samedi 22 mars 2014

2011, une année orageuse explosive

L'année 2011 a marqué les amateurs d'orages tant celle-ci a vu se produire régulièrement de grands épisodes parfois destructeurs, sinon spectaculaires dans l'enchaînement de violence qui les a caractérisés. De ces événements, le grand public n'en retient dans doute qu'un seul: le tristement célèbre "orage du Pukkelpop", un des rares orages mortels que nos régions aient connus depuis le début de ce siècle. Cependant, ce terrible orage n'est pas plus violent que les autres grandes offensives que cette année 2011 a vu survenir. Cet article propose de repasser en revue les grands moments de l'année 2011. Il est relativement centré sur la région de Charleroi où je vivais à l'époque.

22 mai - les foudres de l'aube

Après plusieurs belles journées, la masse d'air se déstabilise la nuit du 21 au 22 mai suite à l'approche d'un front froid venant de l'ouest. Un creux circule à l'avant de celui-ci et est responsable d'orages faibles à modérés en fin de nuit et en début de matinée du 22 mai. Un premier complexe multicellulaire apparu sur le Nord-Pas-de-Calais atteint le Hainaut occidental vers 2h30, et poursuit sa route à travers la Flandre orientale, puis s'évacue vers les Pays-Bas deux heures plus tard. Il s'accompagne de fortes pluies et d'une activité électrique parfois intense. Un deuxième système multicellulaire moins intense que le premier s'organise à la frontière française vers 3h40, passe sur Mons et se dirige vers Bruxelles (4h45) avant de s'affaiblir. Enfin, un troisième orage multicellulaire plus petit apparaît entre Laon et Amiens vers 4h15, suit toute la vallée de la Haute Sambre avant d'atteindre Charleroi vers 6h00, et se désagrège quelques kilomètres plus loin. Il s'accompagne d'une activité électrique faible à modérée.

Les orages à l'aube sur le centre de la Belgique (source: meteo60).
 
L'aube est donc orageuse à Montigny-le-Tilleul, près de Charleroi. L'intérêt de cet orage est que son activité est presque uniquement constituée de coups de foudre, à raison de deux éclairs par minute environ.



Vers la fin, l'activité électrique change progressivement vers des éclairs internuageux, indiquant un affaiblissement de l'orage, ce qui fut effectivement le cas. Une courte et faible averse s'en suit, ne faisant que mouiller une terre plutôt sèche en raison du déficit pluviométrique de ce printemps.



Du 4 au 7 juin - Les premiers fracas estivaux

Juin inaugure le début de la furie estivale. Le 4 juin, après plusieurs jours de très beau temps (avec, pour ce 4 juin, 29°C enregistré l'après-midi à Montigny), une dépression thermique marquée circule juste au sud du pays. Le temps se déstabilise rapidement et des orages mono et multicellulaires éclatent essentiellement au sud du Sillon Sambre-et-Meuse, d'abord sur l'Ardenne, avant de se décaler vers l'ouest. En fin de soirée, un vaste orage multicellulaire faible à modéré aborde la région de Charleroi par l'est, et apporte 11 mm de pluie sur Montigny-le-Tilleul. Il se dilue sur place vers 1h00 du matin. A l'instar de l'orage de fin mai, celui-ci est contenu (deux éclairs par minute), mais plutôt sympathique.




Le lendemain, le 5 juin donc, la masse d'air reste très instable et incroyablement moite et lourde, le genre d'atmosphère qui fait dire que "ça va craquer". Effectivement, l'orage multicellulaire qui se présente aux portes sud de la région de Charleroi vers 16h30 n'est pas un banal phénomène. Il en va de même pour un orage du même type sur la province de Liège, là accompagné de grêle. Vers 17h30, le système est sur le Pays Noir, et apporte un activité électrique assez forte (un éclair toutes les 5 à 10 secondes), quelques coups de foudre rapprochés et surtout d'intenses précipitations qui vont provoquer des inondations. Sur les dernières 24 heures, il est tombé 30 mm de pluie à Montigny-le-Tilleul. Notons que, plus tôt dans l'après-midi, quelques orages avaient déjà concerné l'est du Hainaut et le Brabant Wallon.


Faute d'alimentation thermique, ces orages disparaissent à la tombée du jour. Cependant, vers 22h30, un spectaculaire orage isolé dans le ciel peu nuageux s'organise sur le nord du département des Ardennes, offrant au sud de la Belgique la magnifique représentation d'éclairs fréquents scintillant à l'intérieur du cumulonimbus et révélant les bourgeonnements de celui-ci. De temps à autre, un éclair jaillit des nuées et se perd dans l'éther. Bien évidemment, à 100 km de là, il était difficile de faire une photo potable depuis Montigny. Dommage, ça aurait bien donné...

Les 6 et 7 juin, le temps reste orageux, avec de fréquents foyers se développant ça et là sur nos régions.

Les trois semaines qui suivent, le temps n'a plus rien d'estival: très frais et fréquemment pluvieux. Quelques orages sont observés, certains assez venteux, comme cette cellule qui frappe Namur l'après-midi du 16 juin.

27 et 28 juin - Brasiers calorique et électrique

Fin juin, une bouffée d'air torride atteint la Belgique: le 27, on relève 33,8°C à Montigny-le-Tilleul. Le maximum enregistré sur les stations officielles est Kleine-Brogel avec 34°C. Sur le réseau Météo Belgique, huit stations dépassent les 35°C. Les valeurs les plus élevées sont relevées à Enghien et à Rumillies avec 35,7°C. En soirée, la température ne descend que difficilement. Ainsi, il fait encore 31,9°C à 20h00 à Montigny.

Le 28 juin, le temps est étouffant. Localement, les températures dépassent les 36°C: 36,1°C à Jodoigne, 36,2°C à Montignies-sur-Sambre, 36,3°C à Villers-la-Ville, 36,7°C à Virton, 36,9°C à Vaux-sous-Chevremont. Au niveau des stations officielles, on relève 34°C à Bierset et 36°C à Kleine-Brogel. A Montigny-le-Tilleul, il fait 35,8°C.

Mais comme souvent sous nos contrées, les brutales invasions d'air tropical sont aussi les plus brèves, et dès le milieu de l'après-midi, les orages frappent à la porte du pays. L'atmosphère est incroyablement chargée en énergie potentielle, avec un CAPE qui dépasse les 4000 unités, et un indice de soulèvement Li oscillant entre - 8 et - 10, signe d'une situation potentiellement explosive. De fait, passé 16h00, l'enclume d'un énorme orage sévissant sur le Nord-Pas-de-Calais est visible depuis la région de Charleroi qui grille sous un soleil de plomb. Vers 18h00, cet orage, accompagné entre temps d'autres foyers, atteint le Hainaut, tandis que d'autres cellules explosent sur l'est des Brabants.


C'est un ciel inquiétant et menaçant dans une atmosphère silencieuse de moiteur qui précède l'arrivée de cette énorme cellule sur la région de Charleroi. En effet, au moment de la prise des photos ci-dessous, cette potentielle supercellule donne des grêlons de 2 cm et de très violentes rafales de vent à la frontière.


Cependant, la cellule faiblit en arrivant sur la région de Charleroi, et ne donne qu'une longue pluie modérée entrecoupée de quelques roulements de tonnerre. Elle s'écarte ensuite vers Namur et Bruxelles où elle s'agglomère avec d'autres orages sur l'est de la Belgique. Vu de l'espace à 20h00, les enclumes des cumulonimbus couvrent une large superficie:


Cependant, à l'arrière de cette première vague, la convection reprend, et de nouveaux orages se forment sur l'ouest de la province de Namur. Plus à l'arrière, une troisième bouffée orageuse explose en France. L'image radar de 21h30 illustre très bien cette recrudescence d'activité, avec surtout une partie très intense remontant de France vers la Botte du Hainaut.


Vers 21h45, le ciel est extrêmement bizarre à Montigny-le-Tilleul, beige, et le temps reste lourd. A l'horizon, la masse noirâtre souligne la ligne orageuse sur le Namurois.


La partie française, en entrant en Belgique après 22h00, avale les cellules s'étant développées sur la Botte du Hainaut, et s'accompagne d'une activité électrique ininterrompue, de spectaculaires éclairs et de longues et fortes pluies localement.

Il est passé 22h00, la nuit est à présent tombée, et vu depuis Montigny, la moitié sud du ciel scintille d'éclairs à raison d'un toutes les 2 à 5 secondes. Les cellules formées sur la Botte du Hainaut sont en train d'être rejointes par la puissante ligne orageuse arrivant de France, dans une dynamique très compliquée. Les cartes radars montrent clairement la partie française de la ligne entrée en Belgique, se nourrissant désormais de cellules qu'elle rencontre sur la région de Charleroi et de Mons.


La partie active de la ligne passe rapidement au-dessus de Montigny, et poursuit sa route vers le nord. Son activité n'a pas faibli d'un iota. Le festival kéraunique se poursuit donc à un rythme toujours aussi soutenu.


A l'arrière de la partie active, de grands éclairs internuageux apparaissent. L'intensité de la pluie se réduit quelque peu, permettant de capturer les éclairs avec un peu plus de facilité.



Il est 23h00, le QLCS pleinement formé frappe tout le centre de la Belgique ainsi qu'une partie du nord de la France. Un gros amas pluvio-orageux concerne également l'Ardenne.


De temps à autre, de puissants coups de foudre s'écrasent sur la région. L'un d'eux tombe dans le dos de l'appareil photo, à quelques centaines de mètres à peine, suivi par une assourdissante déflagration. Une des branches de cet éclair semble se perdre à quelques dizaines de mètres au-dessus du quartier:


Pendant ce temps, les éclairs internuageux se multiplient et deviennent époustouflants dans leurs sinuosité et leur mouvement rampant. On les voit littéralement se déplacer dans le ciel. Ces grandes décharges portent le nom de spiders.




Pendant ce temps, la carte des impacts qui se dessine est ahurissante, comme celle-ci enregistrée à 23h25. Les éclairs de la dernière demi-heure sont en mauve.


Passé minuit, la ligne est suffisamment éloignée pour ne plus être photogénique. Pourtant, une multitude d'éclairs dansent encore au sud-ouest, en France et au nord-ouest. Il faut attendre 1h00 du matin pour que l'activité électrique générale commence à retomber. Cependant, les derniers foyers orageux ne s'éteindront qu'au petit matin.

Pour terminer, voici la vidéo de ces orages réalisée depuis Montigny:



Ces orages ont été à l'origine de dégâts et inondations, notamment dans l'est du Brabant wallon, très touché. Localement, les quantités de pluie tombées sont importantes, sur une zone allant de l'Entre-Sambre-et-Meuse à la région d'Anvers, en passant par la Hesbaye. Il est ainsi tombé 69 mm de pluie à Cerfontaine, 31 mm à Fontaine-l'Evêque, 28 à Braine l'Alleud, 63 à Jodoigne et 51 mm à Malines (stations Météo Belgique). Sur le réseau de l'IRM, on a relevé 85 mm à Thisnes, 64 mm à Sivry et 54 mm à Solre-sur-Sambre pour ne citer que quelques exemples. Le vent a atteint 119 km/h à Beauvechain et 101 km/h à Gosselies et à Zaventem. De fortes chutes de grêle ont concerné les régions de Liège, St Hubert et Genk.

18 août - Le drame du Pukkelpop

Après quelques jours de beau temps, la masse d'air devient instable. L'après-midi du 18 août, une dépression thermique chargée d'air chaud et humide remonte de France et atteint nos régions. Consécutivement à son passage, des foyers orageux s'organisent sur le Nord-Pas-de-Calais et le Hainaut vers 15h30. Ils se déplacent rapidement vers Bruxelles où ils connaissent une phase d'intensification importante vers 17h00 et se structurent en un système multicellulaire entraînant en son sein un bow echo. Ce complexe atteint le Limbourg en fin d'après-midi, à pleine puissance. Une partie du système frappe alors Hasselt et le Pukkelpop, accompagné d'un downburst d'une rare violence (les rafales ont sans doute dépassé les 130 km/h), dévastant le site du festival, et causant malheureusement la mort de 5 personnes. 40 autres festivaliers sont blessés. A Ransberg, un peu plus loin, un anémomètre relève une rafale de 111 km/h. Pourtant, c'est sur l'ouest de l'Allemagne où le système atteindra sa plus grande puissance, se muant en un MCS de 250 km de large qui concernera la province de Liège au passage par apparition de cellules sur son flanc sud-ouest en début de soirée.



22 et 23 août - Nuit d'orages

Le 22 août, le temps est tout sauf pré-orageux: moyennement ensoleillé, températures maximales légèrement supérieures à 20°C, quelques légères pluies ça et là... Le soir, le ciel s'ennuage quelque peu, mais le temps reste agréable, quoique légèrement humide. A 22h00, la température est de 19°C à Montigny, et on note une certaine moiteur. L'air des basses couches est en effet plus frais que celui, tropical, situé juste au-dessus. Cet air est poussé par un petit anticyclone thermique entre l’Écosse et le Danemark. Pas de quoi fouetter un chat. Au sol, absolument rien ne semble annoncer le déferlement de virulence qui va suivre. Mais en altitude, la situation est toute autre...


La carte ci-dessus fait l'analyse de la situation atmosphérique à 1h00 du matin le 23, soit au moment où le premier système orageux quitte la Belgique par l'est. Nos régions sont placées au sein d'un secteur chaud, dont la présence se note essentiellement en altitude. De l'air subtropical y est véhiculé, et entre en conflit avec de l'air glacial de la haute troposphère porté par une goutte froide sur la Bretagne. Ajoutons à cela que de forts cisaillements de vents et des courants d'altitude soutenus sont présents, et nous avons une situation potentiellement délicate. Dans cette atmosphère chahutée se promène une série de convergences (lignes en rouge gras) qui organisent les ascendances. Les conséquences vont en être explosives...

Mais revenons un peu en arrière. En fait, le premier système orageux, de type MCS, atteint nos régions en fin d'après-midi, mais en se liquéfiant sur le Hainaut. Il ne donne que quelques orages très modérés. Ceci montre bien que les conditions ne sont pas encore optimales pour déclencher des orages entraînés. Au même moment, sur la région parisienne, un amas orageux somme toute assez modeste remonte vers le département de l'Aisne, où les conditions deviennent brusquement très propices à une organisation orageuse massive. En moins d'une demi-heure, le système explose en un MCS à pleine maturité, et d'une grande violence. La séquence d'images radar ci-dessous est éloquente. La première montre la situation à 21h00, la seconde, à 22h00. Toute la différence entre des orages déstructurés et un puissant train d'orages achevant sa transformation en QLCS:


Ces deux autres images qui zooment sur l'orage sont impressionnantes:


19h50 temps universel = 21h50 heure d'été belge


Depuis la région de Charleroi, l'horizon au sud-sud-ouest clignotte frénétiquement, et vers 22h30, la “tête” du système ne se trouve plus qu’à quelques kilomètres. Progressivement se confirme que Charleroi et ses environs vont connaître un orage peu commun. Outre les intensités de précipitation dantesques que renseignent les radars, l’activité électrique ne faiblit pas: aux flashes répétés d’éclairs intranuageux répondent, à intervalles plus ou moins réguliers, d’énormes coups de foudre frappant les campagnes de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Quelques gouttes commencent à tomber tandis que les roulements de tonnerre se font sourds et puissants.


A 23h00, l'orage concerne tout l'est du Hainaut, et commence à déborder sur les provinces de Namur et du Brabant Wallon. L'activité électrique, essentiellement intranuageuse, reste incessante. Les rares coups de foudre sont explosifs. Ces deux caractéristiques sont la signature d'un orage très organisé. Au plus fort de l'orage et sous une forte pluie, six coups de foudre s'écrasent à quelques centaines de mètres autour du site d'observation de Montigny, lançant de puissantes déflagrations à travers le quartier:


Le défilement de la ligne au-dessus de la Botte du Hainaut est responsable de pluies abondantes et continues. Sur un axe Charleroi - Rance, les cumuls dépassent partout les 50 mm (ou l/m²). Son déplacement en crabe en est en effet la cause. Le système génère d'importantes inondations dans la vallée de l'Eau d'Heure et du côté de Nalinnes, de Marcinelle, de Couillet et de Montignies-sur-Sambre.


Vu d'en haut, l'orage est particulièrement impressionnant: l'enclume s'étend sur plus de 250 km de diamètre. Et d'autres systèmes identiques semblent se dessiner derrière...



21h40 temps universel = 23h40 heure d'été belge
 
A minuit, l'orage commence à évacuer la Botte du Hainaut, après y avoir sévi près de deux heures. Une structure de type bow echo (ligne courbée, stade encore plus organisé) semble se mettre en place dans la partie sud, mais ne subsistera même pas une heure.


A Montigny, comme à pratiquement chaque grand épisode orageux, des éclairs de type spiders dansent à l'arrière de la partie active du système:



A 1h00 du matin, le MCS, ayant accéléré sa course vers l'est-nord-est, se désorganise, gardant cependant un foyer très actif sur l'Ardenne. L'activité électrique se fait un peu moins intense. Remarque: la baisse d'activité n'est pas aussi importante que présentée sur l'image radar ci-dessous; le foyer ardennais masque le reste de la ligne au radar de Wideumont, situé juste au sud de l'orage.


A deux heures, alors que le premier MCS évacue la Belgique par la région d'Eupen, de nouvelles cellules apparaissent sur les images radar, au-dessus du nord de la France. C'est que la configuration atmosphérique permet, après le premier orage, de replacer des conditions propices sur nos régions, et et il en sera de même plusieurs fois cette nuit-là.


A quatre heure du matin, ce deuxième amas orageux, toutefois moins organisé que son prédécesseur et de taille plus modeste, concerne le Hainaut et se dirige vers Bruxelles.


A 5h00, alors que l'orage se propage à travers l'ouest du pays, un troisième système se structure et se présente sur le nord de la France! Il est nettement plus important que le deuxième amas orageux, se structurant progressivement en un vrai MCS.


Vu de l'espace, ce défilement de systèmes orageux est assez impressionnant. Le premier orage semble s'être refait une santé sur le nord de l'Allemagne, où il sévit à présent. Le deuxième orage, de taille restreinte, se situe au-dessus de l'ouest du pays, tandis que le troisième, en phase de croissance, s'étend de plus en plus.


A 7h00, le troisième complexe frappe l'ouest du pays, en présentant une activité électrique particulièrement violente et de grosses intensités de précipitations, notamment sur la région de Mouscron. Au sud, le quatrième et dernier MCS est en formation.


L'image satellite de 8h00 montre clairement les quatre complexes orageux, le deuxième étant en train de se dissiper.


Le dernier système entre en Belgique vers 9h00, très intense, et se dirige rapidement vers Bruxelles, alors que le troisième, à bout de souffle, est à peine en train de quitter la Flandre.


A 10h00, il frappe durement la capitale, précédé d'un ciel noir de nuit. Un véritable déluge d'environ une heure tombe sur Bruxelles, donnant par endroits plus de 40 mm de pluie. Le sud du système passe à proximité de Montigny, donnant quelques coups de tonnerre.


En fin de matinée, l'orage quitte le pays par la province d'Anvers. Quelques derniers orages éclatent à l'arrière, mais plus rien de comparable aux MCS. Il est à noter que les derniers orages prennent place sur le front froid qui sera suivi par un ciel clair et une remontée des températures jusqu'à 25°C, ce qui est inhabituel. Le front a eu en fait pour effet de balayer la pellicule d'air maritime des basses couches, la remplaçant par un air plus chaud en ces mêmes basses couches venu de France.

Ces orages ont été impressionnants par le nombre d'inondations résultant des pluies intenses qui les accompagnaient. Les communes les plus touchées à l'échelle du pays sont sans doute Uccle, Jodoigne, Charleroi et Ham-sur-Heure - Nalinnes. A Ham-Sur-Heure justement, des inondations et des effondrements de talus viennent interrompre les festivités de la Saint-Roch (voir le reportage de Télé Sambre). Plus généralement, le Hainaut, les deux Brabants, Bruxelles, le Limbourg et la province d'Anvers ont été fortement touchés. Les autres provinces ont parfois subi des orages (Namur, Liège, Flandre orientale) tandis que la province du Luxembourg et la Flandre occidentale n'ont été que très peu concernées. En certains endroits, les lames d'eau relevées sont importantes:

Montignies-sur-Sambre: 70 mm, Cour-sur-Heure: 55 mm, Ellignies-Ste-Anne: 52 mm, Enghien: 48 mm, Koekelberg: 49 mm, Uccle (IRM): 44 mm.

Il est aussi tombé 40 mm à Montigny-le-Tilleul et 70 mm à Nalinnes.

Environ 12 000 coups de foudre ont frappé le pays au cours de ces orages, pour environ 75 000 éclairs intranuageux. Ce chiffre est remarquable, mais si l'on prend en compte la durée et la répétition des vagues orageuses, il ne peut être considéré comme exceptionnel. Cela n'enlève cependant rien au spectaculaire brasier électrique engendré notamment par le premier MCS: le ciel était éclairé sans cesse par les décharges intranuageuses, et les rares coups de foudre pilonnaient parfois des surfaces réduites.

La foudre a engendré des incendies parfois spectaculaires à Antoing, mais aussi à Mons où le toit d'une aile de l'école des Ursulines a entièrement brûlé.

Voici la vidéo du premier orage vu depuis Montigny:




26 août - une ligne de grains à une heure inhabituelle

Le moins d'août est inhabituel tant il voit se répéter de puissantes offensives orageuses à une époque où ces orages ont tendance à se faire plus discrets. A l'aube du 26 août, une ligne de convergence dans un large secteur chaud d'une perturbation concerne la Belgique. En son sein, un nouveau MCS se développe et fonce à travers la Belgique, du sud-ouest au nord-est. Les orages qu'il transporte sont localement forts, notamment dans le Brabant Wallon. Des inondations sont à déplorer localement. Cependant, du fait de son rapide déplacement et de l'humidité de la masse d'air, le système ne se fait que peu photogénique. Les provinces de Namur, de Liège et de Luxembourg sont épargnées pour une grande part.

Le MCS en France en milieu de nuit (source: meteo60).

Le même MCS, cette fois en Belgique en début de matinée (source: Buienradar).

3 septembre - Quand il y en n'a plus, et bien il y en a encore

Le 3 septembre, après une journée assez chaude pour la saison, l'atmosphère acquiert une nouvelle fois les paramètres favorables à de violents orages. A l'avant d'un front froid sur l'ouest de la France et les Iles britanniques, un creux thermique traverse la Belgique dans la soirée du 3, générant des orages très électriques. Montigny est une nouvelle fois concerné. Les orages présentent une organisation multicellulaire, et sont localement très intenses comme dans le nord de la France. L'épisode survient en deux vagues, les foyers s'étant positionnés sur une sorte de V ouvert vers l'est et se déplaçant du sud vers le nord (voir image ci-dessous montrant la situation vers 22h45). L'activité électrique en leur sein est impressionnante, avec un éclair toutes les 2 à 5 secondes. Un peu à l'instar du 22 août, leur passage sur Montigny s'accompagne de quelques chutes de foudre très proches. De très fortes précipitations se produisent, perturbant le déroulement du festival Scène-Sur-Sambre près de Thuin. Entre les deux passages des branches du V, une courte accalmie permet d'observer des éclaircies et la lune, avec l'impression d'être entouré d'orages. Ces systèmes se déplacent vers les Pays-Bas en fusionnant puis en faiblissant. Aux premières heures du 4, un nouveau système orageux concerne l'Ardenne.


Quelques jours plus tard, le 6 septembre, une profonde dépression transitant sur l'Ecosse donne le premier coup de vent de l'automne climatologique en Belgique. Les rafales sont comprises entre 60 et 80 km/h durant l'après-midi et en soirée. Au large de la côte, une bouée météo enregistre une rafale de 122 km/h et un vent moyen supérieur à 80 km/h.

10 septembre - Apothéose supercellulaire

A croire que la saison des orages veut poursuivre son sommet entamé à la mi-août, mais ce sera pourtant pour la dernière fois. Le 10 septembre, à la fin d'une nouvelle belle journée estivale, de violents orages vont sévir, cette fois sur l'ouest de la Belgique et le Nord-Pas-de-Calais essentiellement. L'air humide et chaud présent depuis plusieurs jours sur nos régions est déstabilisé par l'arrivée d'un creux précédent un front froid. Pourtant, une inversion va bloquer tout développement convectif pendant la journée. Ce n'est qu'en fin d'après-midi que l'inversion est percée sur le département du Nord, entraînant la formation d'un énorme cumulonimbus bien vite organisé en supercellule. En traversant la Flandre Occidentale, il s'accompagne de très fortes pluies, de puissantes rafales de vent et surtout d'une activité électrique exubérante.

D'autres orages très puissants se développent derrière cette cellule et concernant la région de Gand et l'ouest de la province d'Anvers, avant de s'évacuer vers les Pays-Bas.
29 décembre: En soirée, un front froid arrivant de Grande-Bretagne déclenche de fortes averses, parfois orageuses (Hainaut oriental et de Anvers à Liège) et accompagnée de grêle et de violentes rafales de vent. Une pointe de 91 km/h est enregistrée à Chièvres et à Deurne. Les rafales dépassent les 90 km/h sur les côtes du Nord-Pas-de-Calais.

Nombreuses averses parfois orageuses en soirée du 29 décembre (source: Meteoservices).

Ce dossier reprend un certain nombre d'informations que l'auteur a écrit à l'époque sur le site Hydrométéo. Les autres sources sont Wetterzentrale, Skystef, Belgorage.

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