dimanche 31 août 2014

Automne 2006 - Un arrière été extraordinaire

Habituellement, l'automne dans nos régions est une saison assez mitigée où l'on rencontre un peu de tout : dernières belles journées, épisodes pluvieux importants, coups de vent, parfois des tempêtes et de temps en temps les premières neiges. Les longues périodes de beau temps sont assez rares. Pourtant, l'automne 2006 sort complètement des normes: très exceptionnellement chaud et sec, il laisse un souvenir d'un quasi été indien (même si ce terme canadien ne peut être transposé à l'Europe, rappelons-le) avec de la chaleur, un temps lumineux et peu de pluie. Il est toujours, lors de la mise à jour de cet article en 2021, l'automne le plus chaud enregistré en Belgique, seulement approché entre-temps par 2014, à 0,9°C de différence. Vient ensuite 2011, en troisième position.



En prologue, un été extrême à deux facettes

Les vacances d'été ont été coupées en deux: un mois de juillet exceptionnellement chaud et sec et un mois d'août frais et très pluvieux, avec de nombreux orages et des cas de tornade. Ainsi, juillet a fini avec un excédent thermique de 5,9°C au-dessus de la moyenne à Uccle. A l'opposé, août présente un déficit normal de -0,5°C, mais ce sont surtout les quantités de pluie (exceptionnellement hautes) et l'insolation (très exceptionnellement basse) qui feront de août un mois d'été complètement raté. Pourtant, l'été marque son grand retour dès les premiers jours de septembre.


Un septembre complètement estival

Si une situation atmosphérique peut résumer ces trente premiers jours de l'automne météorologique, c'est le blocage oméga. Ce blocage intervient quand un puissant anticyclone se place à l'est de nos régions, nous amenant des courants continentaux à teinte tropicale. Il maintient de plus les dépressions atlantiques à l'écart du continent européen. Cette disposition des centres d'action est restée très stable tout au long du mois.

Schéma résumant le blocage oméga.

A quelques reprises, le centre de l'anticyclone s'est rapproché de la Belgique, nous plaçant dans des courants d'est moins chauds, mais toujours très secs. Les seules incursions maritimes et donc plus humides sont survenues les 3, 19, 22, 23, 24, 29 et 30 septembre. Ces jours, de faibles perturbations ont amené quelques pluies, mais qui ne permettront d'atteindre les normes. Septembre s'achève sur un déficit pluviométrique exceptionnel, avec à peine 9,1 mm de pluie à Uccle. 

C'est surtout du côté des températures que l'écart se marque: l'excédent thermique, de 3,9°C au-dessus de la moyenne de l'époque, est très exceptionnel. C'est le mois de septembre le plus chaud enregistré depuis que les observations ont commencé à Bruxelles en 1833, statut toujours conservé lors de la mise à jour de cet article en 2021. 

Le 12 septembre, les 30°C sont frôlés à Bruxelles (29,7°C à Neder-Over-Heembeek). La journée du 21 est également chaude avec 27°C. Les températures maximales se maintiennent au-dessus des 20°C tout au long du mois, exception faite de quatre jours entre le 24 et le 28. Seul l'ensoleillement, légèrement supérieur à la moyenne, reste normal. 

En fin de mois, l'air se déstabilise et des orages concernent notamment le Hainaut et le Brabant Wallon.

Image satellite du 29 septembre à 20h00. La boule blanche sur la frontière franco-belge est un cumulonimbus porteur d'orages. Sur l'Atlantique, l'ex-cyclone tropical Hélène enroule sa spirale nuageuse.


Un octobre plus humide mais toujours aussi chaud

Le mois d'octobre voit les dépressions atlantiques gagner du terrain sur l'anticyclone. Cependant, le flux d'air est fréquemment orienté au sud-ouest et amène des températures toujours trop élevées. Cette douceur humide est accentuée par l'approche de l'ex-cyclone tropical Hélène qui stationne sur le proche Atlantique. Le 1er octobre, un air doux en basse couche et une très forte dynamique font éclore de multiples supercellules orageuses. Une d'entre elles engendre une brève tornade près d'Anvers. Un autre arrive à maturité près de Braine-le-Comte où elle donne naissance à une forte tornade de F2-F3 qui ravage plusieurs fermes à Petit-Roeulx-lez-Braine.

Le mois se termine avec un excédent thermique de 3,7°C, ce qui est très exceptionnel, mais derrière 2001 qui conserve son titre jusqu'à ce jour. Contrairement à septembre, ce sont désormais aussi bien les températures maximales que minimales qui contribuent à cet excédent.

C'est surtout durant les quinze derniers jours que l'écart se marque: alors que les températures doivent commencer à décliner avec le raccourcissement du jour, elles restent stables. Le 26 octobre, sous un air maritime tropical, les températures maximales atteignent encore 22°C à Neder-Over-Heembeek. Quelques jours avant, les 23 et 24, la première dépression de tempête de l'automne frappe le nord-ouest de l'Europe, apportant des rafales de vent comprises entre 80 et 100 km/h en Belgique, jusqu'à 140 km/h sur les côtes françaises.

Image satellite du 23 octobre à minuit. La première tempête de l'automne, Xenia, se forme sur l'Atlantique.

Le passage de plusieurs perturbations plus actives amènera davantage de pluie qu'en septembre. Le déficit pluviométrique est donc moins important, dans les normes.


Novembre toujours très doux, mais aussi très venteux

Les premiers jours du mois de novembre sont nettement plus frais, annonçant peut-être la prochaine arrivée de l'hiver. En effet, le flux a viré au nord et de l'air polaire a atteint nos régions. Il tombe même quelques flocons sur la Haute Belgique, tandis que des averses de grésil et parfois orageuses sont observées à la Toussaint en Basse et Moyenne Belgique. Mais cela ne dure pas. Rapidement, la récurrence des deux précédents mois reprend le dessus: flux de sud-ouest d'origine tropicale faisant décoller les températures et les maintenant à des niveaux exceptionnels. A plusieurs reprises, elles dépassent les 15°C (station de Neder-Over-Heembeek), comme le 16 (17°C) et surtout le 25 (18,6°C) par flux d'air tropical direct. Au final, novembre finit avec un excédent thermique de 3,0°C à Uccle, ce qui est exceptionnel. Ce n'est toutefois pas le novembre le plus chaud, puisque 1994 conserve sa place.

La pluviométrie est quant à elle relativement normale : il a en effet plu assez régulièrement au cours de ce mois, les dépressions atlantiques s'approchant très près de nos régions. Certaines d'entre elles entraînent quelques bons coups de vent à la fin du mois, avec des rafales dépassant les 100 km/h à la côte. Les perturbations n'empêcheront cependant pas le soleil de briller en excès, totalisant un nombre d'heure d'ensoleillement anormalement élevé. 


Conclusion: un automne extraordinairement doux

La température moyenne de cet automne 2006 s'élève à 13,9°C, faisant de lui l'automne le plus chaud enregistré à Uccle depuis le début des mesures en 1833. Il explose ainsi un record vieux de... un an à peine, puisque le millésime 2005 avait affiché une température moyenne de 12,3°C. Entretemps, 2014 a ravi la seconde place avec une moyenne de 13,0°C. 2011 complète le podium avec 12,4°C, talonné par 2009 (12,3°C).

Ce temps doux ne s'arrêtera pas à cet automne. L'hiver 2006-2007 sera également extraordinairement doux et tempétueux. Très peu de jours de gel et de précipitations hivernales seront répertoriés pendant ces trois mois suivants.

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