Après une journée exceptionnellement chaude pour une fin d'été (35°C), le soleil vient de disparaître derrière l'horizon qui se teinte de rouge avec la poussière en suspension dans l'air. Au-dessus, des bancs d'altocumulus castellanus sont pour le moment l'unique marqueur de l'énorme quantité d'énergie atmosphérique prête à alimenter les orages... et quels orages! L'air lourd et immobile fait un parfait "calme avant la tempête".
Pourtant, c'est sans conviction que nous avons quitté Liège, appelés par de lointains cumulonimbus ardennais rosés par le soleil déclinant. Je savais l'instabilité très forte, mais le manque de dynamique et l'air sec entraînaient chez moi une certaine interrogation. Les modèles auront par ailleurs eu énormément de difficultés à cerner cet épisode de fin d'été...
Depuis le dernier tige (ou crête) du Condroz au-dessus de Bonsin, nous contemplons le distant bombardement d'un premier orage très électrique. Ce foyer est relativement lointain, car encore sur le massif ardennais dont on observe la première crête à l'horizon. Une trentaine de kilomètres nous sépare à ce moment. A noter qu'un autre orage bien plus proche se trouve sur la gauche de la photo, mais est bien moins actif à ce moment-là, avec une activité électrique très irrégulière.
A plusieurs reprises, de vives lueurs verdâtres sont visibles à proximité des impacts, occasionnées par les court-circuits du réseau haute tension qui se fait foudroyer quelques fois ce soir-là. Pour se repérer, la concentration de lumières sur la droite est la ville de Marche-en-Famenne.
A plusieurs reprises, de vives lueurs verdâtres sont visibles à proximité des impacts, occasionnées par les court-circuits du réseau haute tension qui se fait foudroyer quelques fois ce soir-là. Pour se repérer, la concentration de lumières sur la droite est la ville de Marche-en-Famenne.
Le foyer le plus proche, juste à l'est de Marche, se réactive brutalement et donne quelques belles chutes de foudre. Les cellules ardennaises semblent lui répondre à coups de décharges intranuageuses.
Dans les minutes suivantes, les foyers ardennais se renforcent et commencent à former une ligne à l'activité électrique quasi incessante. Plutôt que de se diriger vers nous, elle semble aller vers la région de Ciney. Au-dessus de nos têtes, c'est une base bien sombre et compacte (que l'on voit par ailleurs sur l'image ci-dessus, en haut) qui me met en garde... J'imaginais que ça bouillonnait là-haut, et notre point de vue très exposé gagnait en insécurité face au risque de foudroiement si un nouvel orage venait à naître au sein de cette masse menaçante... De premières lueurs finissent par sonner l'alerte, le matériel est vite embarqué et nous mettons le cap sur la région de Havelange plus au nord-ouest, localité située sur la trajectoire de la ligne explosive.
Tout au long de la route, la noirceur nocturne s'imposant dévoile le stroboscope, laissant monter l'espoir de connaître un grand spectacle. Problème, nous nous aventurons dans une région que je ne connais que très peu, notamment pour les points de vue, et les villages traversés aux noms aussi champêtres que Méan, Maffe, Verlée... ne me sont absolument pas familiers!
Havelange se trouve au nord-est de Ciney (source: Kachelmann Wetter).
Arrivés sur un deuxième point de vue trouvé à la sauvette près de Flostoy, c'est un ciel malade qui nous accueille. L'orage arrive seulement sur Ciney, mais malgré la dizaine de kilomètres nous séparant encore, la débauche d'énergie de ce mastodonte fait forte impression. Il y a au bas mot trois à quatre flashes par seconde lors des phases les plus intenses. Dans notre dos, l'orage qui était tout à l'heure à l'est de Marche s'en va claquer sur Liège après s'être considérablement intensifié, et d'énormes éclairs rayonnant depuis sa tour d'alimentation sont parfaitement visibles depuis notre point de vue.
Une vidéo en vitesse réelle pour donner une idée de l'intensité de l'activité électrique de cette ligne orageuse stroboscopique par ailleurs précédée d'un bel arcus:
Plus à l'est, un autre petit foyer est temporairement actif près de notre précédent point d'observation à Bonsin. L'ambiance est saisissante avec cette multitude d'éclairs qui dansent tout autour de nous tandis que nous restons au calme dans l'air chaud. Un grillon qui chante quelque part dans les fourrés derrière nous ajoute à la magie de cette scène, avec le tonnerre ronronnant et pas un souffle de vent.
A présent sous l'arcus, le vent s'est levé et souffle en rafales. Le grillon derrière nous s'est tu, et le tonnerre commence à bien se faire entendre. Ce dernier coup de foudre puissant pris à la sauvette avant de déguerpir révèle l'arrivée des précipitations. La "brume" au niveau du sol, sur la droite de la photo, n'est rien d'autre que le puissant front de rafales de l'orage, soulevant la poussière et auquel viennent se mêler les premières gouttes. L'aspect très menaçant et violemment électrique de cet orage nous incite à nous écarter de son passage, par crainte de fortes chutes de grêle (ce qui a effectivement lieu en ce moment sous ce foyer, comme nous l'apprendrons plus tard). Nous quittons ainsi Flostoy sous les volées de feuilles et de branchages.
A présent sous l'arcus, le vent s'est levé et souffle en rafales. Le grillon derrière nous s'est tu, et le tonnerre commence à bien se faire entendre. Ce dernier coup de foudre puissant pris à la sauvette avant de déguerpir révèle l'arrivée des précipitations. La "brume" au niveau du sol, sur la droite de la photo, n'est rien d'autre que le puissant front de rafales de l'orage, soulevant la poussière et auquel viennent se mêler les premières gouttes. L'aspect très menaçant et violemment électrique de cet orage nous incite à nous écarter de son passage, par crainte de fortes chutes de grêle (ce qui a effectivement lieu en ce moment sous ce foyer, comme nous l'apprendrons plus tard). Nous quittons ainsi Flostoy sous les volées de feuilles et de branchages.
Après cet écart et un voyage de conserve sur le flanc droit de ce gros multicellulaire, nous contemplons les multiples chutes de foudre sur Huy, à quelques kilomètres de distance.
Le passage au-dessus de Huy et de la vallée de la Meuse ne perturbe nullement la progression de cet orage dont l'activité a à peine faibli par rapport à tout à l'heure. La foudre et les flashes continuent de se répondre mutuellement.
Près de Nandrin et pas très bien situés (fichue ligne à haute tension...), nous voilà désormais à une certaine distance du foyer orageux. Celui-ci a passé la Meuse et se trouve au nord-ouest de l'agglomération liégeoise.
Le passage au-dessus de Huy et de la vallée de la Meuse ne perturbe nullement la progression de cet orage dont l'activité a à peine faibli par rapport à tout à l'heure. La foudre et les flashes continuent de se répondre mutuellement.
Près de Nandrin et pas très bien situés (fichue ligne à haute tension...), nous voilà désormais à une certaine distance du foyer orageux. Celui-ci a passé la Meuse et se trouve au nord-ouest de l'agglomération liégeoise.
Un dernier pour la route! Ces orages ont apporté une certaine fraîcheur bienvenue sur leur trajectoire, tandis que le reste du pays assistant de loin à ce brasier électrique passera une nouvelle nuit étouffante.
Ce que j'ignorais sur le moment, c'est que cet épisode que je voyais comme un one-shot pour clore la saison inaugurait en fait une reprise et un automne plutôt animé, avec des orages sympathiques le 15 septembre, le 1er octobre, et même encore à la mi-novembre!
Plus d'infos sur cette offensive très électrique: Article de Belgorage
