samedi 24 février 2018

Evénements 2001

Retrouvez sur cette page les principaux événements météorologiques ayant concerné la Belgique en 2001.

Le 10 mars, une tornade est observée sur le Pays de Herve, au niveau des villages de Bolland et de Herve.

La fin de l'hiver est exceptionnellement sombre. Entre le 1er février et le 31 mars, on n'enregistre que 106 heures de soleil.

La nuit du 2 au 3 mai, des orages modérés à forts concernent essentiellement les provinces de Luxembourg, de Liège et du Limbourg.

Le 16 mai dans l'après-midi, des orages sont observés un peu partout.

La haute saison voit se produire de réguliers épisodes orageux étendus.

Le 17 juin, des orages sont observé sur l'est de la Belgique. Il tombe 40 mm de précipitations dans la région de Malmedy.

Le temps est chaud en fin de mois, avec le 26 juin des maximales de 32,0°C à Gosselies et 31,4°C à Bierset. Le 27 en fin de nuit, une dégradation orageuse sous forme d'un système orageux (MCS) arrive de France et concerne une bonne partie de l'ouest de la Belgique ainsi que l'ouest de l'Ardenne. Autour de 3h00 du matin, le système de détection de l'IRM enregistre jusqu'à 180 éclairs par minute, activité essentiellement concentrée sur un tiers ouest de la Belgique. Un peu d'activité électrique est également signalée sur le centre, ainsi qu'en Gaume.

 Progression du système orageux la nuit du 27 au 28 juin 2001 sur l'ouest.

En soirée du 5 juillet, un système orageux (MCS) atteint l'ouest de la Belgique par le Hainaut, avec une activité électrique prononcée (image ci-dessous), puis poursuit sa route à travers l'ouest de la Flandre la nuit suivante. Un autre orage a éclaté plus tôt de Liège à Anvers.

 Animation radar le 5 juillet (source: De Weerkamer).

L'après-midi du 6 juillet, de nouveaux orages concernent une grande partie centrale du pays, avec un foyer particulièrement virulent se déplaçant de Mons vers la Campine. Dans la région de La Louvière, il provoque des dégâts dus à la grêle. En soirée, un nouvel amas orageux concerne une région allant de l'Ardenne à la Campine en frappant Namur et Huy au passage. L'intensité y est modérée à forte. Il tombe 38 mm de pluie à Ivoz-Ramet sur la journée du 6.

Dans le nord-est de la France, le MCS du 6 juillet au soir est beaucoup plus violent, provoquant la mort de plusieurs personnes.

Le 23 juillet, de nombreux orages éclatent un peu partout dans le pays. C'est un nouveau système orageux (MCS) qui concerne en effet nos régions en matinée. Des dégâts sont observés en lien avec la foudre et les fortes précipitations.

Le 26 juillet, ce sont des orages peu mobiles qui éclatent ça et là. Ils sont parfois diluviens: on relève 97 mm de pluie à Stavelot.

Le 2 août en fin d'après-midi et en soirée, sur le point triple d'une perturbation arrivant du sud-ouest, plusieurs salves orageuses traversent le pays. D'abord peu organisés, ces orages se rassemblent en un grand et virulent amas en milieu de soirée, allant d'Anvers à Couvin, avant de progresser vers le nord-est. Des inondations sont observées en plusieurs endroits. Des dégâts dus au vent et à la foudre sont également signalés, essentiellement de la province de Namur au Limbourg. Une rafale de 123 km/h est mesurée à Schaffen, dans l'est de la Flandre. Le système SAFIR de l'IRM, qui enregistre l'activité orageuse, compte jusqu'à 700 décharges par minute au paroxysme de l'orage. Au total ce sont presque 45 000 éclairs qui illuminent la soirée. C'est assurément l'offensive orageuse la plus intense de cette année 2001.



 
































Progression des zones orageuses en fin d'après-midi et en soirée du 2 août (source: K. Hamid, IRM).

Le 15 août, coup de chaleur: on relève 32,7°C à Beauvechain et 34,1°C à Kleine-Brogel. La nuit suivante, des orages faibles à modérés sont signalés en plusieurs stations du pays (Koksijde, Oostende, Gosselies, Saint-Hubert, Bierset, Spa...). Globalement, le centre du pays est épargné: à Zaventem, on signale des éclairs visibles dans le lointain, provenant des orages éclatant sur les régions voisines.

La nuit du 18 au 19 août, à nouveau des orages sont signalés entre Anvers et Charleroi, mais ils restent également contenus. Toutefois, l'opérateur de Gosselies rapporte de fortes précipitations pendant un bref laps de temps.

Du 24 au 26 août, un nouveau coup de chaleur s'empare de la Belgique. Le troisième jour, on relève les maximales les plus élevées: 32,6°C à Gosselies, 33,6°C à Zaventem, 35,5°C à Kleine-Brogel... et conformément à la règle de ce mois d'août, la seconde partie de nuit du 26 au 27 est orageuse, même si cela se fait plutôt en douceur. Ce sont essentiellement le centre et l'est de la Wallonie ainsi que le Limbourg qui sont concernés.

Le mois de septembre est extraordinairement pluvieux. Sur tout le moins, on relève 199 mm de précipitations à Uccle.

Au soir du 6 octobre, un front froid traverse le pays et s'accompagne d'orages parfois forts, particulièrement intenses pour cette période de l'année. Une tornade est signalée dans la région de Saint-Trond où elle provoque pas mal de dégâts. Des inondations consécutives à de fortes précipitations sont observées du Hainaut à la Campine.

 Image radar en soirée montrant le front orageux progressant à travers le pays (source: IRM).

Le mois qui s'achève est exceptionnellement doux, avec un écart de 3,9°C par rapport à la moyenne.

Le 8 novembre, un flux rapide de nord-ouest puis de nord se met en place sur nos régions. A la côte, les rafales atteignent 115 km/h. La nuit suivante, des orages prennent naissance sur le sud de la mer du Nord et atteignent la région de Dunkerque où ils sont violents: une tornade traverse la ville en provoquant de nombreux dégâts, et d'abondantes chutes de grêle sont observées sur le Nord-Pas-de-Calais. Ces orages débordent sur l'ouest de la Belgique, tandis que de la neige est observée plus à l'est. Par endroits, cette neige tient, comme à Florennes où on observe 1 cm d'accumulation.

Le 27 décembre, on relève 58 cm de neige à Elsenborn.

Le 29 décembre, de la neige est observée sur le centre du pays. Il en tombe entre 5 et 10 cm sur la région de Charleroi et l'Entre-Sambre-et-Meuse.

jeudi 22 février 2018

No panic! Pas de vortex polaire sur la Belgique (mais ses conséquences bien)

Ces derniers jours, nous avons vu apparaître plusieurs sorties dans la presse annonçant le passage d'un vortex polaire sur la Belgique. Il n'en est évidemment rien. Il est assez amusant (ou agaçant, c'est selon) de voir à quel point la réalité a été bien déformée. Parce que oui, il y a bien une histoire de vortex polaire au départ, mais rassurez-vous, on est bien loin d'un scénario digne du film "Le Jour d'Après". A travers cet article, essayons de démêler le vrai du faux.

Le Dubus du 22 février. On vous rassure, nous ne sommes pas que des scientifiques carrés, nous avons aussi beaucoup d'humour...

samedi 10 février 2018

Eclatement du vortex polaire: quelles conséquences sur notre météo?

A priori, seuls les initiés et les hivernophiles en auront eu connaissance: c'était prévu depuis plusieurs semaines par le modèle GFS, et c'est bien arrivé. Hier, le vortex polaire a éclaté sous la pression d'un réchauffement stratosphérique soudain (ou SSW en abréviation anglaise).

Après trois lignes, on doit en avoir déjà perdu quelques-uns d'entre vous. Reprenons pas à pas. Habituellement, on considère que la troposphère, qui va du sol à une dizaine de kilomètres d'altitude, concentre la plupart des phénomènes météorologiques. Cela est en partie vrai. En partie parce que ces phénomènes météorologiques sont, pour certains d'entre eux, modifiés par des mécanismes physiques qui n'ont pas toujours lieu dans cette troposphère.

Nous nous rendons dans la stratosphère, cette couche au-dessus de la troposphère. La stratosphère commence vers une dizaine de kilomètres d'altitude, et va jusqu'à environ 50-60 km. C'est qu'il s'en passe aussi des choses, dans cette stratosphère. Il y a déjà la couche d'ozone et, en corollaire, son célèbre trou d'ozone centré sur l'Antarctique. 

Bien moins connus, il y existe aussi une série de "vents". Au niveau de l'équateur, il existe un flux qui se déplace plus ou moins le long des Tropiques et qui change de sens tous les un à deux ans. C'est ce qu'on appelle l'Oscillation quasi-biennale. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, voir cet article de Wikipedia.

Plus près de nous, au-dessus de nos têtes, il existe un tube de vents très rapides et se déplaçant grosso modo d'ouest en est en temps normal. Ce tube de vents n'existe que du début de l'automne au début du printemps. Dans l'hémisphère sud, un tube similaire cercle l'Antarctique pendant l'hiver austral (donc pendant notre été à nous). Ce courant est appelé le Courant Jet de la nuit polaire. Attention à ne pas le confondre avec le Jet-stream traditionnel qui souffle en troposphère.

Ce Jet de la nuit polaire doit son existence au gradient de températures entre une énorme masse d'air glacial qui trône au-dessus des latitudes polaires en hiver, et son extérieur, plus chaud. Cette masse d'air froid et le tube de vents qui en marque le bord porte le nom de Vortex polaire. Il s'agit d'un phénomène tout à fait normal qui naît à chaque début d'automne par refroidissement de l'air suite à l'allongement des nuits, et qui se détruit au printemps par réchauffement lié à l'allongement des jours.

En temps normal, le vortex polaire et son Jet de la nuit polaire, ça ressemble grosso modo à ça:

Modélisation du vortex polaire le 14 janvier 2018 (source: Earthnull).

Sur cette carte, l'intensité des vents est représentée par des couleurs. Le bleu indique des vents faibles, le rosé-blanc des vents très rapides. Le Jet de la nuit polaire apparaît donc en rosé-blanc. En tant que vent thermique (= existant du fait du gradient de températures), il souffle en ayant toujours l'air plus froid à sa gauche et l'air plus chaud à sa droite. Ca peut apparaître anodin, mais nous y referons appel plus loin.

Il est à noter que c'était l'état du vortex il y a presque un mois, et qu'il était à ce moment-là en grande forme, peut-être même un peu plus puissant que d'habitude. Il n'est pas impossible qu'il soit en partie responsable des tempêtes de janvier, mais il est difficile de l'affirmer.

Parce que oui, et c'est là que ça devient intéressant, ce grand rond-point stratosphérique peut avoir des incidences sur les courants en troposphère, et donc en bout de course sur notre météo. A la manière d'engrenages, le vortex polaire peut communiquer la direction de ses vents à ceux de la troposphère. Dès lors, avec un vortex puissant, il est assez cohérent d'avoir un Jet-stream puissant en troposphère, et donc un risque de tempêtes. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu'il n'est pas le seul mécanisme - loin de là - à régir nos vents et notre météo. Ce serait trop simple sinon...

Revenons-en à notre vortex. Voici son état modélisé en ce moment même:

Modélisation du vortex polaire le 10 février 2018 (source: Earthnull).

Pour faire un mauvais jeu de mots, ça ne tourne manifestement plus très rond. Enfin si, ça tourne encore, mais de manière très désordonnée. On n'a plus un seul vortex polaire bien constitué, mais deux plus petits: un centré sur le Grand Nord canadien et un autre sur la Russie. Sur l'Europe, on a un "anti-vortex", où le vent tourne dans le sens inverse de celui d'un vortex. 

Il s'est donc passé quelque chose: le vortex polaire, au départ unique, a éclaté en deux plus petits. Nous parlions du gradient de températures et du sens du vent vis-à-vis de l'air froid et de l'air chaud. C'est ici que se trouve la clé de cet éclatement.

En introduction, nous parlions d'un réchauffement stratosphérique soudain. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une augmentation brutale de la température dans la stratosphère. Cette modification perturbe le gradient de températures qui fait exister le vortex. Déstabilisé par cette attaque de chaleur, le vortex a fini par éclater, ce qui a modifié de manière profonde le régime des vents dans la stratosphère. L'animation ci-dessous, tirée du modèle GFS d'il y a quelques jours, montre la déstabilisation de la masse d'air froid (en bleu) du vortex polaire par de l'air plus chaud, cette onde chaude venant ici de la troposphère.

Eclatement du vortex polaire (bleu) tel que modélisé par GFS le 1er février (source: Meteociel).

Et maintenant, on en revient à nos hivernophiles. Si cet événement - qui en soi n'a rien d'exceptionnel il faut le dire, ça se produit de temps à autre - est si intéressant, c'est parce que les éclatements du vortex polaire ont régulièrement été suivi de périodes froides voire très froides sur l'Europe. En effet, la perturbation et l'inversion des vents en stratosphère se communique généralement à la troposphère en une quinzaine de jours. Dès lors, notre habituel flux d'ouest caractéristique de nos hivers perdrait là un allié de poids - le vortex et son Jet donc - et pourrait ralentir. Or, un flux d'ouest qui ralentit, ça laisse la place à d'autres flux dirigés vers nos régions, notamment des flux de nord ou d'est, beaucoup plus froids.

Une remarque toutefois. Vortex polaire qui éclate ne veut pas forcément dire débarquement du Grand Hiver chez nous. Il s'est déjà vu quelques cas d'éclatement qui n'étaient pas suivis de froid. Les flux qui nous concernent, on l'a dit, sont aussi régis par d'autres mécanismes. Mais comme on l'a dit aussi, en perdant le vortex, ces flux perdent l'un de leurs générateurs. Dès lors, les chances de voir ces flux se modifier augmentent, et en conséquence notre météo peut s'en trouver affectée.

En janvier 2013, le vortex polaire a également éclaté. Il s'en est suivi une deuxième partie d'hiver froide et régulièrement neigeuse qui s'est éternisée jusque début avril. A la mi-mars, nous connaissions même des chutes de neige très abondantes et des températures aussi basses que -15°C localement, ce qui est exceptionnel à ce moment-là de l'année.

Pour en revenir à la situation actuelle, le modèle GFS semble déjà entrevoir ces modifications de flux pour la fin février. Reste à voir si ce serait effectivement le cas, mais si nous étions amenés à connaître une fin d'hiver carabinée, une partie des causes serait donc vraisemblablement à aller chercher dans la stratosphère.