plaines sont autant d'espaces pour le développement urbain. Il manquait un élément capital pour favoriser la production agricole et industrielle, le maintien de ce territoire fertile, et le développement humain : un climat agréable !

Certes, de temps à autres, de longues périodes de pluies pouvaient s'abattre sur ce pays. Parfois, celles-ci déjouent les statistiques qui nous indiquent qu'un mois normal voit tomber environ 70mm , et ce pays reçoit le double. Les rivières et fleuves se gonflent ... mais qu'est-ce par rapport aux pluies diluviennes qui dévastent l'Inde, toute l'Asie du Sud-Est et même encore récemment Montpellier où il tomba des centaines de litres en seulement quelques jours ?

Certes, parfois, une dépression plus importante que les autres balaie ce pays, faisant hurler les forêts, faisant tomber des pylônes électriques, plongeant des milliers de foyers dans le noir. La côte de ce pays peut se voir noyée pour quelques heures ... mais qu'est-ce par rapport aux immenses ouragans qui ravagent les Philippines, les Caraïbes, ou même La Nouvelle-Orléans, tuant des personnes par milliers ?

Certes, à certains moments, de puissants orages sèment la panique, apportent des rafales particulièrement violentes, font tomber des grêlons de la taille d'une balle de ping-pong, foudroient les habitations, inondent brusquement les caves ... mais qu'est-ce par rapport aux monstres qui déferlent sur les Grandes Plaines des Etats-Unis, l'Argentine, ou même l'Allemagne récemment, semant la terreur et la désolation après le passage de funestes tourbillons ?

Certes, épisodiquement, des précipitations neigeuses bloquent ce pays avec d'importants embarras de circulation, frigorifient les plus sensibles, et peuvent tuer les plus vulnérables ... mais qu'est-ce par rapport aux immenses tempêtes de neige qui ensevelissent l'Amérique, la Russie, ou la Scandinavie, causant de sérieux problèmes à l'économie ?

Certes, ponctuellement, des vagues de chaleur viennent faire transpirer les populations et causer des surmortalités ... mais qu'est-ce par rapport à des températures infernales qui transforment le Pakistan, les pays du Sahel, voire même l'Espagne en véritables fournaises ? L'auteur de cet article aime le froid et la neige, supporte la pluie, mais déteste la chaleur. Pourtant, il sait très bien qu'elle fait partie de ce climat variable, et se contente de courber l'échine en attendant qu'elle passe.


Ce pays, vous l'avez tous compris ... c'est le nôtre, la Belgique. J'ai écrit ce petit texte en pensant aux trop nombreux commentaires négatifs sur notre climat. Je suis toujours désolé de voir les gens s'en plaindre alors qu'il est si modéré et que les dégâts et morts qui lui sont lié sont si peu nombreux par rapport à d'autres régions du monde, et même des pays parfois très proches.

Loin de moi vouloir exagérer l'impact du climat sur le développement économique belge, mais il est certain qu'il est non-négligeable et positif. Bien que les extrêmes existent dans notre pays, des dévastations comme les ouragans, les tornades, les grosses inondations, les tempêtes de neige, les très grosses chaleurs y sont rares, lui conférant une position climatologique hautement favorable. Nous pourrions alors penser que nous avons le meilleur climat du monde !

vendredi 6 mars 2015

29 mai 2008: l'orage de Liège

"La région de Liège s’est éveillée sous un ciel noir, éblouissant de tonalités grises à faire pâlir un peintre paysagiste en mal d’inspiration. Précipitant le calendrier de l’été, la migration des orages se répète à quinze jours d’intervalle pour faire craquer sa colère dans une foudre d’enquiquinements : inondations subites, coulées de boue, éboulements de terrain, embouteillages monstres…"
Extrait du journal Le Soir du 30 mai 2008

Lorsque l'on demande aux Liégeois de quel événement météorologique récent ils gardent le souvenir le plus vif, c'est sans nul doute l'orage qui s'est abattu sur la Cité Ardente le 29 mai 2008, noyant la ville et ses environs sous des kilotonnes d'eau et dont certains quartiers ne sont pas sortis indemnes. Cela explique le choix du titre de cet article: l'orage de Liège.

Aussi violent fut l'événement, nous avons constaté que Internet ne conservait que quelques informations assez lacunaires quant au déroulement de cet épisode. Il existe bien un article réalisé début juin 2008 sur Hydrométéo par l'auteur de cet article, mais il reste assez vague. Le présent dossier est donc l'occasion de le remettre à niveau en lui apportant un nouvel éclairage.

lundi 26 janvier 2015

Offensive hivernale du 24 janvier 2015

Ce samedi 24 janvier a été marqué par la deuxième offensive sérieuse de cet hiver 2014-2015. La première remontait au 27 décembre et avait essentiellement concerné une large bande centrale de la Belgique: ainsi, l'axe Bruxelles - Charleroi - Couvin avait reçu jusqu'à 15 cm de neige localement, tandis que l'est du pays était davantage épargné. Cette fois-ci, ce sont justement les provinces de Namur, de Liège et du Luxembourg qui ont vu tomber les plus grandes quantités de neige. De plus, dans le cas présent, des intermèdes de pluie verglaçante sont survenus, rendant la situation très délicate. Cet article revient sur la prévision de l'événement, la complexité de la situation atmosphérique et le déroulement de l'épisode.

Situation atmosphérique

Le 23 janvier, la veille de l'épisode, nous sommes situés dans une masse d'air hybride, teintée d'origines à la fois maritimes et continentales, le tout porté par un flux mou faisant stagner cet air sur nos régions. En cette journée du 23 justement, les températures restent négatives en de nombreux endroits. Ceci va avoir une importance particulière, puisque c'est sur cet air froid caractérisé par des températures négatives que va venir buter la perturbation.

Analyse de surface à 13h00 le 23 janvier.

Dans l'après-midi du 23 janvier, la dorsale anticyclonique qui recouvrait l'Europe Occidentale s'affaiblit rapidement face à la perturbation traversant les Iles britanniques. Le secteur chaud (le triangle formé par le front froid et le front chaud et dont le sommet se trouve entre l'Irlande et le Royaume-Uni) est encore suffisamment ouvert pour véhiculer de l'air doux en altitude. Cet air, avec une température légèrement positive vers 1000 mètres, peut donc autoriser la formation de précipitations liquides tombant sur des sols bien gelés. La menace des pluies verglaçantes se fait donc bien présente. 

La carte ci-dessous montre les températures à 850 hPa, vers 1500 mètres donc, et ce à 1h00 le 24 janvier. Le secteur chaud de la perturbation est alors bien visible avec une  vague d'air à température positive (couleur verte) se situant aux portes de la Belgique. Ceci, combiné aux températures positives à faible altitude sur la Mer du Nord ne pose à priori pas de problème.

Températures à 850 hPa à 1h00 le 24 janvier.

Il en va tout autrement au-dessus des terres... En effet, l'air froid de basse couche, déjà présent en cours de journée du 23, est resté stable. En d'autres termes, il gèle sur la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais et le département des Ardennes, alors qu'une langue d'air à température positive vers 1000 mètres d'altitude s'apprête à traverser ces régions. Le résultat est donc assez simple: de la pluie ou de la neige fondante gorgée d'eau tombant sur un sol à température négative, entraînant sa mise en gel...

Cependant, un autre facteur doit être pris en compte. Comme le montre la carte ci-dessous, similaire à la précédente mais pour 13h00 cette fois, la langue d'air doux a disparu, et nos régions se retrouvent ainsi avec un air bien froid à tous les étages. Dans cette situation, c'est de la neige qui doit tomber.

                                           Températures à 850 hPa à 13h00 le 24 janvier.

La situation est donc compliquée: le risque de pluie verglaçante va se réduire au fur et à mesure de l'avancée de la perturbation dans les terres. Les modèles peinent alors à savoir où, rendant la prévision très délicate...

Analyse de surface à 13h00 le 24 janvier: la perturbation achève de traverser la Belgique, le secteur chaud ayant disparu.


Prévisions de l'événement

L'avis de neige/verglas réalisé par Info Météo fut complexe à établir, compte tenu justement de cette transition de la pluie verglaçante vers la neige seule et des incertitudes des modélisations. L'avis proposait quatre scénarios, un pour chacune des quatre parties du territoire ainsi découpé.

Avis lancé par Info Météo au soir du 23 janvier.

En résumé, la moitié est de la Belgique devait s'attendre à de la neige, parfois en bonne quantité (Haute Belgique), mais avec un intermède de pluie verglaçante, le tout dans un schéma assez complexe. La moitié ouest de la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais et le département des Ardennes devaient s'attendre à peu de neige et surtout de la pluie verglaçante.

En parallèle, signalons que l'IRM et Météo France avaient sorti l'alerte orange pour les territoires placés sous leurs prérogatives. Il fallait donc s'attendre à une situation assez sérieuse et à pas mal d'embarras sur les voies de communication.

Déroulement de l'événement

La perturbation est entrée sur nos régions dans la nuit du 23 au 24. Sur l'extrême ouest de la Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, les précipitations ont été essentiellement liquides, tombant sur des sols non-gelés sauf localement. 


En s'avançant dans les terres, les précipitations ont rencontré de l'air de plus en plus froid, avec des températures négatives dans les basses couches de la troposphère. Ainsi, les pluies sont devenues verglaçantes, en premier lieu sur l'ouest du Hainaut, la Flandre Orientale et la province d'Anvers.


En même temps que le verglas se formait sur le centre de la Belgique et l'est du Nord-Pas-de-Calais à la faveur de la langue d'air doux vers 1000 mètres d'altitude, de l'air plus froid déboulait à l'arrière de cette langue et englobait la partie arrière de la perturbation. Dans cette partie, les précipitations sont dès lors devenues solides, menant à la formation de neige qui tenait au sol à l'est d'une ligne Gand - Péruwelz. Au fur et à mesure que l'on se dirigeait vers l'est, la neige tenait d'autant mieux au sol, accrochant sur les sols gelés où la pluie avait parfois au préalable déposé une couche de glace. Sur le centre de la Belgique, ce cocktail a été responsable d'importants désordres sur le réseau routier. A noter que des orages sont observés dans cette perturbation, en raison de l'importante dynamique générant un front très turbulent.


Plus tard, sur l'est de la Belgique et le département des Ardennes, la langue d'air doux a été pratiquement résorbée, de telle sorte que l'intermède de pluie verglaçante s'est réduit avant de disparaître. C'est donc essentiellement de la neige qui est tombée sur ces régions.

L'image radar de 8h00 montre très bien la séparation de la perturbation en deux fronts occlus. Tandis que le premier amène un peu de pluie verglaçante mais surtout de la neige sur l'est de la Belgique, le deuxième, situé dans l'air froid, génère de nouvelles chutes de neige sur le centre du pays et l'est du Nord-Pas-de-Calais.


A partir de 10h00, la neige a commencé à se retirer du centre du pays, tandis que le massif ardennais recevait encore de fortes intensités. Derrière la perturbation, le flux virant à l'ouest a ramené sur le pays un air bien plus doux que celui qui se trouvait à l'avant de la perturbation, provoquant le dégel et menant à un rapide retour à la normale sur le réseau routier.


Vers midi, la perturbation a fini par gagner l'Allemagne et le Luxembourg, menant à un retour au calme en Belgique.



Observations

Compte tenu de la présence et de la durée des pluies verglaçantes, les épaisseurs de neige ont été irrégulières. Sur le réseau officiel, les quantités suivantes ont été relevées:

10 cm de neige à Bierset (Liège)
9 cm au Mont-Rigi (Waimes)
8 cm à Humain (Marche-en-Famenne)
7 cm à Florennes

Walhain sous la neige. Auteur: S. Brux.

D'une manière générale, des épaisseurs de plus de 10 cm ont été observées en provinces de Namur, de Liège et de Luxembourg. Localement, la couche de neige a pu atteindre 15 cm. Le Hainaut, le Brabant Wallon et Bruxelles ont connu des hauteurs de neige plus modestes, allant du saupoudrage à environ 7-8 cm.

La neige est tombée également à Namur. Auteur: L. Lili.

Plus à l'ouest, la neige n'aura été qu'éphémère, à la fois en raison de l'importance des pluies verglaçantes, mais aussi à cause de l'arrivée rapide du dégel à la fin de la perturbation. Ces pluies verglaçantes ont été réellement dangereuses dans la région de Bruxelles et le Brabant Wallon où une belle couche de glace s'est parfois déposée sur les chaussées.

Abondante couche de neige à Seraing. Auteur: M. Di Salvo.


Phasage des précipitations et observations post-événement

Signalons aussi quelques observations intéressantes pendant et après l'épisode. Durant le passage de la perturbation hivernale au nord de Ottignies, plusieurs phases ont pu être détectées, malgré l'obscurité.

1) A partir de 5h00, de la pluie verglaçante qui se matérialisait plutôt par des granules de glace, avec un bruit métallique très caractéristique, très différent du bruit sourd de la simple pluie ou du silence de la chute de neige. 30 minutes d'avant-garde du front où les précipitations étaient relativement faibles.

2) De 5h30 à 6h30, un premier corps modéré à intense du front provoque une chute de neige brutale avec un paysage qui blanchit presque instantanément. Parfois, des granules de glace se mélangeaient encore à la neige, ce qui donnait un mélange très particulier sans qu'il n'y ait fonte.

3) De 6h30 à 7h30, une zone de précipitations plus faibles envahit le Brabant Wallon, avec de nouveau des granules de glace très majoritaires. La couche blanche augmente peu en épaisseur.

De 7h30 à 9h00, le deuxième corps de la perturbation apporta plusieurs centimètres de neige avec un paysage chaque minute plus blanc qui apparut à la lumière du jour se levant. Une ambiance très grise-blanche emplit la province centrale, avec un éclair et un coup de tonnerre en prime.

A chaque corps modéré à intense, les précipitations furent donc neigeuses alors que les corps faibles furent de granules de glace. Notons que la pluie verglaçante purement liquide et se congélant au sol ne fut a priori jamais observée, ce qui montra que la couche de températures négatives au niveau du sol fut suffisamment épaisse pour recongeler la pluie formée dans les couches moyennes, à l'opposé de régions situées plus à l'Ouest. La forme neigeuse des précipitations dans les corps plus intenses démontra aussi que l'intensité permit un refroidissement de la masse d'air par absorption de la chaleur.

Vidéo réalisée par Info Météo au lever du jour, à la fin de la perturbation.

Le lendemain, dimanche 25 janvier, un déplacement depuis Ottignies vers Bruxelles, Louvain, et Liège nous permit de faire d'autres observations intéressantes. Alors que le paysage était encore partiellement blanc en Brabant-Wallon malgré les températures positives durant l'après-midi du samedi, la neige avait presque complètement disparu dans la capitale et sur le tronçon vers Louvain. A la sortie de la ville flamande, le paysage commença à s'enneiger sans que la couche ne soit vraiment uniforme et parfaitement blanche. A partir de Landen-Waremme, les choses changèrent assez radicalement avec un paysage totalement hivernal. Dans la descente vers le centre de Liège, celui-ci changea peu malgré l'altitude plus basse et l'activité urbaine.

Nous pouvons conclure de ce déplacement que la couche de neige, moins épaisse à Bruxelles que dans le Brabant, avait déjà eu le temps de fondre. En effet, la capitale s'était trouvé dans une zone moins favorable à de la neige de longue durée, et reçut effectivement environ 3 centimètres de neige au lieu du double dans le Brabant. La neige avait donc pu fondre. Au-delà de Louvain, le secteur chaud s'était déjà plus refermé et permit donc à un paysage nettement plus hivernal de subsister en Hesbaye par rapport au Brabant-Wallon. Enfin, notons que même le centre de Liège était encore hivernal malgré une altitude plus basse, preuve que ce n'était pas la température des basses couches qui avaient été déterminantes, mais celle des couches moyennes, plus froides vers l'Est que dans le centre.

Retour sur la prévision et explications à micro-échelle

Nous avions affaire à une situation complexe qui a rendu la prévision extrêmement difficile. Ceci était dû à la présence de l'air doux en altitude mais dont l'importance se réduisait au fur et à mesure des heures. Il était dès lors relativement délicat de déterminer quelles zones allaient être concernées par la neige, par la pluie verglaçante ou par les deux phénomènes. 

Les observations montrent que la zone concernée par la neige a été plus étendue que prévue. La zone en bleu foncé aurait dû être davantage étendue vers l'ouest, jusqu'à une ligne Erquelinnes - Tubize. La zone en blanc aurait également dû englober le sud-est de la province de Namur ainsi que la province de Liège. En effet, dans ces régions, très peu ou pas de pluie verglaçante a été constatée. Ceci s'explique par le fait que le secteur chaud de la perturbation s'est refermé plus tôt que prévu par les modèles, et donc que la langue de températures positives vers 1000 mètres a complètement disparu une fois celle-ci arrivée sur l'est du pays. Néanmoins, malgré ces imprécisions, la prévision s'est révélée être satisfaisante au regard de la complexité de la situation.

Conclusions

Cette deuxième offensive sérieuse de l'hiver 2014-2015 aura donc été un épisode surprenant, mais d'assez courte durée. La situation atmosphérique qui lui a été associée était également intéressante à plus d'un titre, et très représentative des épisodes que nous connaissons cet hiver, à savoir une situation claire pour la Haute Belgique, mais borderline pour la Basse et Moyenne Belgique étant donné l'intervention d'air doux en altitude. 

Sources: Infoclimat, KNMI, Met Office, Météo Services.

mardi 13 janvier 2015

Evénements 2015

Le 14 janvier, la saison des orages est inaugurée en fanfare: en cours de nuit du 13 au 14, une ligne de grain se forme sur le centre de la Belgique et traverse les provinces de l'est (les orages sont particulièrement actifs à Liège). Dans le courant de la journée du 14, une nouvelle ligne de grain déclenche des orages de neige sur une bonne partie de la Wallonie.

Le 24 janvier, la deuxième offensive sérieuse de cet hiver prend place. Une perturbation en cours d'occlusion traverse la Belgique du nord-ouest au sud-est, avec en conséquence un secteur chaud en altitude se refermant progressivement. Cette perturbation donne de la neige en quantité et des intermèdes de pluies verglaçantes, provoquant de gros embarras de circulation. Il tombe parfois jusqu'à 10 cm de neige lourde dans l'est de la Belgique. Voir notre dossier spécial.

Namur sous la neige au matin du 24 janvier. Auteur: L. Lili.

Ce premier mois de l'année 2015 est décidément bien orageux, puisque le 28 janvier dans l'après-midi, un puissant front froid glisse sur nos régions, accompagné d'éclairs, de grêle et de vent.

Le lendemain 29, de l'air très froid en altitude (-36°C à 5000 mètres d'altitude) arrive au-dessus de la Belgique et génère un régime d'averses hivernales (grésil, pluie-neige mêlée, neige) sur la plupart des régions. La neige tient durablement au-dessus de 300 mètres d'altitude, temporairement en-dessous. C'est surtout le massif ardennais qui est concerné puisque les averses s'y succèdent tout au long de la journée et la nuit suivante, amenant une accumulation de neige de 10 à 20 cm.

La neige à Xhoffraix au soir du 29 janvier. Auteur: A. Saint-Rémy.
 
Le 30 janvier, une dépression hybride issue d'un Polar Low traverse nos régions en matinée et en début d'après-midi, en suivant la frontière franco-belge. Il neige abondamment pendant plusieurs heures sur une large bande de part et d'autre de la frontière, avec parfois jusqu'à 10-15 cm de neige fraîche. Sur le massif ardennais, les cumuls deviennent conséquents.

L'épisode de temps froid et neigeux commencé fin janvier se poursuit début février. Le 1er, des averses hivernales continuent à se succéder sur la plupart des régions. Sur le massif ardennais, elle sont de neige ferme et continuent d'épaissir une accumulation déjà conséquente. Les jours suivants, les averses faiblissent, mais le temps reste froid. L'Ardenne reste bien à l'abri du léger dégel qui s'opère certains jours en Basse et Moyenne Belgique.

La fagne de Malchamps, au sud de Spa, le 3 février. Auteur: D. Defourny.
 
Le 2 mars, deux creux d'altitude associés à une bonne dynamique balayent la Belgique et apportent à chaque fois des orages. Le premier passe dans le courant de la nuit du 1er au 2, apportant de bonnes averses de grésil mais une activité électrique assez faible. Le second, l'après-midi du 2, est bien plus actif, et est visible sous la forme d'un trait bleu gras sur l'image en haut à gauche de la composition ci-dessous. Des orages modérés éclatent alors en de nombreuses régions. Ils se font particulièrement remarquer à Charleroi (averse de grêle > 2 cm) et en province de Liège (grésil et activité électrique bien présente, comme le montre l'image en bas à droite). Dans l'ensemble, comme en atteste l'image en haut à droite, les orages ont été bien présents: les impacts les plus vieux sont en bleu et mauve (la nuit du 1 au 2), les plus récents en violet-rouge-orange-jaune (l'après-midi du 2).


Orage en début de soirée du 2 dans la région de Waremme (auteur: G. Maillard).

Le 29 mars en soirée, une petite dépression se creuse dans un gradient de pression déjà resserré et passe sur la Mer du Nord. Elle déclenche un épisode de coup de vent, avec des rafales atteignant le seuil de la tempête sur les côtes. On relève 101 km/h à Zeebruges, 94 km/h à Ostende et au Mont-Rigi, 90 km/h à Zaventem, à Ernage et à Gosselies. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les rafales atteignent 93 km/h à Lille et 104 km/h à Boulogne.


Le 31 mars en fin de nuit et en matinée, une nouvelle dépression très creuse pour la saison circule à nouveau sur la Mer du Nord. L'épisode de tempête qu'elle engendre est plus intense que celui survenu trente-six heures plus tôt. Les plus fortes rafales atteignent 106 km/h à Lille et à Boulogne, 113 km/h à Dunkerque, 105 km/h à Zeebruges, 101 km/h à Saint-Hubert, 100 km/h à Elsenborn, 97 km/h à Humain, 94 km/h à Ernage, 90 km/h à Bierset, au Mont-Rigi, à Uccle et à Chièvres. Aux Pays-Bas et en Allemagne, le vent est encore plus fort avec des rafales approchant les 120 km/h. Cette tempête tardive provoque pas mal de dégâts. En soirée, des orages parfois accompagnés de grêle éclatent un peu partout sur la Wallonie.



Orage au-dessus de Namur au soir du 31 mars (auteur: L. Chiaradia).

Les 4 et 5 mai, des orages traversent à plusieurs reprises nos régions. S'ils restent faibles à modérés, ce n'est pas le cas des Pays-Bas et du nord-ouest de l'Allemagne qui connaissent une offensive particulièrement intense l'après-midi du 5 mai.

Le 21 mai, on relève -1,0°C à Elsenborn et -0,7°C à Buzenol comme températures minimales.

Le 5 juin, une brutale invasion d'air tropical engendre une envolée des thermomètres: on relève ainsi 34,0°C à Kleine-Brogel, 32,9°C à Bierset et 32,0°C à Gosselies. En fin d'après-midi et en soirée, une virulente dégradation orageuse prend place sur pratiquement toutes les régions. Plusieurs supercellules sont observées dont une particulièrement violente sur le centre du Nord-Pas-de-Calais. Des dégâts sont signalés un peu partout dans cette région et en Belgique. Des grêlons de plusieurs centimètres sont observés.


Activité électrique sous l'un des nombreux orages concernant la Belgique au soir du 5 juin (Auteur: Le Chroniqueur météo).

Le début du mois de juillet est marqué par une sévère canicule avec des températures supérieures à 35°C sur certaines stations les 1er, 2 et 4 juillet. Le record de la plus haute température minimale à Uccle est battu avec 24,5°C (contre 23,8°C). Lien vers l'article spécial: Canicule

Dans l'après-midi du 5 juillet, deux violents orages éclatent sur la province de Liège en adoptant un caractère supercellulaire, l'un d'entre eux déversant des grêlons jusqu'à 6 cm de diamètre sur la région de Verviers et de Battice. De nombreux dégâts sont à déplorer. Lien vers le compte rendu de Belgorage: Actualités orages 5 juillet 2015


Grêlon récolté à Battice après le passage de l'orage. Auteur: A. Dolce.


Image radar des deux supercellules en province de Liège (source: Université de Bonn).

La nuit du 16 au 17 juillet, plusieurs endroits en Belgique et dans le nord-est de la France expérimentent un phénomène assez rare dans nos contrées: le heat burst. La température s'élève de plusieurs degrés en pleine nuit tandis que l'humidité relative de l'air diminue fortement et que le vent se lève. A Wepion, près de Namur, le thermomètre passe ainsi de 20,3°C à 2h20 à 26,1°C à 2h50, avec une humidité relative passant de 81 à 53% dans le même laps de temps. La station Meteo Belgique de Vaux, près de Bastogne, enregistre une hausse de 8°C, passant de 20 à 28°C. Mais c'est en France, à Troyes, que le heat burst est particulièrement marqué. Les températures s'élèvent ainsi de 24°C à 33°C entre minuit et 1h00, alors que l'humidité relative descend à seulement 13% et que des rafales de vent de 70 km/h sont signalées. Ces heat burst sont associés à de faibles orages se formant dans des cumulonimbus à base élevée (altocumulonimbus) en cours de dissipation. Les orages sont par contre bien consistants sur l'extrême sud de la Belgique et le département des Ardennes où ils frappent avant l'aube.
 
Le 3 août, une dépression profonde - et esthétique - pour la saison se positionne à l'ouest de l'Irlande et pilote un flux d'air d'origine tropicale sur nos régions. On relève 33,9°C à Kleine-Brogel, 33,8°C à Charleville-Mézières, 32,7°C à Bierset, 32,5°C à Buzenol, 32,2°C à Ernage, 31,9°C à Uccle, 31,3°C à Gosselies et 31,1°C à Lille.


La dépression à l'ouest de l'Irlande le 3 août en début d'après-midi.

Le 7 août connaît deux salves orageuses particulièrement actives au sud du sillon Sambre-et-Meuse. La première prend la forme d'un train d'orages entre le département des Ardennes et le Limbourg et dure toute la deuxième partie de nuit avant de se décaler vers Liège au petit matin. La seconde en fin d'après-midi et en début de soirée concerne grosso modo les régions au sud-est d'une ligne Couvin - Liège.

Le 13 août est très lourd, chaud et humide. Une dépression centrée sur la Bretagne pilote un flux de sud et un vaste secteur chaud sur l'Europe de l'ouest, avec une convergence marquée gagnant la Belgique depuis la France. En fin d'après-midi et en soirée, des orages organisés en QLCS apparaissent sur le Nord-Pas-de-Calais, le Hainaut et Namur puis progressent vers le nord-nord-ouest, provoquant des dégâts particulièrement nombreux dans le nord de la France et le Hainaut. Les orages sont forts, localement violents. L'IRM détecte 30 000 éclairs au-dessus de la Belgique.


Arcus précédant le QLCS sur la côte belge. Auteur: A. Fetteke.

Le 15 août, un front occlus traîne sur la Belgique - il pleut presque 18 heures sur la région de Charleroi - et les cumuls finaux sont importants. Dans le Hainaut, certains d'entre eux dépassent les 50 mm. Ces pluies perturbent les festivités du 15 août à Liège où il pleut aussi abondamment.

La fin août est lourde et particulièrement orageuse. Le 29, un énorme front chaud ondule sur nos régions et sépare l'air tropical au sud de l'air maritime plus fais au nord, générant une zone de conflit massive. La nuit du 29 au 30, des orages éclatent sur l'ouest, guidés par ce front qui remonte lentement vers le nord, et où de forts cisaillements de vent sont présents. Des supercellules sont signalées de Arras à Nivelles (grêlons de la taille d'une balle de ping-pong dans le nord du Hainaut et l'ouest du Brabant wallon) et sur un axe Le Touquet - Gand. Sur la région de Kortemark en Flandre occidentale, un downburst endommage des toits et arrache des arbres.


Animation radar en deuxième partie de nuit (Source: Meteo France).

La journée du 30 août est atroce de lourdeur. Les indices humidex dépassent les 40 dans le centre de la Wallonie (températures de 30 à 32°C) en raison d'une importante humidité relative dans les basses couches. En soirée, un axe orageux se constitue à la faveur d'une petite dépression remontant le long des côtes de la Manche. Celle-ci rend les cisaillements de vent importants et augmente le contraste entre l'air marin et l'air tropical occupant une grande partie de la Belgique. Cette limite prend la forme d'un front ondulant. Les orages se succèdent donc pendant plusieurs heures le long des côtes, certains prenant des caractéristiques supercellulaires supposées.

L'après-midi du 31 août, une sévère dégradation orageuse concerne une large bande depuis Lille jusqu'à Anvers. Plusieurs cellules très actives se dirigent depuis le Nord-Pas-de-Calais en direction des Pays-Bas via le Hainaut et la région de Anvers. Une supercellule est observée sur la région de Lille où des inondations sont signalées. Une autre possible supercellule se serait déplacée du Hainaut vers Anvers en passant à l'ouest de Bruxelles. Des grêlons et quelques dégâts dus au vent ont été signalés, mais ceux-ci restent dans l'ensemble assez peu importants.


Impressionnante activité électrique entre 14h30 et 16h30 (source: Lightningmaps).

Le matin du 1er septembre, des orages éclatent dans le sud-est de la Belgique. Il pleut d'ailleurs énormément sur ces régions avec 38 mm à Buzenol et 26 mm au Mont-Rigi.

Le 16 septembre, l'arrivée de l'ex-tempête tropicale Henri s'accompagne d'une brutale bouffée d'air tropical. Des orages parfois forts éclatent dans l'après-midi, organisés en QLCS. A l'avant, une supercellule isolée est même responsable d'une tornade dans la région de Melreux. Voir dossier spécial: Des Bermudes à l'Europe: Henri et les orages du 16 septembre 2015.


La tornade passant sur Melreux vers 16h00 ce 16 septembre (auteur: E. Cockx).

Octobre, après avoir commencé dans la douceur, voit se produire une période de temps froid remarquable sinon exceptionnelle entre le 13 et le 16 octobre. De la neige est observée sur le sud-est de la Belgique, où une fine accumulation est parfois observée.

La première décade de novembre est exceptionnelle de douceur, explosant le précédent record datant de novembre 2011: avec 13,7°C de moyenne, l'anomalie est énorme avec un excédent de +5,2°C par rapport aux normales saisonnières! Plusieurs journées sont incroyablement douces, avec des maximas approchant ou dépassant les 20°C. Ressemblant au 1er novembre...2014, le crû 2015 est la Toussaint la plus douce depuis le début des mesures dans plusieurs stations avec 20,8°C à Uccle et 19,7°C au Mont-Rigi, le tout sous un franc soleil digne de l'été. Par contre, la Lorraine belge passe la journée dans le brouillard, empêchant les températures d'y monter. Quelques jours plus tard, c'est un autre record qui tombe: la nuit du 6 au 7, le minimum s'établit à 16,4°C à Uccle, bien au-dessus de ce que nous sommes en droit de connaître en termes de températures maximales à cette époque de l'année! C'est la nuit la plus douce jamais enregistrée en novembre.

La nuit du 17 au 18 novembre, une tempête concerne le nord de la Belgique, avec des rafales jusqu'à 108 km/h à Stabroek (Anvers), 101 km/h à Ostende et à Koksijde et 105 km/h à Zeebruges. Ailleurs, le vent souffle également en fortes rafales avec 94 km/h à Charleroi, à Ernage (Gembloux) et à Humain (Marche-en-Famenne).

Le 17 décembre, c'est presque le printemps. Les arbres bourgeonnent et les premières fleurs se montrent. Il fait 16,0°C à Uccle, du jamais vu à cette date.