Pour faire une saison réussie, les orages nocturnes sont à mes yeux indispensables. La nuit du 17 au 18 juin fut donc l'occasion de retrouver les ambiances si particulières, tantôt fascinantes, tantôt menaçantes, des stroboscopes célestes.
En quittant mon domicile vers 23h00, j'ignorais alors que je m'embarquais dans une chasse jusqu'aux premières lueurs du jour. De prime abord, un orage très actif qui progressait sur l'est de l'Aisne constituait le premier élément d'attention. Alors que je me place près de Sombreffe, les lueurs orangées sont bien visibles au lointain horizon sud-sud-ouest. L'heure tournant, l'orage franchit la frontière, ravit les chasseurs présents en Entre-Sambre-et-Meuse et exhibe une solide organisation supercellulaire. Autre signe d'un orage peu commun, le tonnerre est parfaitement audible, très sourd, alors que le foyer est encore à la frontière. Ca fait tout de même un paquet de kilomètres...
Toutefois, la bestiole semble de plus en plus viser le nord du Namurois, où j'ai quelques bons spots. Son déplacement étant relativement lent, je peux aisément aller me replacer juste au nord de Gembloux pour assister à l'arrivée du monstre, sa signature électrique laissant entrevoir une grosse vigueur au sein de ce cumulonimbus débridé.
L'image suivante montre la chute d'un extraordinaire coup de foudre positif parti de l'enclume de l'orage. Evidemment, l'appareil photo n'était pas du tout paramétré pour capter ce genre de chose...
En abordant la Basse Sambre, ce foyer si prometteur semble commencer à perdre de sa superbe. En échange, l'activité électrique très intense et intranuageuse faiblit progressivement en laissant la place à un festival d'internuageux. Les photos suivantes sont prises entre 0h55 et 1h10 (cliquer dessus pour un affichage avec une meilleure résolution):
Passé 1h15, ce foyer arrive à mon niveau, mais est vraiment à l'agonie. Rares sont les éclairs, mais ces derniers valent la peine qu'on leur consacre de l'attention:
Dans les minutes qui suivent, les restes de la cellule laissent tomber une petite pluie sur mon point d'observation, avant de reprendre vigueur en se dirigeant vers Jodoigne, avec une activité électrique somme toute modérée. A l'inverse, de nouveaux clignotements bien plus insistants se faisaient à nouveau entrevoir à l'horizon sud-sud-ouest.
Vers 2h15, cette nouvelle cellule transite sur la région de Philippeville et de Florennes en arborant une structure dantesque, digne des supercellules américaines. En effet, nous avons à nouveau affaire à un orage peu ordinaire.
Depuis Ernage, rien de tout cela n'est visible. Par contre, l'activité électrique devient très intense, avec un éclair toutes les une à deux secondes.
Par moments, des internuageux rampent sous l'enclume ou jaillissent à l'avant du noyau dur. Un tel comportement de l'activité électrique est signe d'un orage très organisé.
Quand ce ne sont pas des coups de foudre, rares mais souvent positifs, qui se manifestent:
Une petite vidéo pour donner un meilleur aperçu de la cadence électrique:
La débauche d'énergie de ce mastodonte est impressionnante, impression renforcée lorsque, peu avant 3h00, l'approche finale de cet orage s'accompagne d'un tonnerre continu et puissant. De quoi se sentir tout petit dans l'attente de la claque:
Finalement, le noyau dur m'évite d'un ou deux kilomètres, alors que je m'attendais au pire vu l'activité. Une pluie forte mais non diluvienne s'abat sur mon point d'observation, tandis que le ciel s'illumine pratiquement en continu. Une fois le coup de tabac passé, je quitte Ernage pour suivre cette furie sur ses talons, à distance toutefois raisonnable... Et en prenant garde aux nombreuses accumulations d'eau sur la route de Thorembais.
A Thorembais justement, je tombe sur François par le plus grand des hasards. Entre-temps, j'avais repéré dans mon rétro une troisième salve envoyée par l'Entre-Sambre-et-Meuse qui, à l'instar du second orage qui s'en va cogner l'est du Brabant wallon, se renforce en atteignant la Basse Sambre. Nous nous repositionnons rapidement sur un point de vue au nord-est de Thorembais pour accueillir ce troisième orage.
Bien qu'hybride, ce troisième orage laisse suspecter la présence d'un mésocyclone au sein de ces masses menaçantes, et donc une origine à nouveau (possiblement) supercellulaire. Une rotation semble se deviner en passant le paquet de photos que je prends avant l'arrivée du grabuge, mais difficile d'être absolument catégorique...
Après un repli dans la voiture alors que l'arcus nous fonçait dessus (il commencera à dracher juste après), nous laissons passer ce troisième coup de tabac, avec personnellement une impression de puissance qui égale pratiquement celle du second orage. Cette fois, la pluie est diluvienne et le vent s'y met aussi. Côté activité électrique, ce n'est pas en reste, loin de là, très similaire à l'orage précédent.
Le noyau dur passe assez rapidement et s'éloigne vers Jodoigne, tandis que les toutes premières lueurs de l'aube commencent à se faire voir. Il est en effet passé 4h00 du matin, et il y a une journée de boulot à assurer dans quelques heures! Après un rapide débrief avec François qui a l'air aussi fatigué que moi, je reprends la route vers Namur. L'aube s'affirme, les premiers oiseaux gazouillent, et dans mon rétro, le show céleste s'éloigne en Flandre avec sa kyrielle d'éclairs. Encore une nuit que je n'oublierai pas de si tôt...