lundi 26 janvier 2015

Offensive hivernale du 24 janvier 2015

Ce samedi 24 janvier a été marqué par la deuxième offensive sérieuse de cet hiver 2014-2015. La première remontait au 27 décembre et avait essentiellement concerné une large bande centrale de la Belgique: ainsi, l'axe Bruxelles - Charleroi - Couvin avait reçu jusqu'à 15 cm de neige localement, tandis que l'est du pays était davantage épargné. Cette fois-ci, ce sont justement les provinces de Namur, de Liège et du Luxembourg qui ont vu tomber les plus grandes quantités de neige. De plus, dans le cas présent, des intermèdes de pluie verglaçante sont survenus, rendant la situation très délicate. Cet article revient sur la prévision de l'événement, la complexité de la situation atmosphérique et le déroulement de l'épisode.

Situation atmosphérique

Le 23 janvier, la veille de l'épisode, nous sommes situés dans une masse d'air hybride, teintée d'origines à la fois maritimes et continentales, le tout porté par un flux mou faisant stagner cet air sur nos régions. En cette journée du 23 justement, les températures restent négatives en de nombreux endroits. Ceci va avoir une importance particulière, puisque c'est sur cet air froid caractérisé par des températures négatives que va venir buter la perturbation.

Analyse de surface à 13h00 le 23 janvier.

Dans l'après-midi du 23 janvier, la dorsale anticyclonique qui recouvrait l'Europe Occidentale s'affaiblit rapidement face à la perturbation traversant les Iles britanniques. Le secteur chaud (le triangle formé par le front froid et le front chaud et dont le sommet se trouve entre l'Irlande et le Royaume-Uni) est encore suffisamment ouvert pour véhiculer de l'air doux en altitude. Cet air, avec une température légèrement positive vers 1000 mètres, peut donc autoriser la formation de précipitations liquides tombant sur des sols bien gelés. La menace des pluies verglaçantes se fait donc bien présente. 

La carte ci-dessous montre les températures à 850 hPa, vers 1500 mètres donc, et ce à 1h00 le 24 janvier. Le secteur chaud de la perturbation est alors bien visible avec une  vague d'air à température positive (couleur verte) se situant aux portes de la Belgique. Ceci, combiné aux températures positives à faible altitude sur la Mer du Nord ne pose à priori pas de problème.

Températures à 850 hPa à 1h00 le 24 janvier.

Il en va tout autrement au-dessus des terres... En effet, l'air froid de basse couche, déjà présent en cours de journée du 23, est resté stable. En d'autres termes, il gèle sur la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais et le département des Ardennes, alors qu'une langue d'air à température positive vers 1000 mètres d'altitude s'apprête à traverser ces régions. Le résultat est donc assez simple: de la pluie ou de la neige fondante gorgée d'eau tombant sur un sol à température négative, entraînant sa mise en gel...

Cependant, un autre facteur doit être pris en compte. Comme le montre la carte ci-dessous, similaire à la précédente mais pour 13h00 cette fois, la langue d'air doux a disparu, et nos régions se retrouvent ainsi avec un air bien froid à tous les étages. Dans cette situation, c'est de la neige qui doit tomber.

                                           Températures à 850 hPa à 13h00 le 24 janvier.

La situation est donc compliquée: le risque de pluie verglaçante va se réduire au fur et à mesure de l'avancée de la perturbation dans les terres. Les modèles peinent alors à savoir où, rendant la prévision très délicate...

Analyse de surface à 13h00 le 24 janvier: la perturbation achève de traverser la Belgique, le secteur chaud ayant disparu.


Prévisions de l'événement

L'avis de neige/verglas réalisé par Info Météo fut complexe à établir, compte tenu justement de cette transition de la pluie verglaçante vers la neige seule et des incertitudes des modélisations. L'avis proposait quatre scénarios, un pour chacune des quatre parties du territoire ainsi découpé.

Avis lancé par Info Météo au soir du 23 janvier.

En résumé, la moitié est de la Belgique devait s'attendre à de la neige, parfois en bonne quantité (Haute Belgique), mais avec un intermède de pluie verglaçante, le tout dans un schéma assez complexe. La moitié ouest de la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais et le département des Ardennes devaient s'attendre à peu de neige et surtout de la pluie verglaçante.

En parallèle, signalons que l'IRM et Météo France avaient sorti l'alerte orange pour les territoires placés sous leurs prérogatives. Il fallait donc s'attendre à une situation assez sérieuse et à pas mal d'embarras sur les voies de communication.

Déroulement de l'événement

La perturbation est entrée sur nos régions dans la nuit du 23 au 24. Sur l'extrême ouest de la Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, les précipitations ont été essentiellement liquides, tombant sur des sols non-gelés sauf localement. 


En s'avançant dans les terres, les précipitations ont rencontré de l'air de plus en plus froid, avec des températures négatives dans les basses couches de la troposphère. Ainsi, les pluies sont devenues verglaçantes, en premier lieu sur l'ouest du Hainaut, la Flandre Orientale et la province d'Anvers.


En même temps que le verglas se formait sur le centre de la Belgique et l'est du Nord-Pas-de-Calais à la faveur de la langue d'air doux vers 1000 mètres d'altitude, de l'air plus froid déboulait à l'arrière de cette langue et englobait la partie arrière de la perturbation. Dans cette partie, les précipitations sont dès lors devenues solides, menant à la formation de neige qui tenait au sol à l'est d'une ligne Gand - Péruwelz. Au fur et à mesure que l'on se dirigeait vers l'est, la neige tenait d'autant mieux au sol, accrochant sur les sols gelés où la pluie avait parfois au préalable déposé une couche de glace. Sur le centre de la Belgique, ce cocktail a été responsable d'importants désordres sur le réseau routier. A noter que des orages sont observés dans cette perturbation, en raison de l'importante dynamique générant un front très turbulent.


Plus tard, sur l'est de la Belgique et le département des Ardennes, la langue d'air doux a été pratiquement résorbée, de telle sorte que l'intermède de pluie verglaçante s'est réduit avant de disparaître. C'est donc essentiellement de la neige qui est tombée sur ces régions.

L'image radar de 8h00 montre très bien la séparation de la perturbation en deux fronts occlus. Tandis que le premier amène un peu de pluie verglaçante mais surtout de la neige sur l'est de la Belgique, le deuxième, situé dans l'air froid, génère de nouvelles chutes de neige sur le centre du pays et l'est du Nord-Pas-de-Calais.


A partir de 10h00, la neige a commencé à se retirer du centre du pays, tandis que le massif ardennais recevait encore de fortes intensités. Derrière la perturbation, le flux virant à l'ouest a ramené sur le pays un air bien plus doux que celui qui se trouvait à l'avant de la perturbation, provoquant le dégel et menant à un rapide retour à la normale sur le réseau routier.


Vers midi, la perturbation a fini par gagner l'Allemagne et le Luxembourg, menant à un retour au calme en Belgique.



Observations

Compte tenu de la présence et de la durée des pluies verglaçantes, les épaisseurs de neige ont été irrégulières. Sur le réseau officiel, les quantités suivantes ont été relevées:

10 cm de neige à Bierset (Liège)
9 cm au Mont-Rigi (Waimes)
8 cm à Humain (Marche-en-Famenne)
7 cm à Florennes

Walhain sous la neige. Auteur: S. Brux.

D'une manière générale, des épaisseurs de plus de 10 cm ont été observées en provinces de Namur, de Liège et de Luxembourg. Localement, la couche de neige a pu atteindre 15 cm. Le Hainaut, le Brabant Wallon et Bruxelles ont connu des hauteurs de neige plus modestes, allant du saupoudrage à environ 7-8 cm.

La neige est tombée également à Namur. Auteur: L. Lili.

Plus à l'ouest, la neige n'aura été qu'éphémère, à la fois en raison de l'importance des pluies verglaçantes, mais aussi à cause de l'arrivée rapide du dégel à la fin de la perturbation. Ces pluies verglaçantes ont été réellement dangereuses dans la région de Bruxelles et le Brabant Wallon où une belle couche de glace s'est parfois déposée sur les chaussées.

Abondante couche de neige à Seraing. Auteur: M. Di Salvo.


Phasage des précipitations et observations post-événement

Signalons aussi quelques observations intéressantes pendant et après l'épisode. Durant le passage de la perturbation hivernale au nord de Ottignies, plusieurs phases ont pu être détectées, malgré l'obscurité.

1) A partir de 5h00, de la pluie verglaçante qui se matérialisait plutôt par des granules de glace, avec un bruit métallique très caractéristique, très différent du bruit sourd de la simple pluie ou du silence de la chute de neige. 30 minutes d'avant-garde du front où les précipitations étaient relativement faibles.

2) De 5h30 à 6h30, un premier corps modéré à intense du front provoque une chute de neige brutale avec un paysage qui blanchit presque instantanément. Parfois, des granules de glace se mélangeaient encore à la neige, ce qui donnait un mélange très particulier sans qu'il n'y ait fonte.

3) De 6h30 à 7h30, une zone de précipitations plus faibles envahit le Brabant Wallon, avec de nouveau des granules de glace très majoritaires. La couche blanche augmente peu en épaisseur.

De 7h30 à 9h00, le deuxième corps de la perturbation apporta plusieurs centimètres de neige avec un paysage chaque minute plus blanc qui apparut à la lumière du jour se levant. Une ambiance très grise-blanche emplit la province centrale, avec un éclair et un coup de tonnerre en prime.

A chaque corps modéré à intense, les précipitations furent donc neigeuses alors que les corps faibles furent de granules de glace. Notons que la pluie verglaçante purement liquide et se congélant au sol ne fut a priori jamais observée, ce qui montra que la couche de températures négatives au niveau du sol fut suffisamment épaisse pour recongeler la pluie formée dans les couches moyennes, à l'opposé de régions situées plus à l'Ouest. La forme neigeuse des précipitations dans les corps plus intenses démontra aussi que l'intensité permit un refroidissement de la masse d'air par absorption de la chaleur.

Vidéo réalisée par Info Météo au lever du jour, à la fin de la perturbation.

Le lendemain, dimanche 25 janvier, un déplacement depuis Ottignies vers Bruxelles, Louvain, et Liège nous permit de faire d'autres observations intéressantes. Alors que le paysage était encore partiellement blanc en Brabant-Wallon malgré les températures positives durant l'après-midi du samedi, la neige avait presque complètement disparu dans la capitale et sur le tronçon vers Louvain. A la sortie de la ville flamande, le paysage commença à s'enneiger sans que la couche ne soit vraiment uniforme et parfaitement blanche. A partir de Landen-Waremme, les choses changèrent assez radicalement avec un paysage totalement hivernal. Dans la descente vers le centre de Liège, celui-ci changea peu malgré l'altitude plus basse et l'activité urbaine.

Nous pouvons conclure de ce déplacement que la couche de neige, moins épaisse à Bruxelles que dans le Brabant, avait déjà eu le temps de fondre. En effet, la capitale s'était trouvé dans une zone moins favorable à de la neige de longue durée, et reçut effectivement environ 3 centimètres de neige au lieu du double dans le Brabant. La neige avait donc pu fondre. Au-delà de Louvain, le secteur chaud s'était déjà plus refermé et permit donc à un paysage nettement plus hivernal de subsister en Hesbaye par rapport au Brabant-Wallon. Enfin, notons que même le centre de Liège était encore hivernal malgré une altitude plus basse, preuve que ce n'était pas la température des basses couches qui avaient été déterminantes, mais celle des couches moyennes, plus froides vers l'Est que dans le centre.

Retour sur la prévision et explications à micro-échelle

Nous avions affaire à une situation complexe qui a rendu la prévision extrêmement difficile. Ceci était dû à la présence de l'air doux en altitude mais dont l'importance se réduisait au fur et à mesure des heures. Il était dès lors relativement délicat de déterminer quelles zones allaient être concernées par la neige, par la pluie verglaçante ou par les deux phénomènes. 

Les observations montrent que la zone concernée par la neige a été plus étendue que prévue. La zone en bleu foncé aurait dû être davantage étendue vers l'ouest, jusqu'à une ligne Erquelinnes - Tubize. La zone en blanc aurait également dû englober le sud-est de la province de Namur ainsi que la province de Liège. En effet, dans ces régions, très peu ou pas de pluie verglaçante a été constatée. Ceci s'explique par le fait que le secteur chaud de la perturbation s'est refermé plus tôt que prévu par les modèles, et donc que la langue de températures positives vers 1000 mètres a complètement disparu une fois celle-ci arrivée sur l'est du pays. Néanmoins, malgré ces imprécisions, la prévision s'est révélée être satisfaisante au regard de la complexité de la situation.

Conclusions

Cette deuxième offensive sérieuse de l'hiver 2014-2015 aura donc été un épisode surprenant, mais d'assez courte durée. La situation atmosphérique qui lui a été associée était également intéressante à plus d'un titre, et très représentative des épisodes que nous connaissons cet hiver, à savoir une situation claire pour la Haute Belgique, mais borderline pour la Basse et Moyenne Belgique étant donné l'intervention d'air doux en altitude. 

Sources: Infoclimat, KNMI, Met Office, Météo Services.

mardi 13 janvier 2015

Evénements 2015

Le 14 janvier, la saison des orages est inaugurée en fanfare: en cours de nuit du 13 au 14, une ligne de grain se forme sur le centre de la Belgique et traverse les provinces de l'est (les orages sont particulièrement actifs à Liège). Dans le courant de la journée du 14, une nouvelle ligne de grain déclenche des orages de neige sur une bonne partie de la Wallonie.

Le 24 janvier, la deuxième offensive sérieuse de cet hiver prend place. Une perturbation en cours d'occlusion traverse la Belgique du nord-ouest au sud-est, avec en conséquence un secteur chaud en altitude se refermant progressivement. Cette perturbation donne de la neige en quantité et des intermèdes de pluies verglaçantes, provoquant de gros embarras de circulation. Il tombe parfois jusqu'à 10 cm de neige lourde dans l'est de la Belgique. Voir notre dossier spécial.

Namur sous la neige au matin du 24 janvier. Auteur: L. Lili.

Ce premier mois de l'année 2015 est décidément bien orageux, puisque le 28 janvier dans l'après-midi, un puissant front froid glisse sur nos régions, accompagné d'éclairs, de grêle et de vent.

Le lendemain 29, de l'air très froid en altitude (-36°C à 5000 mètres d'altitude) arrive au-dessus de la Belgique et génère un régime d'averses hivernales (grésil, pluie-neige mêlée, neige) sur la plupart des régions. La neige tient durablement au-dessus de 300 mètres d'altitude, temporairement en-dessous. C'est surtout le massif ardennais qui est concerné puisque les averses s'y succèdent tout au long de la journée et la nuit suivante, amenant une accumulation de neige de 10 à 20 cm.

La neige à Xhoffraix au soir du 29 janvier. Auteur: A. Saint-Rémy.
 
Le 30 janvier, une dépression hybride issue d'un Polar Low traverse nos régions en matinée et en début d'après-midi, en suivant la frontière franco-belge. Il neige abondamment pendant plusieurs heures sur une large bande de part et d'autre de la frontière, avec parfois jusqu'à 10-15 cm de neige fraîche. Sur le massif ardennais, les cumuls deviennent conséquents.

L'épisode de temps froid et neigeux commencé fin janvier se poursuit début février. Le 1er, des averses hivernales continuent à se succéder sur la plupart des régions. Sur le massif ardennais, elle sont de neige ferme et continuent d'épaissir une accumulation déjà conséquente. Les jours suivants, les averses faiblissent, mais le temps reste froid. L'Ardenne reste bien à l'abri du léger dégel qui s'opère certains jours en Basse et Moyenne Belgique.

La fagne de Malchamps, au sud de Spa, le 3 février. Auteur: D. Defourny.
 
Le 2 mars, deux creux d'altitude associés à une bonne dynamique balayent la Belgique et apportent à chaque fois des orages. Le premier passe dans le courant de la nuit du 1er au 2, apportant de bonnes averses de grésil mais une activité électrique assez faible. Le second, l'après-midi du 2, est bien plus actif, et est visible sous la forme d'un trait bleu gras sur l'image en haut à gauche de la composition ci-dessous. Des orages modérés éclatent alors en de nombreuses régions. Ils se font particulièrement remarquer à Charleroi (averse de grêle > 2 cm) et en province de Liège (grésil et activité électrique bien présente, comme le montre l'image en bas à droite). Dans l'ensemble, comme en atteste l'image en haut à droite, les orages ont été bien présents: les impacts les plus vieux sont en bleu et mauve (la nuit du 1 au 2), les plus récents en violet-rouge-orange-jaune (l'après-midi du 2).


Orage en début de soirée du 2 dans la région de Waremme (auteur: G. Maillard).

Le 29 mars en soirée, une petite dépression se creuse dans un gradient de pression déjà resserré et passe sur la Mer du Nord. Elle déclenche un épisode de coup de vent, avec des rafales atteignant le seuil de la tempête sur les côtes. On relève 101 km/h à Zeebruges, 94 km/h à Ostende et au Mont-Rigi, 90 km/h à Zaventem, à Ernage et à Gosselies. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les rafales atteignent 93 km/h à Lille et 104 km/h à Boulogne.


Le 31 mars en fin de nuit et en matinée, une nouvelle dépression très creuse pour la saison circule à nouveau sur la Mer du Nord. L'épisode de tempête qu'elle engendre est plus intense que celui survenu trente-six heures plus tôt. Les plus fortes rafales atteignent 106 km/h à Lille et à Boulogne, 113 km/h à Dunkerque, 105 km/h à Zeebruges, 101 km/h à Saint-Hubert, 100 km/h à Elsenborn, 97 km/h à Humain, 94 km/h à Ernage, 90 km/h à Bierset, au Mont-Rigi, à Uccle et à Chièvres. Aux Pays-Bas et en Allemagne, le vent est encore plus fort avec des rafales approchant les 120 km/h. Cette tempête tardive provoque pas mal de dégâts. En soirée, des orages parfois accompagnés de grêle éclatent un peu partout sur la Wallonie.



Orage au-dessus de Namur au soir du 31 mars (auteur: L. Chiaradia).

Les 4 et 5 mai, des orages traversent à plusieurs reprises nos régions. S'ils restent faibles à modérés, ce n'est pas le cas des Pays-Bas et du nord-ouest de l'Allemagne qui connaissent une offensive particulièrement intense l'après-midi du 5 mai.

Le 21 mai, on relève -1,0°C à Elsenborn et -0,7°C à Buzenol comme températures minimales.

Le 5 juin, une brutale invasion d'air tropical engendre une envolée des thermomètres: on relève ainsi 34,0°C à Kleine-Brogel, 32,9°C à Bierset et 32,0°C à Gosselies. En fin d'après-midi et en soirée, une virulente dégradation orageuse prend place sur pratiquement toutes les régions. Plusieurs supercellules sont observées dont une particulièrement violente sur le centre du Nord-Pas-de-Calais. Des dégâts sont signalés un peu partout dans cette région et en Belgique. Des grêlons de plusieurs centimètres sont observés.


Activité électrique sous l'un des nombreux orages concernant la Belgique au soir du 5 juin (Auteur: Le Chroniqueur météo).

Le début du mois de juillet est marqué par une sévère canicule avec des températures supérieures à 35°C sur certaines stations les 1er, 2 et 4 juillet. Le record de la plus haute température minimale à Uccle est battu avec 24,5°C (contre 23,8°C). Lien vers l'article spécial: Canicule

Dans l'après-midi du 5 juillet, deux violents orages éclatent sur la province de Liège en adoptant un caractère supercellulaire, l'un d'entre eux déversant des grêlons jusqu'à 6 cm de diamètre sur la région de Verviers et de Battice. De nombreux dégâts sont à déplorer. Lien vers le compte rendu de Belgorage: Actualités orages 5 juillet 2015


Grêlon récolté à Battice après le passage de l'orage. Auteur: A. Dolce.


Image radar des deux supercellules en province de Liège (source: Université de Bonn).

La nuit du 16 au 17 juillet, plusieurs endroits en Belgique et dans le nord-est de la France expérimentent un phénomène assez rare dans nos contrées: le heat burst. La température s'élève de plusieurs degrés en pleine nuit tandis que l'humidité relative de l'air diminue fortement et que le vent se lève. A Wepion, près de Namur, le thermomètre passe ainsi de 20,3°C à 2h20 à 26,1°C à 2h50, avec une humidité relative passant de 81 à 53% dans le même laps de temps. La station Meteo Belgique de Vaux, près de Bastogne, enregistre une hausse de 8°C, passant de 20 à 28°C. Mais c'est en France, à Troyes, que le heat burst est particulièrement marqué. Les températures s'élèvent ainsi de 24°C à 33°C entre minuit et 1h00, alors que l'humidité relative descend à seulement 13% et que des rafales de vent de 70 km/h sont signalées. Ces heat burst sont associés à de faibles orages se formant dans des cumulonimbus à base élevée (altocumulonimbus) en cours de dissipation. Les orages sont par contre bien consistants sur l'extrême sud de la Belgique et le département des Ardennes où ils frappent avant l'aube.
 
Le 3 août, une dépression profonde - et esthétique - pour la saison se positionne à l'ouest de l'Irlande et pilote un flux d'air d'origine tropicale sur nos régions. On relève 33,9°C à Kleine-Brogel, 33,8°C à Charleville-Mézières, 32,7°C à Bierset, 32,5°C à Buzenol, 32,2°C à Ernage, 31,9°C à Uccle, 31,3°C à Gosselies et 31,1°C à Lille.


La dépression à l'ouest de l'Irlande le 3 août en début d'après-midi.

Le 7 août connaît deux salves orageuses particulièrement actives au sud du sillon Sambre-et-Meuse. La première prend la forme d'un train d'orages entre le département des Ardennes et le Limbourg et dure toute la deuxième partie de nuit avant de se décaler vers Liège au petit matin. La seconde en fin d'après-midi et en début de soirée concerne grosso modo les régions au sud-est d'une ligne Couvin - Liège.

Le 13 août est très lourd, chaud et humide. Une dépression centrée sur la Bretagne pilote un flux de sud et un vaste secteur chaud sur l'Europe de l'ouest, avec une convergence marquée gagnant la Belgique depuis la France. En fin d'après-midi et en soirée, des orages organisés en QLCS apparaissent sur le Nord-Pas-de-Calais, le Hainaut et Namur puis progressent vers le nord-nord-ouest, provoquant des dégâts particulièrement nombreux dans le nord de la France et le Hainaut. Les orages sont forts, localement violents. L'IRM détecte 30 000 éclairs au-dessus de la Belgique.


Arcus précédant le QLCS sur la côte belge. Auteur: A. Fetteke.

Le 15 août, un front occlus traîne sur la Belgique - il pleut presque 18 heures sur la région de Charleroi - et les cumuls finaux sont importants. Dans le Hainaut, certains d'entre eux dépassent les 50 mm. Ces pluies perturbent les festivités du 15 août à Liège où il pleut aussi abondamment.

La fin août est lourde et particulièrement orageuse. Le 29, un énorme front chaud ondule sur nos régions et sépare l'air tropical au sud de l'air maritime plus fais au nord, générant une zone de conflit massive. La nuit du 29 au 30, des orages éclatent sur l'ouest, guidés par ce front qui remonte lentement vers le nord, et où de forts cisaillements de vent sont présents. Des supercellules sont signalées de Arras à Nivelles (grêlons de la taille d'une balle de ping-pong dans le nord du Hainaut et l'ouest du Brabant wallon) et sur un axe Le Touquet - Gand. Sur la région de Kortemark en Flandre occidentale, un downburst endommage des toits et arrache des arbres.


Animation radar en deuxième partie de nuit (Source: Meteo France).

La journée du 30 août est atroce de lourdeur. Les indices humidex dépassent les 40 dans le centre de la Wallonie (températures de 30 à 32°C) en raison d'une importante humidité relative dans les basses couches. En soirée, un axe orageux se constitue à la faveur d'une petite dépression remontant le long des côtes de la Manche. Celle-ci rend les cisaillements de vent importants et augmente le contraste entre l'air marin et l'air tropical occupant une grande partie de la Belgique. Cette limite prend la forme d'un front ondulant. Les orages se succèdent donc pendant plusieurs heures le long des côtes, certains prenant des caractéristiques supercellulaires supposées.

L'après-midi du 31 août, une sévère dégradation orageuse concerne une large bande depuis Lille jusqu'à Anvers. Plusieurs cellules très actives se dirigent depuis le Nord-Pas-de-Calais en direction des Pays-Bas via le Hainaut et la région de Anvers. Une supercellule est observée sur la région de Lille où des inondations sont signalées. Une autre possible supercellule se serait déplacée du Hainaut vers Anvers en passant à l'ouest de Bruxelles. Des grêlons et quelques dégâts dus au vent ont été signalés, mais ceux-ci restent dans l'ensemble assez peu importants.


Impressionnante activité électrique entre 14h30 et 16h30 (source: Lightningmaps).

Le matin du 1er septembre, des orages éclatent dans le sud-est de la Belgique. Il pleut d'ailleurs énormément sur ces régions avec 38 mm à Buzenol et 26 mm au Mont-Rigi.

Le 16 septembre, l'arrivée de l'ex-tempête tropicale Henri s'accompagne d'une brutale bouffée d'air tropical. Des orages parfois forts éclatent dans l'après-midi, organisés en QLCS. A l'avant, une supercellule isolée est même responsable d'une tornade dans la région de Melreux. Voir dossier spécial: Des Bermudes à l'Europe: Henri et les orages du 16 septembre 2015.


La tornade passant sur Melreux vers 16h00 ce 16 septembre (auteur: E. Cockx).

Octobre, après avoir commencé dans la douceur, voit se produire une période de temps froid remarquable sinon exceptionnelle entre le 13 et le 16 octobre. De la neige est observée sur le sud-est de la Belgique, où une fine accumulation est parfois observée.

La première décade de novembre est exceptionnelle de douceur, explosant le précédent record datant de novembre 2011: avec 13,7°C de moyenne, l'anomalie est énorme avec un excédent de +5,2°C par rapport aux normales saisonnières! Plusieurs journées sont incroyablement douces, avec des maximas approchant ou dépassant les 20°C. Ressemblant au 1er novembre...2014, le crû 2015 est la Toussaint la plus douce depuis le début des mesures dans plusieurs stations avec 20,8°C à Uccle et 19,7°C au Mont-Rigi, le tout sous un franc soleil digne de l'été. Par contre, la Lorraine belge passe la journée dans le brouillard, empêchant les températures d'y monter. Quelques jours plus tard, c'est un autre record qui tombe: la nuit du 6 au 7, le minimum s'établit à 16,4°C à Uccle, bien au-dessus de ce que nous sommes en droit de connaître en termes de températures maximales à cette époque de l'année! C'est la nuit la plus douce jamais enregistrée en novembre.

La nuit du 17 au 18 novembre, une tempête concerne le nord de la Belgique, avec des rafales jusqu'à 108 km/h à Stabroek (Anvers), 101 km/h à Ostende et à Koksijde et 105 km/h à Zeebruges. Ailleurs, le vent souffle également en fortes rafales avec 94 km/h à Charleroi, à Ernage (Gembloux) et à Humain (Marche-en-Famenne).

Le 17 décembre, c'est presque le printemps. Les arbres bourgeonnent et les premières fleurs se montrent. Il fait 16,0°C à Uccle, du jamais vu à cette date.