Avec 411 mm tombés entre le 1er juin et le 31 août à Uccle, 2021 décroche - et de loin - la palme de l'été climatologique le plus arrosé depuis que l'on mesure la pluie à Bruxelles. A l'inverse, le nombre de jours de précipitations n'est pas exceptionnellement élevé (50 jours contre une normale de 42,6), indiquant la contribution de pluies moins fréquentes qu'abondantes les fois où elles se produisaient, apportées par de réguliers orages mais aussi par le déluge de la mi-juillet et ses inondations désastreuses.
Le nouveau classement des étés les plus arrosés s'établit donc comme suit:
- 2021, avec 410,7 mm
- 1992, avec 365 mm
- 1850, avec 360,2 mm
On notera que 2014, lui aussi très pluvieux avec 348 mm, arrive en sixième position de ce classement.
Sur les autres paramètres, il n'est pas observé d'anomalie prononcée. Ainsi, la température moyenne s'établit à 17,8°C contre une norme de 17,9°C, et l'ensoleillement donne 513 heures contre 595 en normale, ce dernier paramètre étant toutefois à la limite de l'anormalité basse. Mais comme toujours, ces moyennes sur l'été cachent quelques disparités mensuelles. A noter que cet été suit un printemps peu heureux également, accentuant l'impression d'une année plutôt mauvaise.
L'été 2021 n'aura pas connu de vague de chaleur officielle, une première depuis 2014. Mieux encore, aucune valeur supérieure à 30°C n'a été observée à Uccle. Il faut remonter à 1993 pour trouver la dernière absence de jour de forte chaleur au cours de l'été climatologique. Il n'a également connu que 14 jours d'été (maximale > 25°C), la normale étant de 24.
Juin
Ce qui marque en juin, c'est la présence de chaleur et d'humidité. D'ailleurs, ce cocktail de moiteur a alimenté de réguliers orages violents, notamment les 2 et 4 juin, puis les supercellules de la nuit du 17 au 18, ainsi que l'éruption de tornades du 19. Une autre tornade frappe la région d'Houffalize le 27, et des orages localement diluviens sont encore observés le 29. Avec 14 jours d'orages, on peut parler d'un mois assez actif, bien que cela reste dans les normes.
On notera par contre et comme évoqué l'anomalie excédentaire de précipitations, portée par un record de quantité pour une troisième décade de juin, ainsi que celle de la température moyenne, portée notamment par une moyenne de températures minimales la plus élevée depuis 1892. Fait marquant, aucun jour de forte chaleur (>30°C) n'a été constaté à Uccle, par contre la température a dépassé les 25°C à neuf reprises, signe d'une chaleur modérée mais durable.
A noter que c'est au cours de ce mois de juin qu'a été observé en de nombreuses stations le paroxysme thermique de cet été, avec par exemple 29,5°C à Uccle le 18 juin.
En-dehors de la grande agitation orageuse du début de la première décade et des fins de la seconde et de la troisième, le temps a été clément et particulièrement chaud aux alentours de la mi-juin. Les températures moyennes pour la seconde décade constituent par ailleurs de nouveaux records.
Côté ensoleillement, la cote du mois cache une répartition très inégale. Ainsi, si les deux premières décades ont été assez bien ensoleillées, la troisième a été très sombre, avec seulement neuf heures d'ensoleillement; il s'agit là d'un record bas décadaire.
Juillet
L'anomalie pluviométrique entamée en juin s'est poursuivie et même accrue en juillet. Avec 167 mm cumulés à Uccle, il s'agit du mois de juillet le plus pluvieux depuis 1980. Pourtant, le nombre de jours de précipitations n'est pas anormal, montrant à nouveau que les précipitations ne furent pas forcément fréquentes cet été, mais souvent abondantes quand elles tombaient. La paroxysme de ce constat fut l'exceptionnel épisode pluvieux et les inondations de la mi-mois, établissant par ailleurs un nouveau record pour une seconde décade de juillet, avec 83 mm. Dans l'est du pays, les 179 mm de pluie récoltés à Hockai (Stavelot) sur vingt-quatre heures le 14 constituent une cote historique.
D'inondations, il en sera encore question en troisième décade, cette fois engendrées par des orages diluviens sur la province de Namur le 24.
A l'inverse de juin par contre, juillet fut un peu plus frais que la normale, sans que cela soit significatif. Le mauvais ressenti thermique, s'il existe, provient sans doute de la moyenne des maximales qui fut relativement fraîche, en témoigne également le faible nombre de jours à plus de 25°C, seulement trois, observés pendant un hiatus de beau temps entre le 17 et le 23 juillet, dans un océan de météo peu heureuse. Le maximum thermique du mois à Uccle, 26,5°C, est par ailleurs remarquablement bas, le plus faible depuis juillet 2000. L'impression d'un mois plutôt mauvais aura sans doute aussi été renforcée par une déficit d'ensoleillement d'une trentaine d'heures, sans que cela ne soit pour autant remarquable.
Août
Août est sans doute le plus mauvais des trois mois. Les périodes de beau temps se sont réduites à quelques jours en seconde décade et en troisième, entrecoupées par des températures exceptionnellement basses les 17 et 18 août où les maximales ont à peine atteint 15°C à Uccle.
Ainsi, et contrairement aux deux autres mois, un déficit thermique anormal s'est manifesté au cours de cet août 2021, de même qu'un solide excédent pluviométrique. C'est ainsi le troisième mois d'affilée qui voit tomber plus de 100 mm de pluie cumulés à Uccle. L'ensoleillement est aussi déficitaire, considéré comme anormalement faible.
Les causes atmosphériques de ce record de pluie
Les cartes d'anomalies de géopotentiel à 500 hPa permettent d'entrevoir certains déterminants de cet été très arrosé. Les couleurs chaudes font apparaître les anomalies positives, soit des anticyclones d'altitude récurrents, tandis que les couleurs froides représentent les anomalies négatives, soit des dépressions récurrentes.