mercredi 11 mars 2020

La Wallonie façon "douceur angevine": essai de prospective climatique

Dimanche 23 février. Alors que la Belgique est balayée par la "tempête" Yulia, le troisième épisode venteux significatif du mois, je m'installe et ouvre un nouvel article sur le blog, celui que vous commencez à lire en ce moment. Depuis plusieurs années, j'ai en tête cette idée de parler du futur de notre climat, et ce ne sont pas les brouillons jamais achevés dans l'interface du site qui me contrediront. 

Pourquoi en parler maintenant? Comme toujours, pour diverses raisons. Premièrement, parce que nous en avons parlé entre nous ces derniers jours, deuxièmement, parce que nous voyons déjà des changements dans le comportement de notre météo (l'hiver qui se termine actuellement en est un de plus), troisièmement parce que nous voyons apparaître ces dernières années beaucoup de propos parfois aberrants nous présentant un portrait parfois idéalisé, parfois catastrophiste, de notre climat futur, et enfin parce que la désinformation de mes concitoyens à propos des conséquences du réchauffement climatique grandit, abreuvée par des reportages biaisés de médias cherchant parfois davantage le buzz qu'une présentation réfléchie des faits et autres films de fin du monde façon Hollywood.

Toutefois, le but n'est pas de tomber dans l'extrême opposé et tout nier en bloc. Nous le répétons, oui le réchauffement climatique existe, et oui il est (ou tout du moins en partie) le fait des activités humaines. L'objectif de cet article n'est pas de redébattre sur ce point, mais plutôt, en prenant pour acquis la poursuite linéaire du réchauffement (ce qui reste une hypothèse), de tenter d'entrevoir les balises de ce que serait notre météo et notre climat wallon (et par extension, bruxellois, est-flamand, nord-français...) dans quelques décennies.

 Namur, sa citadelle, la Meuse... sous un franc et chaud soleil au milieu du printemps 2018. L'impression est pleinement estivale, alors que nous ne sommes que le 6 mai (auteur: Le Chroniqueur météo).


La Belgique n'est et ne sera pas un pays méditerranéen

Faisons sauter d'emblée cette pensée qui vient en tête d'une bonne part de la population lorsque, au détour d'une conversation, on en vient à parler du temps des prochaines décennies (j'ai moi-même pu l'expérimenter à quelques reprises!): le futur de notre climat "proche" n'est pas en Méditerranée. Penser que, demain, Namur aura le temps et la chaleur de Narbonne ou d'Avignon, c'est faire fi de la réalité géographique des contours terrestres du continent européen. Et pourtant, voici quelques mois, un reportage de la RTBF nous avait présenté un Bruxelles du futur façon San Marino, voire carrément Camberra ou Montevideo. Pour les deux dernières, la différence géographique permet déjà de battre en brèche: la capitale de l'Uruguay est une ville maritime, ce que Bruxelles n'est pas, et ne sera sans doute pas dans les prochaines siècles. On peut envisager un réchauffement cataclysmique de 10 ou 15°C, ce n'est sans doute pas demain la veille que la Mer du Nord arrivera à Dilbeek ou Vilvoorde. Pour Canberra, la comparaison peut déjà être plus nuancée, mais c'est toutefois oublier que la capitale australienne a plusieurs milliers de kilomètres de continent par endroits désertique à son ouest.

Une fois de plus, ne nous faisons pas dire ce que nous ne relatons pas: une partie de la forêt de Soignes est bel et bien malade, tandis que les étendues conifères de l'Ardenne souffrent tout autant, notamment avec les ravages des scolytes observés depuis maintenant deux ans. Toutefois, il y a un juste milieu entre affirmer qu'il ne se passe rien et présenter des palmeraies dans la forêt de Soignes d'ici trente ou quarante ans. Même sur le pourtour méditerranéen côté Europe, on n'en trouve pas, à moins qu'on considère les rangées de la promenade des Anglais niçoise comme telle...

 Le Fondry des Chiens à Nismes en août 2017, un air de Midi quasi-méditerranéen au coeur de la Wallonie... mais malgré le réchauffement climatique, cela restera vraisemblablement l'un des seuls (auteur: Le Chroniqueur météo).

Car c'est bien là une variable intangible de notre géographie: dans dix, cent, mille voire même un million d'années, la Wallonie et ses environs auront toujours l'Atlantique à leur ouest, et probablement que le vent dominant en proviendra toujours. Il est certes vrai qu'il existe une tendance à observer davantage de flux méridiens suite au ralentissement du Jet-stream (donc plus de flux de nord ou de sud), mais la majorité des flux continue de venir du sud-ouest, de l'ouest ou du nord-ouest, trouvant à leur origine les masses océaniques de l'Atlantique. Or, ces masses océaniques sont moins promptes aux variations thermiques. Certes, elles s'échauffent, mais plus lentement que les terres. Les masses d'air provenant de l'Atlantique seront donc toujours modérément radoucies, en plus de transporter l'humidité nécessaire aux précipitations. Cette situation est bien différente de la Méditerranée qui, en plus d'être un réservoir de "fraîcheur" et d'humidité plus réduit, passe le plus clair de la saison estivale sous des cloches anticycloniques sans flux réellement établis et durables. Le Midi, l'Espagne et l'Italie ont donc tout le loisir de griller sous le soleil, le rafraîchissement que procure la Méditerranée à leurs côtes étant bien moins important.

Ce qui est propre aussi au pourtour méditerranéen, c'est de subir des orages diluviens et répétés à l'automne, lorsque le retour des dépressions à l'ouest de la France ou sur l'Espagne rétablit le flux de sud qui vient vider le contenu en vapeur d'eau de l'air sur les premiers massifs montagneux rencontrés. A ce jeu-là, la comparaison géographique ne tient pas non plus la route: le massif ardennais n'est pas les Cévennes ou les Préalpes, et Virton et Arlon ne seront pas les Alès ou Nîmes de demain, "habituées" à être inondées par de tels orages automnaux. Là où le Languedoc et la Provence ont la Méditerranée à leur sud, la Wallonie a le bassin parisien et la Lorraine, puis la Bourgogne, la Beauce, etc... rien qui ne puisse charger à saturation en humidité un flux de sud à l'instar de ce que fait la Méditerranée.

De Namur à Angoulême

Nous ne parlons pas ici d'un futur voyage (bien qu'Angoulême a l'air d'être une petite ville sympa, notamment pour les amateurs de bande dessinée) ni d'une hypothétique nouvelle connexion ferroviaire qui sortirait la Wallonie de son relatif isolement à l'international (mais ça, c'est un autre débat). Si nous évoquons ces deux villes dont les agglomérations sont par ailleurs assez similairement peuplées, c'est en écho à une conversation tenue il y a quelques années entre l'auteur de ces lignes et un grand féru de climatologie, français lui, et qui malheureusement ne passe plus souvent en interne. Venant de Nancy et prenant l'exemple de Namur (et de sa "superbe citadelle"), il nous annonçait tout-de-go que notre futur climatique se trouvait sans doute dans le centre-ouest de la France, Angoulême présentant une belle localisation s'il fallait prendre une ville particulière en exemple.
 
Au contraire de descendre plein sud pour aller chercher son exemple, il était plutôt parti au sud-ouest, à l'instar d'un touriste qui en aurait marre de la Méditerranée agitée de vacanciers en été et chercherait un peu plus de calme dans les terres charentaises. Belle analogie au climat par ailleurs, car celui de la Méditerranée, d'apparence si calme en été, peut être dévastateur les autres saisons, quand la plupart des vacanciers sont remontés plus au nord. Au contraire, le climat ouest-français semble un peu plus paisible, mais en insistant bien aussi sur le "semble", car lui aussi a ses sautes d'humeur.

Si notre amateur nancéen de climatologie nous envoyait prospecter aux confins du Poitou, c'est parce qu'il avait tenu compte de cette donnée invariable: nous aurons toujours les masses maritimes de l'Atlantique à notre ouest. Et pourtant, il n'était pas géographe! Toutefois, il avait mis le doigt sur quelque chose qui allait agiter nos méninges les années qui suivent: le climat wallon allait-il plutôt prendre l'A10, l'autoroute d'Aquitaine, que l'A6-A7, l'autoroute du Soleil?

Échappées belges climatiques

Prenons la carte d'identité climatologique d'Angoulême. Elle est basée sur la station de Cognac, un peu plus à l'ouest (source: Météo France pour les données de base, Wikipedia pour la présentation):


Et comparons à présent avec Namur (source: IRM):


Si nous prenons le mois le plus chaud, juillet, nous avons 21,0°C de température moyenne à Cognac et 17,8°C à Namur. Pour le mois le plus froid, janvier, ces chiffres sont respectivement 6,6°C et 2,5°C. Attention qu'il s'agit bien de la température moyenne d'une journée moyenne de juillet, il est évident que les après-midis sont plus chauds, comme les fins de nuit sont plus fraîches. Quoi qu'il en soit, on constate une différence d'un peu plus de 3°C pour l'été et de quasi 4°C pour l'hiver. Si l'on se base sur les modélisations présentées par l'IRM, on constate que 3-4°C de plus par rapport à aujourd'hui correspond à peu de choses près au scénario le plus chaud atteint fin de ce siècle. Le climat d'Angoulême appliqué à Namur correspond ainsi à un scénario assez chaud.

Si l'on sépare entre été et hiver, les tendances des dernières décennies présentées par l'IRM et prolongées jusqu'à la fin du siècle semblent donner des températures d'environ 2,5°C plus chaudes qu'aujourd'hui en été, et de 2,3°C en hiver.

Toutefois, l'auteur de ces lignes, s'il souhaite pouvoir faire l'autocritique de ce qu'il écrit en 2020, pourra difficilement le faire en 2100, étant donné qu'il serait alors âgé de 109 ans. Nous allons donc viser un horizon un peu plus proche, soit 2050-2060. A nouveau, en reprenant les données été et hiver des projections de l'IRM, nous obtenons et par rapport à aujourd'hui des saisons plus chaudes d'environ 1,7°C. Nous devons donc chercher des villes qui proposent aujourd'hui des températures plus élevées de 1,5 à 2°C en moyenne si nous voulons avoir une idée du climat du Namurois dans une quarantaine d'années.

D'emblée, Angoulême nous paraît trop extrême à cet horizon. Il est vraisemblable que cette ville représente ce que la Wallonie serait en droit d'attendre dans la première partie du 22ème siècle. Par ailleurs, la trop grande différence entre Namur et Angoulême (Cognac) en hiver met le doigt sur l'aspect trop maritime de cette ville, les masses d'air douces de l'océan tempérant le refroidissement hivernal des régions côtières. En effet, Cognac est beaucoup plus proche de la mer que ne l'est Namur. Ainsi, Angoulême ne représenterait non seulement que le climat du 22eme siècle (si la tendance observée ces dernières décennies est poursuivie de manière linéaire, rappelons-le), mais seulement pour une partie de nos régions, à savoir grosso modo l'ouest du Hainaut.

Pour trouver un climat plus doux de 1,5-2°C dans quarante ans, nous allons devoir remonter un peu au nord, mais aussi nous écarter quelque peu de la mer. Un vaste territoire entre Anjou, Touraine et Berry nous paraît intéressant.

Il est toutefois important de parler d'un léger biais que les normales peuvent induire. En effet, les normes actuellement en vigueur ont été calculées sur une moyenne des années entre 1981 et 2010. Les températures moyennes observées ces toutes dernières années sont peut-être déjà un peu au-dessous de ces normes 81-10 compte tenu de la poursuite du réchauffement climatique. Nous devons faire l'hypothèse que la proportion de ce dépassement des températures actuelles par rapport à la norme 81-10 est la même en Wallonie que dans notre territoire de recherche, permettant mathématiquement d'annuler le biais.

Jumelages climatique 2020-2060

Considérons une première ville de cet espace, Angers, préfecture du département de Maine-et-Loire et ayant donné son nom à la région qui l'héberge, à savoir l'Anjou. La station référence est celle de Beaucouzé et les normes illustrées ci-dessous sont celles de la période 1981-2010.




Pour juillet, la température moyenne d'Angers est de 19,2°C, là où celle de Namur est de 17,8°C, ce qui est une différence toute juste dans l'optique d'une augmentation de 1,5 à 2°C. En janvier, on note 5,0°C contre 2,5°C, ce qui est trop important. La station de Beaucouzé, si elle donne une idée pour l'été, n'est par contre pas représentative de notre hiver augmenté de 1,5 à 2°C. On note par ailleurs que la différence au printemps, notamment pour mai, est plus faible, avec 13,9°C pour Angers contre 12,8°C à Namur. Il s'agit d'une caractéristique du climat wallon (tout du moins son centre), qui a tendance à "chauffer" plus vite au printemps qu'en Anjou, là où les masses d'air venant de l'ouest sont rafraîchies par les eaux du golfe de Gascogne, encore froides à cette saison. On observe le phénomène inverse à l'automne. Ainsi, en octobre, Namur a déjà baissé à 10,5°C, tandis qu'Angers est encore à une moyenne de 12,7°C: ici, les eaux du golfe de Gascogne, conservant encore une partie de la chaleur de l'été, adoucissent les masses d'air se dirigeant vers l'Anjou.

En résumé, le climat actuel d'Angers est un peu trop maritime pour s'en servir comme exemple du climat wallon dans quatre décennies. Seul l'été angevin peut donner une idée de l'été namurois à moyen terme, mais nous allons prospecter d'autres villes.

Nous considérons à présent Tours, préfecture de l'Indre-et-Loire. Elle est située à environ 80 km à l'est d'Angers, et par sa localisation davantage à l'intérieur des terres, nous avons dans l'idée qu'elle peut donner un meilleur aperçu du climat du centre de la Wallonie à moyen terme. Les normes utilisées sont toujours celles de la période 1981-2010.


Rappelons les chiffres de Namur: la température moyenne de juillet est de 17,8°C, celle de janvier de 2,5°C. Le juillet de Tours donne une référence de 19,8°C, ce qui donne une différence acceptable. Pour janvier par contre, Tours reste encore un peu trop doux, même si c'est moins prononcé qu'Angers en raison d'une influence maritime comme attendue moindre. On note que le printemps, si l'on se base sur mai, donne aussi une différence dans l'ordre de ce qui est recherché. La différence automnale reste par contre similaire à Angers, un poil trop élevée.

A ce stade, nous pourrions donc déjà avancer que l'été namurois dans quatre décennies se trouve vraisemblablement entre Angers et Tours. Le printemps pourrait être celui de Tours. Par contre, à ce stade, nous n'avons pas encore trouvé de similitudes suffisantes pour l'automne et l'hiver.

Choix tout à fait arbitraire, nous choisissons de monter à Chartres, préfecture du département d'Eure-et-Loir.


Source: Meteo France

Seules les moyennes des maximales et des minimales étant disponibles pour Chartres, nous affichons ici celles pour Namur:

Janvier: moyenne minimale: -0,2°C, moyenne maximale: 5,1°C
Mai: moyenne minimale: 7,5°C, moyenne maximale: 18,1°C
Juillet: moyenne minimale: 12,5°C, moyenne maximale: 23,2°C
Octobre: moyenne minimale: 6,5°C, moyenne maximale: 14,4°C

Pour l'hiver, aussi bien la minimale que la maximale moyenne de janvier de Chartres sont juste en-dessous de la borne des +1,5°C que nous recherchons. Pour mai, la différence est par contre bien trop faible, quasi équivalente à ce qui est aujourd'hui observé dans le Namurois. Pour juillet, à nouveau, la différence entre Chartres et Namur est trop faible, bien que dans une moindre mesure qu'en mai (et quasiment acceptable pour les maximales). Pour octobre, la différence entre moyennes maximales est acceptable, tout juste trop faible pour les moyennes minimales.

Toutefois, ces moyennes de Chartres semblent représenter un extrême de notre spectre de recherche au-delà duquel, en cherchant vers Paris, nous risquons sans doute de nous éloigner de notre intervalle de recherche, pour rappel, quelque chose qui est de 1,5 à 2°C plus élevé que Namur aujourd'hui. Dans l'espace, il semble ainsi que notre territoire du futur été de Namur se retrouve quelque part entre Angers et Tours. Pour le printemps, il serait un peu décalé au sud de cet axe Anjou-Tourraine. Pour l'automne et l'hiver, il serait quelque part au sud-ouest de Chartres.

Bien sûr, cet exercice est une prospection, et nous souhaitions nous arrêter sur le premier territoire qui donnerait satisfaction. Il y en a d'autres, et par ailleurs, pour être précis, nous ne sommes pas convaincus que l'extrême ouest de la Wallonie suive exactement la même trajectoire. De même, que deviendra le massif ardennais? Si l'on suit une trajectoire parallèle, son futur climatique pourrait plutôt être celui du Limousin. Pareillement, la Lorraine belge, individualisée climatiquement du nord et du centre de la Wallonie par son climat aux teintes plus continentalisées, pourrait suivre une trajectoire la faisant passer par Troyes puis la diriger plus au sud-sud-ouest. Il faudrait toutefois refaire l'exercice pour ces différents territoires.

Nous n'avons pas investigué la question des précipitations, leur futur étant plus incertain. Par ailleurs, les trois stations françaises investiguées donnent toutes des quantités par mois en moyenne un peu moins élevées que dans le Namurois. Si cela est cohérent avec la plupart des modèles climatiques qui annoncent un certain assèchement des étés wallons en moyenne dans le futur, cela est plus contradictoire pour l'hiver, où les mêmes modèles semblent prédire davantage de précipitations.

Par ailleurs, il est important de noter que l'Anjou et la Tourraine connaissent déjà des étés parfois très secs. A supposer que la direction de la Wallonie soit celle-là, il est à supposer que les périodes de sécheresse pourraient devenir plus fréquentes dans le futur au coeur de l'été. Les importantes capacités de stockage du Condroz, véritable château d'eau de la région wallonne (au contraire de l'Ardenne où les nappes sont souvent restreintes), pourraient permettre d'amortir le choc si elles sont bien reconstituées lors des hivers.


Faudra-t-il s'habituer à ces paysages en été d'ici quelques décennies? Le plateau de Falmignoul près de Dinant, début juillet 2019, roussi par un important déficit pluviométrique et de fortes chaleurs les semaines précédentes (auteur: Le Chroniqueur météo).

L'été cédant la place à de plus régulières périodes de chaleur, les mi-saisons pourraient-elles devenir les plus agréables? La période fin avril-début juin pourrait, en théorie, devenir très agréable les jours ensoleillés, mais avec des nuits encore relativement fraîches. Il en serait de même pour la période début septembre - mi-octobre, avec une lumière douce accompagnant les tous premiers changements de couleur de la végétation. Les deux périodes citées n'abandonneraient toutefois pas le risque de connaître de temps à autre des coups de fraîcheur, accompagnés de pluies intermittentes. La Wallonie conserverait toujours ses brumes en octobre et novembre.

Quant à la question de la neige, il en tombe toujours dans la région Anjou-Tourraine à l'heure actuelle, mais pas toutes les années et les grosses accumulations sont rares. Vraisemblablement, les hivers wallons deviendraient moins neigeux en nombre de jours, mais le risque d'un épisode neigeux important ponctuel pourrait subsister, notamment sur le massif ardennais. Le nombre de jours de gel devrait, quant à lui, continuer à diminuer. A l'heure actuelle, connaître des températures sous -20°C en Wallonie (hors cuvettes ardennaises) est devenu très compliqué. D'ici quelques décennies, c'est descendre sous -15°C qui pourrait le devenir. Par contre, les semaines de temps gris, accompagnées de réguliers passages bruineux et pluvieux et de coups de vent, le tout entrecoupé d'assez rares éclaircies, pourraient constituer la plus grande partie de la météo hivernale wallonne dans le futur.

Le massif ardennais, Hautes-Fagnes en tête, pourraient devenir dans quelque décennies un lieu de pèlerinage pour les amateurs d'accumulations neigeuses conséquentes. La Baraque Michel en janvier 2017 (auteur: Le Chroniqueur météo).


Et après?

Voici donc le portrait de ce que pourrait être le climat wallon d'ici quatre ou cinq décennies. Que se passera-t-il ensuite? Si la hausse des températures se poursuit sur le même mode, il est vraisemblable que le climat wallon finisse par ressembler à celui de l'Angoumois, puis bien plus tard et si les tendances se poursuivent, à celui d'Agen ou d'Albi. Il est d'ailleurs intéressant de signaler que nos mois d'été les plus chauds sont déjà actuellement très proches d'un été normal dans le Tarn. En juillet 2018 justement, l'auteur de ces lignes, en roulant en moto à travers le Condroz, fut frappé par l'image que lui renvoyaient les collines roussies par la sécheresse sous un ciel azur. Ces paysages "dignes du Midi" se confondaient avec les souvenirs de l'Albigeois, une autre région chère. Il ne manquait plus que quelques champs de tournesols et les vignobles du Gaillac, et le tableau était parfait.

Alors certes, l'auteur s'est surpris à constater que, depuis deux ans, on cultivait des tournesols le long de l'E42 et le vignoble sambro-mosan se développe (la Wallonie commence à produire quelques bons petits vins). Mais Namur n'est pas encore Albi en-dehors de ces mois de feu qu'ont été août 2003, juillet 2006, juin 2017, juillet 2018... Pour la norme 1981-2010, la moyenne de juillet d'Albi est de 22,3°C, et celle des maximales, de 28,7°C.

A Uccle, juillet 2006 a fini avec une moyenne de 23,0°C et une moyenne des maximales de 28,6°C. Juillet 2018, c'est 22,0°C en moyenne et 27,4°C en moyenne maximale. Des mois quasi-tarnais.

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