vendredi 16 octobre 2015

Mi-octobre 2015 : un Moscou-Paris automnal

Vers la mi -octobre 2015, un coup de fraîcheur et de froid frappa une assez grande partie de l'Europe, amenant des températures qui n'avaient plus été observées depuis au moins 40 ans en Europe Occidentale, de la neige à très basse altitude en Allemagne, Belgique, France, et pays environnants, ainsi que des quantités de poudreuse assez impressionnantes dans les pays d'Europe Centrale.




Russie

Tout a commencé comme souvent en Russie le 5 octobre. La partie occidentale se trouve encore sur le flanc Sud-Est d'un anticyclone centré sur la Scandinavie. A Moscou, la température est encore clémente. Cependant, sur le flanc Est de la haute pression descend de l'air froid. Le front précédant cet air froid approche de la capitale russe :

Moscou enregistre le 5 octobre 2015 des températures maximales supérieures à 17°, encore bien élevées pour la saison. Le 6 octobre, après le passage du front froid, la température stagne à 7.5°, soit une chut de 10° en 24h. La nuit suivante, la capitale russe enregistre sa première gelée de la saison froide, à -1.3°, soit 1 jour avant la date moyenne. Rien d'anormal jusque là.


Evidemment, on notera la chute en paliers de la température depuis le mois de septembre. Mais la Russie est coutumière de cette évolution drastique avec son climat continental. Octobre est un mois charnière entre l'été et l'hiver. La température continue à baisser pour se rapprocher du 0° en pleine journée, de telle sorte que les soirées et les matinées sont blanches près du Kremlin :


Bataille Est-Ouest

Pendant ce temps, l'Europe Occidentale se trouve dans son air maritime assez doux. A Uccle, on enregistre encore 19.7° le 6 octobre. Une crête anticyclone issue de la haute pression des Açores se développe sur la façade atlantique à l'avant de l'ancien ouragan Joaquin :

On commence à deviner les futurs acteurs du Moscou-Paris automnal : d'abord, l'ouragan Joaquin entraîne avec lui une masse d'air bien chaud qui aide à la constitution de la haute pression sur l'Europe Occidentale par afflux d'air tropical à son avant, et la haute preession arctico-scandinave qui fait plonger l'air froid sur la Russie et qui commence à envahir l'Europe Centrale. Entre les 2, une multitude de fronts séparant l'air maritime doux de l'air froid. Sur la carte des températures du 9 octobre, la différence commence à bien se marquer : 


En effet, Paris, Bruxelles, et Londres enregistrent encore une grosse quinzaine de degrés tandis que Varsovie tombe à 8° et la Biélorussie passe en-dessous de 5°. Le 11 octobre, par retour d'Est, un petit front froid très affaibli nous revient et traverse la Belgique pendant la nuit de samedi à dimanche. Il est peu perceptique dans les cieux mais il marque la limite de l'air continental qui envahit nos régions. 

Dès lors, la température ne va faire que baisser. Le dimanche 11, la maximale atteint 13° malgré le soleil, soit 3° en-dessous des normales saisonnières. Le 12 octobre, au petit matin, Uccle descend à 2.4°, mais c'est toute la Belgique qui se rapproche du 0°. Elsenborn plonge à -2.3°, la température la plus basse depuis l'hiver précédent :


Pologne

Pendant ce temps, et d'une manière assez classique, tandis que les hautes pressions règnent en maître sur le Nord du continent, les dépressions se sont refugiées dans le Sud. Ainsi, une dépression sévit sur l'Italie et les Balkans et tend à remonter vers le Nord, entrant ainsi en collision directe avec l'air froid qui déboule sur la Pologne :


Comme on peut le voir, le modèle de prévision numérique entrevoit de la neige dans le Sud de la Pologne le 12 octobre, mais aussi la Slovaquie et d'une manière générale les Carpathes. Les photos de paysage hivernal ne se sont pas fait attendre. Par endroits, c'est plus de 20 centimètres de neige qui sont tombés.


Europe Occidentale

Pour l'Europe Occidentale, le clou du "spectacle" devait encore arriver. Sur la mer du Nord, une goutte froide s'engagea pour casser la barrière anticyclonique en deux. Après plusieurs jours d'hésitation, les modèles avaient pu enfin appréhenser sa trajectoire ... sur nos régions. Dès lors, avec une température de -3/-4° au niveau 850 Hpa, soit 1400m, les premiers flocons pouvaient être prévus par notre équipe au petit matin du 14 octobre sur les sommets :

Cette goutte froide va d'abord s'engager sur l'Ouest de l'Allemagne où elle finira par structurer un très bel enroulement qui reviendra par l'Est sur nos régions et les Pays-Bas. Les premières neiges peuvent tomber sur les Ardennes néérlandaises, belges, et françaises. Le 13 octobre, on relève des températures très basses pour la saison en Belgique, jusqu'à 10° en-dessous des normes.


Ainsi, à côté des 1 à 2cms relevés sur les sommets de notre Belgique, le toit des Pays-Bas, à plus de 300m enregistre aussi ses premiers flocons :


Le 15 octobre, la goutte froide s'est déplacée vers le Sud, recouvrant la France. Après l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, c'est maintenant à nos voisins du Sud de découvrir les premiers assauts de la saison froide :


La veille, on avait déjà enregistré 2.8° à Langres, 4.8° à Epinal, et 5.1° à Nancy. Le 15 octobre, on enregistre 4.6° à Belfort, 5.3° à Vichy et 5.5° à Aurillac. Il neige à basse altitude, dans le Morvan, à 600m dans le Massif Central avec accumulation dès 1000m. Les vignobles de Bourgogne sont blancs :


Le 16 octobre, le froid continue de couler vers le Sud avec des gelées dans le Sud-Ouest :-4.2° à Aurillac, -3.6° à Rodez, -3.0° à Bergerac, -1.8° à Brive, -0.9° à Angoulême.

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