samedi 20 décembre 2014

L'inversion de températures et ses conséquences

Un terme compliqué mais facile à comprendre

Dans une troposphère standard, la température décroît avec l'altitude compte tenu de la détente adiabatique, c'est-à-dire du seul fait de la diminution de la pression avec l'altitude, sans aucune intervention d'échange de chaleur de quelque forme qu'il soit et sans phénomène de condensation de la masse d'air. Ce gradient équivaut à -9,76°C par kilomètre d'altitude. Il s'explique par le fait qu'un gaz comprimé va s'échauffer, au contraire d'un gaz dilué qui va se refroidir suite aux mouvements plus ou moins prononcés des molécules le composant.

En réalité, le vrai gradient thermique est de -6,5°C par kilomètre. En effet, la détente adiabatique n'est pas le seul phénomène à régir le comportement des températures avec l'altitude. D'autres phénomènes liés au rayonnement de l'air, du sol et de l'espace viennent modérer le gradient par rapport à la composante adiabatique.

Mais cette situation étant parfaite, elle n'est que très rarement approchée. En effet, la troposphère subit des phénomènes de convection et de soulèvement dynamique (mouvements verticaux vers le haut), de subsidence (mouvements verticaux vers le bas), d'advection (mouvements horizontaux) et de rayonnement thermique qui entremêlent des masses d'air de température et d'humidité différentes, ce qui perturbe en permanence ce gradient thermique. Dès lors, différents comportements de la température vont être observés. Dans certains cas, le gradient, habituellement négatif, peut devenir positif sur une épaisseur plus ou moins prononcée de la troposphère. La température, dans cette épaisseur, augmente avec l'altitude. C'est le phénomène d'inversion thermique. Dans le cas où, dans une couche d'air, la température n'évolue pas avec l'altitude, on parle d'isothermie.


mercredi 10 décembre 2014

Régimes de temps

Introduction


Jour après jour, la météo change sans arrêt. Cette matinée est froide et enneigée, et dans l'après-midi un redoux accompagné de pluie se fait. La veille, le brouillard avait persisté toute la journée ; le lendemain le vent se lève. Cette journée d’été est très chaude, et deux jours plus tard, après le passage des orages, il fait frais et humide.

Pour prévoir cette évolution du temps, nous pouvons nous appuyer sur des modèles numériques, la force brute en quelque sorte.

Il existe cependant aussi la possibilité, derrière cette diversité de temps sensible en Belgique, de rassembler des situations qui se ressemblent en quelques "paquets", de dessiner les contours de quelques situations types. Ce sont les régimes de temps. Nous vous montrerons comment la dynamique d'échelle synoptique et supra-synoptique peut s'enchaîner pour aboutir à quelques situations types chez nous. Et nous vous montrerons qu'au sein de ces régimes de temps, le temps sensible est souvent très similaire.

dimanche 16 novembre 2014

Eté 2003 : retour vers le futur ?


L'été 2003 est et restera pendant longtemps la référence en matière de vague de chaleur et de températures extrêmes, à tel point qu'il a laissé dans notre mémoire collective une trace indélébile. Nous en voulons pour preuve chaque allusion que la population peut faire lorsque des journées estivales virent à la canicule. Bon nombre espèrent ainsi « ne pas revivre l'enfer de 2003 », à juste titre car il a provoqué la mort, au moins indirecte, de dizaines de milliers de personnes, principalement âgées. Durant le printemps, le même genre de réflexions est émise, surtout si les modèles saisonniers entrevoient une configuration propice à un été chaud. Il nous a paru intéressant de revenir sur cet événement qui frappa les imaginations. Nombre d'articles ont déjà été publiés sur cette période, et notre but ici n'est pas de faire des rappels statistiques uniquement pour le plaisir des chiffres, mais avant tout pour ré-analyser la position synoptique des grandes centres d'action et tenter ainsi d'apporter un nouvel éclairage sur cet été infernal.

samedi 15 novembre 2014

30 novembre 1993, fin épique d'un novembre atypique


Le mois de novembre 1993 fut caractérisé par un début très doux avec une température de 18° à Uccle le 4 novembre. A partir de la mi-novembre, un anticyclone russo-scandinave s'installa et organisa un flux d'Est sur l'Europe Occidentale. Le 22 novembre, on enregistre -1.3° de température maximale à Uccle après une nuit à -4.8°. De plus, de la neige accompagne ce gel permanent. Après un redoux le 25 et 26 novembre, le gel permanent se réinstalle du 27 au 30 novembre avec respectivement 0.0, -2.6, -0.6, et -0.4 à Uccle.

Le 29 novembre au soir, André Schevers, alors présentateur de la météo à la RTBF, annonce l'arrivée d'une perturbation de dégel pour le lendemain. La pluie verglaçante est mentionnée. Elle sera suivie de pluie purement liquide qui devrait nettoyer le réseau routier en soirée. Le lendemain, les premiers phénomènes verglaçants sont observés en début d'après-midi sur la région de Wavre. A 14h30, dans la cour de récréation (j'avais 16 ans à cette époque), il tombe ... des billes, signe que l'air doux (+2°) producteur de la pluie à environ 1000m d'altitude est engagé dans une lutte à mort avec l'air froid de sol (-1°) qui recongèle la pluie.

Et puis, brusquement, alors que rien de tout cela n'avait été prévu, la neige, la vraie neige, remplace les billes. S'installe alors un rouleau de glace surmonté d'une fine pellicule blanche. C'est le début de la pagaille. A 15h45, mon professeur de maths, voyant le chaos routier dans le centre de Wavre, décide d'abréger le cours. Je retourne chez moi en train, puis à pied dans 10cms de neige, ma mère étant aussi piégée par cette surprise hivernale et ne pouvant pas venir me chercher à la gare. Je suis terriblement excité. Cette excitation se transforma en émerveillement le soir lorsque André Schevers signala que l'anticyclone russe avait décidé de montrer quelques signes de caprice et stoppa, fit reculer la perturbation de 40 kilomètres, pour finalement céder. C'est tout un axe Amsterdam-Bruxelles-Paris qui se fit piéger dans cette lutte titanesque entre l'air froid et l'air doux, comme l'indique la carte ci-jointe.

Liège ne vit rien de tout cela. Et le plus incroyable, c'est que non seulement ces 40 kilomètres sont invisibles sur une carte frontale, mais qu'en plus, les supercalculateurs d'aujourd'hui ne pourraient toujours pas prévoir ce changement de scénario (merci à Robert V. pour ces précisions à ce sujet).




La météorologie est une passion pour moi depuis plus de 25 ans, mais ce jour-là cristallise finalement toute l'excitation et tout l'émerveillement que je ressens. Il m'a montré qu'il se passe des choses insoupçonnables au-dessus de nos têtes et que nous ne pourrons jamais prévoir.

Au final, novembre 1993 sera clôturé avec une température moyenne de 2.8°, soit 4° en-dessous de la normale actuelle, devenant ainsi le mois de novembre le plus froid depuis 1981 !

mercredi 29 octobre 2014

Kyrill, la dernière grande tempête

Lorsque cet article est remis à jour durant l'hiver 2020-2021, Kyrill, parfois francisé en Cyril, constitue toujours la dernière grande tempête synoptique à avoir frappé nos régions, accompagnée de rafales généralisées à plus de 100 km/h le 18 janvier 2007. En effet, si depuis lors certains épisodes tempétueux ont présenté des valeurs similaires, ils furent systématiquement le fait d'une intervention de la convection, comme au cours des tempêtes Emma (mars 2008), Andrea (janvier 2012), Eleanor (janvier 2018) et Ciara (janvier 2020). Seule Eberhard (mars 2019) a donné des rafales synoptiques d'une force équivalente à Kyrill, mais elles se sont essentiellement cantonnées à la Flandre.
 
Kyrill s'est aussi exercée sur une vaste superficie, concernant une grande partie de l'Europe du nord. Elle survient au cœur d'un hiver très doux et tempétueux au cours duquel nos régions auront été soumises pratiquement sans relâche à un puissant flux d'ouest maritime.

L'origine de la tempête peut être trouvée aussi loin que dans la région de la vallée du Mississipi, aux Etats-Unis. Une anomalie chaude de surface interagit à partir de ce moment - la nuit du 14 au 15 janvier - avec un rapide courant Jet d'ouest, formé lui-même au contact entre deux masses d'air fortement contrastées, l'une polaire au nord, l'autre subtropicale au sud. Le rythme de creusement de Kyrill est par ailleurs soutenu (sans toutefois être extrême), la dépression voyageant sous une divergence d'altitude liée à la présence d'une entrée droite d'un rapide de Jet. La nuit suivante, la dépression quitte le continent américain par la côte est, mais avec un creusement interrompu faute d'un phasage optimal avec l'altitude à ce moment.

Voyageant sur les territoires maritimes de l'est du Canada le 16, Kyrill reprend son intensification, mais à des niveaux loin des grands creusements explosifs habituels en cette saison. Ce n'est que le 17 que le rythme d'intensification s'accélère, la dépression étant alors au flanc de basses pressions d'altitude couvrant le Groenland et une bonne part du bassin océanique de l'Atlantique nord.

Analyse de surface du 17 janvier 2007 à 1h00 (source: Met Office).

Kyrill au matin du 17 janvier. L'encoche nette pointant en direction de l'Irlande est le signe que la dépression est en intensification, profitant du couplage entre anomalies de surface et d'altitude (source: Eumetsat).

La tempête se creuse jusqu'à descendre à 967 hPa le 18 janvier à 1h00. A l'aplomb de la tempête, l'anomalie de tropopause (enfoncement d'air stratosphérique dans la troposphère) forme une véritable marche de plusieurs kilomètres de haut, signe d'une dépression extrêmement bien organisée. La dépression vient d'achever sa traversée du rapide de Jet-stream, se trouvant alors au nord de celui-ci.
 
Selon les théories de la cyclogénèse, Kyrill aurait du atteindre à ce moment son paroxysme et commencer à se combler dans les heures suivantes, la dépression étant alors en-dehors des conditions permettant la poursuite de son intensification. Pour autant, c'est à partir de ce moment que la cyclogénèse de Kyrill, qui jusque là très classique, commence à prendre une tournure particulière, étudiée notamment par Ludwig et al. (2015). La structure de la tempête, qui par ailleurs se maintient, s'étire jusqu'à devenir particulièrement oblongue, les mécanismes à l'oeuvre dans l'environnement de la tempête se modifiant. La nuit du 17 au 18 janvier, la tempête ne possède plus vraiment un coeur bien défini, mais deux, étirés sur un axe grosso modo orienté ouest-est. Tandis que le coeur original, le plus occidental, va progressivement ralentir sa course et commencer à se combler, le nouveau, le plus oriental, s'en écarte et poursuit vers les Iles britanniques en se maintenant à une pression très basse.

18 janvier 1h00
 
Ludwig et al. (2015) ont identifié la prise en importance des processus diabatiques (liés à l'humidité) via le dégagement de chaleur latente pour expliquer l'émergence de ce second centre dépressionnaire le long du front occlus de Kyrill. Le phénomène est peu courant mais a déjà été mis en évidence dans d'autres études. En altitude, la sortie gauche du Jet-stream tend à prendre les devants sur le coeur originel de Kyrill, plaçant le nouveau noyau plus à l'est dans un cadre dynamique d'altitude favorable à sa prise de relais (divergence d'altitude). De même, quasiment à l'aplomb du nouveau noyau, la tropopause dynamique descend temporairement jusqu'à 650 hPa en réponse aux mécanismes d'intensification à l'oeuvre en basse et moyenne troposphère.

18 janvier 1h00

Tôt le matin du 18 janvier, le second et nouveau centre de Kyrill atteint l'Irlande. Si le nord de l'île reste relativement peu affecté compte tenu de sa position au centre de la dépression, le sud est quant à lui secoué par de très fortes rafales (140 km/h à Dublin) et une très forte houle qui vient s'écraser sur les côtes. L'image ci-dessous, prise à 7h00, montre le centre de la dépression juste à l'ouest-nord-ouest de l'Irlande.

18 janvier 7h00

Dans la matinée, Kyrill traverse le Royaume-Uni par le sud de l'Ecosse, et se retrouve en mer du Nord vers midi. Le sud de l'Angleterre et le nord de la France sont alors balayés par de puissantes rafales. Si, dans le secteur chaud, l'écoulement de l'air est laminaire et donc relativement constant (bien que déjà très fort), le front froid est au contraire très turbulent, dopé par une puissante dynamique d'altitude et subissant l'attaque de l'air froid et sec subsidant.
 
Côté anglais, on relève 124 km/h à Londres, 130 km/h à Conningsby, 135 km/h à Crosby et 160 km/h à The Needles, sur la côte sud. En France, le vent atteint 126 km/h à Lille, 137 km/h à Lillers, 144 km/h à Boulogne et 151 km/h au Cap Gris Nez avec un vent moyen supérieur à 100 km/h.

18 janvier fin de matinée

18 janvier peu après midi : le centre de Kyrill gagne la Mer du Nord.

Dans l'après-midi, le front froid traverse la Belgique et les Pays-Bas. Les plus fortes rafales atteignent 119 km/h à Ostende, 107 km/h à Uccle, 122 km/h à Charleroi, 130 km/h à Spa, 112 km/h à Bierset, 122 km/h à Rotterdam, 130 km/h à Amsterdam. L'animation ci-dessous montre la prévision de la progression des vents à 850 hPa, soit environ 1500 mètres. Des vents moyens jusqu'à 150 km/h sont modélisés à cette altitude. Dans l'après-midi, ces flux se retrouvent à l'aplomb du Benelux.


En début de soirée, le centre de Kyrill traverse le Danemark. Il a maintenu de manière remarquable une pression centrale très basse, autour de 960-965 hPa, sur les dernières dix-huit heures. C'est en altitude que l'on trouve les mécanismes qui lui permettent de se maintenir à un tel niveau. Outre la sortie gauche du Jet-stream qui glisse maintenant sur l'ouest du continent européen, le coeur dépressionnaire se retrouve également à proximité de l'entrée droite d'un autre maximum de Jet présent sur les Etats baltes et la Russie. La coalescence de ces deux structures entretient une violente divergence en altitude, maintenant un appel d'air en basse et moyenne troposphère et permettant à la pression de rester basse au centre de Kyrill.

C'est alors l'Allemagne qui écope des vents les plus violents avec des rafales atteignant 118 km/h à Aachen, 142 km/h à Dusseldorf et 125 km/h à Berlin. Le front froid, très puissant, abrite des tornades (certaines F3) qui provoquent des dégâts spectaculaires. Sous l'effet de la dynamique et de l'intrusion sèche en altitude, ce front est devenu très turbulent et convectif en fin d'après-midi, avec de nombreux orages signalés. Les rafales les plus violentes (convectives et, pour certaines d'entre elles, descendantes), se produisent sur la portion de front située sous la sortie gauche du rapide de Jet-stream alors au-dessus de l'Angleterre et de la Belgique.

Reconstitution par modélisation des rafales associées au front froid de Kyrill à 18h00, 19h00 et 20h00. Les courbes noires représentent les isotaches du Jet-stream. Les triangles renversés localisent les tornades observées (source: Ludwig et al., 2015).
 
A l'arrière, ce même front froid a terminé de traverser la Belgique, mais le courant Jet soufflant a près de 350 km/h, désormais à l'aplomb du Benelux, continue d'entretenir de violentes bourrasques sur le Royaume. L'image ci-dessous illustre la situation pour 19h00. Le rond blanc indique la position des vents les plus forts.


Sur l'image ci-dessous, le courant Jet se signale sous la forme de traînées nuageuses en forme de parabole courant depuis l'Atlantique vers la Belgique via l'Irlande.

18 janvier 21h00

En cours de soirée, la République Tchèque et la Pologne essuient à leur tour de très fortes rafales, avec 130 km/h à Prague et 136 km/h à Wroclaw. Passé minuit le 19 janvier, Kyrill gagne la Russie et commence à faiblir : progressivement, le gradient de pression se relâche, entraînant une diminution de la vitesse des vents.

19 janvier 1h00

Kyrill est donc l'une de ces grandes tempêtes qui marquent l'histoire de la météorologie européenne. En Belgique, elle est la plus forte tempête depuis Jeanett le 27 octobre 2002, dont la puissance fut relativement similaire. Kyrill reste néanmoins en deçà des plus violentes dépressions telles celles survenues en janvier et février 1990.
 
Une différence notable entre la situation en Belgique et l'Allemagne aura été l'aspect convectif du front froid. En Belgique, celui-ci, déphasé avec la sortie gauche du Jet, n'a pas été réellement convectif, bien que des sautes de vent parfois importantes aient été observées à son passage (notamment à l'aéroport de Charleroi avec 122 km/h). En Allemagne par contre, en-dehors des côtes, les plus fortes rafales sont le fait d'orages prenant place sur le front boosté par la présence de la sortie gauche de Jet et l'intrusion sèche en altitude.
 
Bibliographie

Ludwig, P., Pinto, G., Hoepp, S., Fink, A., Gray, S. (2015). Secondary cyclogenesis along an occluded front leading to damaging wind gusts: windstorm Kyrill, January 2017. Monthly weather review - American Meteorological Society, 143, 1417-1437.


dimanche 26 octobre 2014

2009 - 2010 : un hiver, trois vagues de froid

L'hiver 2009 - 2010 est un hiver qui entre dans les annales pour avoir offert à la Belgique trois vagues de froid. Pourtant, il a fallu le temps qu'il démarre: novembre, très doux et venteux, n'a laissé à aucun moment entrevoir l'arrivée du froid. Il faut attendre la mi-décembre pour que le général Hiver fasse son entrée sur le pays. Le 14 décembre, un anticyclone a grossi sur la Scandinavie et envoie de l'air sibérien en direction de l'Europe Occidentale. 

vendredi 12 septembre 2014

L'incroyable avril 2007: chaleur, sécheresse et orages estivaux

Alors que l'Europe Occidentale sort d'un automne 2006 surchauffé et d'un hiver complètement détraqué, voici qu'arrive le printemps. Celui-ci ne manque pas de s'installer dans la continuité des mois précédents: avril 2007 est le mois d'avril le plus chaud jamais enregistré. Il est aussi très sec et ensoleillé. Il est encore à l'heure actuelle (2022 ndlr) l'un des mois les plus extraordinaires de ce début de 21ème siècle.

Avril 2007 a des airs de juillet. Les magnolias en fleur rappellent cependant la réalité: c'est le printemps... mais quel printemps! (Source : R. Vilmos)


mardi 2 septembre 2014

Anthologie de la désinformation météorologique : les étés "pourris"


Durant la période estivale, il arrive régulièrement qu'une ou des périodes de temps plus frais et humides soient tellement mal reçues que les médias et une partie du grand public cataloguent alors l'été comme « pourri ». Ces dernières années, cette expression fut assez souvent utilisée, et plus particulièrement cette année, durant 3 périodes : début juillet ainsi que pendant le mois d'août 2014, mais aussi en juillet 2011. Cette récurrence de plaintes et frustrations autour du « mauvais temps » estival, largement exagérées dans des articles sensationnalistes, nous oblige à nous poser des questions sur la véracité de ces propos et à remettre en cause opinions et déclarations sur ce sujet. En effet, termes-choc et jugements à l'emporte-pièce sont devenus monnaie courante dans une certaine presse, et cela est malsain pour tout cerveau scientifique et tout citoyen intéressé par des débats rigoureux. Il nous apparaît donc qu'il y va de la rigueur scientifique et de l'objectivité que tout un chacun devrait cultiver de confronter cela avec des documents sérieux.

dimanche 31 août 2014

Automne 2006 - Un arrière été extraordinaire

Habituellement, l'automne dans nos régions est une saison assez mitigée où l'on rencontre un peu de tout : dernières belles journées, épisodes pluvieux importants, coups de vent, parfois des tempêtes et de temps en temps les premières neiges. Les longues périodes de beau temps sont assez rares. Pourtant, l'automne 2006 sort complètement des normes: très exceptionnellement chaud et sec, il laisse un souvenir d'un quasi été indien (même si ce terme canadien ne peut être transposé à l'Europe, rappelons-le) avec de la chaleur, un temps lumineux et peu de pluie. Il est toujours, lors de la mise à jour de cet article en 2021, l'automne le plus chaud enregistré en Belgique, seulement approché entre-temps par 2014, à 0,9°C de différence. Vient ensuite 2011, en troisième position.


dimanche 24 août 2014

Evénements 2014

Cette page reprend l'ensemble des infographies et des liens vers les dossiers spéciaux concernant les événements survenus au cours de cette année 2014, riche d'un point de vue météorologique. N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir et à consulter les liens vers les articles spéciaux.

En résumé, 2014 c'est:

  • un "non-hiver" 2013 - 2014, anormalement orageux
  • une année orageuse exceptionnelle avec un paroxysme en juin
  • des tornades en série en août
  • un automne hors du commun
  • une année caractérisée par une grande douceur et une récurrence durable du régime "Atlantic Low", avec une persistance de dépressions sur l'océan et d'anticyclones sur l'Europe centrale, plaçant régulièrement nos régions dans des flux d'origine subtropicale.

********

Evénements 2013

Cet article reprend les infographies et les liens vers les dossiers spéciaux des événements météorologiques de cette année 2013.

Jusqu'en juillet, les chroniques sont celles du site Hydrometeo, auquel participait un collaborateur d'Info Meteo. 
.
Janvier

11 - 27 janvier 2013 - Vague de Froid: Il neige à plusieurs reprises et parfois abondamment durant ce mois, essentiellement après le 15. Le 20 janvier, il tombe parfois plus de 10 cm de neige sur le centre et l'ouest du pays. Des épisodes de pluies vergaçantes se mêlent de çi de là à l'épisode neigeux, engendrant des complications sur les routes et le réseau ferroviaire. Des températures très froides sont enregistrées les nuits, parfois sous -10°C, y compris à la côte. A Kruishoutem (entre Gand et Courtrai), la température minimale relevée au matin du 16 janvier est de -14,0°C. On a aussi relevé - 13°C à Chièvres et - 11,3°C à Middelkerke à la même date.

Le Benelux enneigé se voit depuis l'espace - 17 janvier 2013 au matin. Source: Météo Belgique.

27 - 30 janvier 2013: Une série de perturbations très actives concerne le pays, apportant des précipitations parfois abondantes. Combinées à la fonte des neiges accumulées depuis deux semaines, elles entraînent une élévation du niveau de plusieurs cours d'eau, déclenchant la pré-alerte de crue. Le vent est très présent durant cette période, atteignant parfois 80 km/h en rafales.
.
Février

5-8 février 2013 - épisode hivernal: Une dépression descend de mer du Nord le 5 et apporte des chutes de neige modérées essentiellement sous forme d'averses (on relève par exemple 4 cm de neige à Wépion, près de Namur, en fin d'après-midi du 5), parfois accompagnées d'orages et de phénomènes venteux destructeurs (en fin de nuit du 4 au 5, un front de rafale provoque des dégâts en Flandre Occidentale et Orientale). A la suite, un flux de nord s'installe et apporte des averses de neige supplémentaires, particulièrement présentes la nuit du 5 au 6 février: l'accumulation avoisinne parfois les 5 cm, surtout dans l'est du pays (par exemple, au Sart-Tilman, sur les hauteurs de Liège) au matin du 6 février. Le 7, elles sont de nouveau accompagnées d'orages localement, et sont parfois très intenses, donnant par moment jusqu'à 2 cm de neige en quelques minutes, en général au-dessus de 150 mètres d'altitude. Ces averses se poursuivent la nuit suivante et le lendemain, avant une accalmie temporaire le 9. Au final, la couche de neige approche les 30 cm en Ardenne et dans les Hautes Fagnes.


Image radar du 7 février 2013 en début de soirée (source: IRM)

Le Sart-Tilman (Liège) sous environ 8 cm de neige au matin du 8 février, après les fortes averses de la soirée précédente (auteur: Hydrometeo).

14 février 2013: Une perturbation arrivant de l'ouest se heurte à l'air froid qui stagne sur la Belgique. Elle véhicule de l'air plus doux en altitude, provoquant des pluies verglaçantes entrecoupées de quelques chutes de neige. La situation est rendue difficile sur les routes et le rail.

Fin février: L'hiver se poursuit avec de fréquentes chutes de neige. Il donne l'impression d'être particulièrement long cette année, même si cette situation reste tout à fait normal d'un point de vue climatique.

Mars


Début mars: Alors que la fin février se déroule dans le froid (relatif), un brusque bouffée d'air chaud arrive du sud, apportant un temps printannier très agréable. Le 5 mars est ainsi le plus chaud depuis le début des observations à Uccle en 1833. On relève ainsi une température maximale de 17,5°C. Cette période de temps doux dure du 4 au 7 mars, même si le temps tend à se couvrir et à devenir plus humide sur la fin de cette période.

***EPISODE NEIGEUX TARDIF ET DE GRANDE AMPLEUR A PARTIR DU 10 MARS***

10 mars: L'hiver signe un retour marqué sur l'Europe du Nord. En Belgique, entre le 9 à 16h00 et le 10 à 8h00, la température baisse de plus de 10°C par endroits. Une zone de conflit marquée par un front froid atteint la Belgique dans la nuit du 9 au 10 par le nord. Elle sépare l'air doux maritime présent depuis plusieurs jours sur nos régions de l'air polaire descendant de Sibérie. La pluie fait rapidement place à la neige, qui tient au-dessus de 150 mètres, menant à une accumulation de plusieurs centimètres.

Situation atmosphérique le 10 mars (source: Wetterzentrale).


Montigny-le-Tilleul sous 3 cm de neige dans la matinée du 10 mars (auteur: Hydrometeo).

11 mars: Le contraste entre l'air polaire au nord et l'air maritime doux au sud prend davantage d'ampleur. En 150 km, la différence de température dépasse parfois les 10°C. Le contraste est encore plus marqué à 850 hPa (environ 1500 mètres d'altitude), où on note -11°C au-dessus de la côte sud du Royaume-Uni mais +1°C au-dessus de la Baie du Mont-Saint-Michel. Il gèle au nord du front, où un vent de nord-est en rafales et une neige soufflée rendent les conditions très désagréables. C'est notamment le cas sur la Wallonie et sur le Nord-Pas-de-Calais où quelques centimètres de neige s'accumulent. Par endroits, la couche approche les 4 cm.

Carte des températures le 11 mars à 12h45 (source: Infoclimat).

Une dépression nommé Xaver approche lentement depuis l'Atlantique et fait son entrée sur la France en début d'après-midi. En plus d'accentuer le contraste de températures, y compris en altitude, elle déclenche une tempête de nord-est en Manche (120 km/h en rafales) et sur les côtes nord de la Bretagne et de la Normandie (100 à 115 km/h en rafales). Une puissante zone neigeuse se crée au nord du centre dépressionnaire, et concerne ces mêmes régions.

Situation atmosphérique le 11 mars à 7h00 du matin (source: Wetterzentrale).

***12 mars - neige intense, alerte rouge de l'IRM pour la Wallonie***

La Belgique, le nord de la France, le Luxembourg et l'ouest de l'Allemagne sont frappés par un épisode neigeux d'une grande intensité. Il s'agit pour beaucoup d'endroits l'offensive neigeuse la plus sévère de l'hiver 2012-2013, d'autant plus surprenante qu'il a fallu attendre la mi-mars pour qu'elle se produise.

La dépression Xaver transite sur la France, creusée à 993 hPa (12 mars - 7h00). Elle sépare toujours l'énorme contraste de températures de part et d'autre du front.

Situation atmosphérique le 12 mars à 7h00 du matin (source: Wetterzentrale).
.
Associée à la dépression, une énorme perturbation transite sur les régions concernées, surplombées par un air très froid au sol et tombant sous des températures de -3 à -6°C. Les rafales de nord-est empêchent une accumulation neigeuse uniforme: à 10h00, les relevés officiels en terrain dégagé et soumis au vent font mention de 5 cm de neige à Bierset, 10 cm à Zaventem et 13 cm à Gosselies et Charleroi. Dans les faits, la couche de neige est parfois bien plus importante. A la même heure, les plus grosses accumulations dépassent les 15 cm, abstraction faite des importantes congères qui se forment de manière généralisée (parfois plus de 50 cm d'épaisseur). Sur les côtes françaises et belges, les rafales approchent ou atteignent encore les 100 km/h.

Radar des précipitations le 12 mars à 10h00 (source: IRM).

Les conséquences sur les réseaux ferroviaire, routier et aérien sont catastrophiques: on a relevé jusque 1600 km d'embouteillages à l'heure de pointe en Belgique, un record. Les retards et annulations sont nombreuses sur le rail, les bus du TEC sont pratiquement tous arrêtés, et l'aéroport de Liège est complètement fermé.

En France, la situation est encore plus dantesque, avec une couche de neige qui dépasse largement les 20 cm, et des congères énormes, comme à Amiens, véritablement noyé sous l'or blanc.
 
Dans l'après-midi, la perturbation se rétracte et ne concerne plus que les régions de Haute Belgique dans l'après-midi. A la fin de l'épisode, les observations donnent une dizaine de centimètres de neige à Bruxelles (13 cm à Uccle - record absolu pour un mois de mars -, 10 cm à Zaventem) et à Liège (8 cm à Bierset, 11 cm aux Guillemins, 13 cm sur les hauteurs), une quizaine dans la région de Charleroi et de Namur (15 cm à l'aéroport de Gosselies, 13 cm à Wépion, au sud de Namur). Par endroit, la couche de neige frôle les 20 cm. Notons que le vent, ayant chassé la neige, a empêché une accumulation qui aurait pu être plus importante. A l'inverse, il a entraîné la formation de congères parfois imposantes.

13 mars: La nuit est très froide, et des records sont battus pour un mois de mars. Les températures descendent jusqu'à -17,1°C (!!) à Ciney, -15,9°C à Melin (Brabant Wallon), -15,6°C à Wépion (Namur), -14,3°C à Mons, -14,0°C à Cour-sur-Heure (Hainaut), -13,9°C à Montigny-le-Tilleul (Hainaut), -11,8°C à Bierset, -10,1°C à Uccle et à Gosselies.

15 mars: Le mercure tombe à - 17,9°C dans les Hautes-Fagnes. Le dégel et la fonte de la neige se font de manière franche dès l'après-midi, et le temps se radoucit durant les jours suivants.

24 mars: L'hiver ne veut décidément pas lâcher prise. La Belgique se retrouve une nouvelle fois dans une zone de conflit de masses d'air polaire d'une part et maritime d'autre part. A partir de la veille en fin d'après-midi, la neige se généralise sur une bonne partie du pays. L'accumulation dépasse parfois les 5 cm, comme dans la région de Charleroi par exemple. En Ardenne, une langue d'air doux s'intercale en altitude, engendrant des pluies verglaçantes par -4°C, comme observé à Libramont sur le temps de midi.

Fin mars: Rien n'y fait, le temps reste anormalement froid et sombre sur la Belgique. Les températures ne dépassent que très rarement les 5°C, et sont souvent négatives la nuit. Un peu de neige est encore observée ça et là. Cela est dû d'une part à de récurrents anticyclones qui stationnent souvent au nord de l'Ecosse et sur la Scandinavie, et à la zon de conflit avec l'air maritime tropical qui reste bloquée bien au sud de nos régions.

Avril


7 avril: L'hiver semble enfin prendre fin. A partir de ce jour, les températures diurnes commencent à s'élever et à se rapprocher des normales. Par contre, les nuits restent encore très froides. Ce jour, il fait -5°C au lever du jour à Montigny-le-Tilleul.

12 avril: Les premiers orages à caractère printannier se produisent sur le pays. On en signale dans la région de Bruges, de Bruxelles, de Charleroi et de Namur notamment.

14 avril: Il fait pratiquement estival, alors qu'il gelait encore il y a une semaine. Ce jour, les températures maximales dépassent les 20°C en plusieurs régions, pour la première fois de l'année.

Mai

La première semaine de mai nous offre un temps estival, avec des températures diurnes allant jusqu'à tourner autour de 25°C.

7 mai: une dépression s'immisce sur le sud-est du pays et le Grand Duché de Luxembourg. Au nord-ouest de celle-ci, des orages parfois intenses se forment en milieu d'après-midi et sévissent jusqu'en soirée en se déplaçant dans un flux orienté est - ouest puis nord-est - sud-ouest. Il s'en produit en régions liégeoise, namuroise, carolo et bruxelloise. En matinée déjà, un orage avait circulé de Charleroi vers le Borinage et la France. Localement, des dégâts dus aux eaux sont à signaler.

8 mai: en fin d'après-midi, un front froid lié à une dépression près de l'Irlande vient se heurter à une masse d'air encore relativement douce (22 à 23°C selon les régions) et développe une ligne d'orages qui traverse le pays d'ouest en est en soirée. Les orages qui l'accompagnent sont parfois forts, avec d'importantes quantités de précipitations en peu de temps. La ligne perd son activité électrique en atteignant l'est du pays en fin de soirée, par manque de chaleur.


La deuxième partie du mois de mai se déroule sous une inhabituelle fraîcheur et un temps (très) humide. Il pleut pratiquement tous les jours et certaines journées voient le thermomètre à peine dépasser les 10°C. L'anomalie de températures le 16 mai, minima et maxima confondus, est d'environ 2°C sous les normes.

23-24 mai: Phénomène exceptionnel, de la neige tient au sol en Haute Belgique! On note ainsi environ 4 cm d'accumulation le 24 au matin au Signal de Botrange. Cette neige éphémère disparaît cependant bien vite.

28 mai: Après deux jours de beau temps où les températures auront enfin dépassé les 20°C, des orages traversent le pays du sud au nord dans l'après-midi. Seul l'ouest de la Belgique est épargné. Localement, ils sont assez intenses et organisés en ligne. Des inondations locales se produisent, comme à Uccle. La foudre frappe un passant à Rixensart, et un train à Beuzet sur la ligne SNCB Bruxelles-Namur, engendrant de gros retards.


Le mois de mai qui s'achève, en plus d'avoir été fort frais, est le plus pluvieux depuis 1833.

Juin

Début juin: Le temps devient estival avec des températures tournant autour des 25°C en journée, et ce, en de nombreux endroits, pour la première fois de cette année 2013.

18 juin: Après quelques jours de très beau temps, le temps tourne à l'orage. Plusieurs systèmes actifs gagnent le pays en ce jour.

Le 19 juin à l'aube, deux orages successifs très électriques concernent la vallée de la Meuse (Dinant et Namur), avant de remonter vers le nord-est. D'autres cellules touchent un peu plus tôt l'Entre-Sambre-et-Meuse. Des orages frappent également la région liégeoise.

19 juin 6h00: le premier orage atteint Namur tandis que le deuxième se trouve à cheval sur la frontière française près de Charleville-Mézières. Ce sont des orages multicellulaires. Source: Infoclimat.

20 juin: Un orage très intense touche la Basse Meuse, et provoque des inondations dans la région de Visé en fin d'après-midi. Il est relevé 55,5 mm de pluie à Visé même.

21 juin: Dans la nuit du 20 au 21, des orages très pluvieux touchent le Hainaut. Ils conduisent à des relevés pluviométriques importants comme à Quévy-le-Petit où il tombe 98,6 mm de pluie.

Cumul de pluie sur une heure le 21 juin. Les orages (multicellulaires à nouveau) qui concernent le bassin de la Haine sont bien visibles. Source: IRM.

22 juin et jours suivants: Le temps se rafraîchit de nouveau sur la Belgique. Les températures éprouvent les pires peines à dépasser les 20°C, faute à de trop rares éclaircies et des averses passagères. L'anticyclone des Açores reste centré trop bas en latitude, soumettant l'ouest de l'Europe à des courants maritimes refroidis par les températures anormalement basses des mers environnantes. A cela s'ajoutent des précipitations parfois conséquentes comme la nuit du 26 au 27.

30 juin: A partir de ce jour, le temps se réchauffe et les températures dépassent les 20°C. Néanmoins, la nébulosité relativement présente rappelle que l'air reste fort humide et que les conditions sont loin d'être entièrement anticycloniques.

Juillet

Début juillet (jusqu'au 5): Les courants maritimes concernant à nouveau notre pays. Si le 1er juillet fut encore relativement sec, ce n'est plus le cas pour les jours suivants qui connaissent un temps nébuleux, parfois pluvieux, entrecoupé de rares éclaircies. L'infographie ci-dessous et publiée sur Info Météo explique clairement le pourquoi de la situation actuelle et prévoit des jours meilleurs...

Infographie réalisée pour le compte d'Info Meteo.

La campagne près de Libramont le 4 juillet, à l'image de ce début des vacances d'été 2013. Plutôt triste... (auteur: Hydrometeo).

A partir du 6 juillet, la situation change radicalement: le ciel se fait plus clair et les températures maximales dépassent les 25°C. Un petit intermède plus frais mais toujours assez ensoleillé survient les 12 et 13 avec des températures autour de 20°C. Le 15 et les jours suivants, le temps se fait de plus en plus chaud, avec des températures dépassant largement les 25°C.

L'arrêt du tram "Musée du Tram" à Bruxelles-Capitale, sous un temps splendide à l'instar d'une très grande partie du pays ce 17 juillet (auteur: Hydrometeo).

18 juillet: Les températures maximales atteignent 30°C en Campine.

Les hauteurs de Landelies inondées de soleil au soir du 18 juillet (auteur: Hydrometeo).

21 juillet: Ce jour de fête nationale (mais aussi de passation de succession royale) est marqué par une chaleur étouffante qui va s'attarder quelques jours sur la Belgique. Les températures maximales, relevées en fin d'après-midi, sont de 30°C à Namur, à Liège et à Bruxelles, 31°C à Charleroi, à Anvers et à Chièvres, 32°C à Kleine-Brogel et 33°C à Schaffen. Cette air chaud concerne une bonne partie de l'Europe Occidentale.

22 juillet: Il fait encore plus chaud. On relève 34,7°C à Schaffen, 32,7°C à Uccle, 31,7°C à Montigny-le-Tilleul. A partir de 16h00, la masse d'air se déstabilise et mène au développement d'orages de chaleur locaux. Le tonnerre gronde ainsi en Campine, sur la Marlagne et la Basse Sambre, sur le Condroz, dans le nord-est de l'Ardenne et en Entre-Vesdre-et-Meuse. Dans cette dernière région, les orages se font plus organisés et plus intenses, accompagnés de grêle et de cumuls de précipitations importants (33 mm à Vaux-sous-Chèvremont). A Chênée, un arbre tombe sur la ligne ferrée 37 Liège - Welkenraedt - Allemagne, entraînant ainsi de gros désordres dans le trafic ferroviaire.

Les cumulonimbus liégeois, parfois haut de plus de 12 km, étaient visibles à des dizaines de kilomètres à la ronde, comme ici photographiés depuis la citadelle de Namur (avec l'aimable autorisation de D. Claeys).

23 juillet: Un peu selon le même schéma que la veille, des orages locaux mais parfois assez intenses concernent la Famenne, l'est du Condroz, Liège et l'Entre-Vesdre-et-Meuse dans l'après-midi. Un de ces orages, particulièrement large et immobile, provoque quelques inondations et coulées de boues dans la région de Rochefort et de Marche-en-Famenne. Plus tard, vers 21h00 - 22h00, un orage apparaît sur les hauteurs de Liège et glisse lentement vers le sud-est.

Précipitations à 16h45 (Source: météoservices).

En soirée, l'arrivée de conditions un peu plus dynamiques en altitude fait apparaître de nouveaux orages sur l'est du Nord-Pas-de-Calais.

24 juillet: Un premier système multicellulaire entre sur le pays entre minuit et 1h00 sur la région de Quiévrain, et se déplace jusque la région à l'ouest de Bruxelles. Dans le même laps de temps, une petite ligne orageuse s'organise au sud de Chimay, puis se transforme en un système multicellulaire assez actif sur l'Entre-Sambre-et-Meuse vers 2h30 - 3h00. L'orage produit jusqu'à un éclair toutes les 2 secondes vers 3h30. Il concerne alors la région de Charleroi, puis plus tard l'est du Brabant Wallon en faiblissant avant de se diluer sur le Brabant Flamand après 5h30.

Précipitations à 4h00. Source: météoservices.

Nombreux éclairs intranuageux et quelques coups de foudre noyés dans les précipitations, telle fut l'activité de cet orage. Vu depuis Montigny-le-Tilleul vers 3h40.

A 7h00 du matin, un troisième système multicellulaire entre en Belgique par la Lorraine, lui aussi dans un premier temps assez intense. Il quitte le pays par la frontière allemande vers 10h30 du matin.

Les 26 et 27 juillet, des orages parfois intenses frappent la Belgique. 

29 juillet: En soirée, une ligne d'orages intenses s'organise sur le Hainaut Occidental et traverse la province en débordant sur le Brabant Wallon. Les brèves mais fortes pluies provoquent des inondations dans la région de Charleroi. L'activité électrique monte parfois à un éclair toutes les 2 à 3 secondes. La ligne concerne ensuite la province de Namur puis celle de Liège en faiblissant petit à petit. Elle s'évacue vers l'Allemagne en début de nuit.


Le mois de juillet qui se termine peut être qualifié de beau. L'ensoleillement a été fort élevé par rapport à la normale, et les températures ont été plutôt excédentaires. Les orages de la fin du mois auront ramené à la normale un bilan pluviométrique qui, jusqu'au matin du 27, était largement déficitaire dans bon nombre de régions.

Août


2 août: Un brutal coup de chaud provoqué par l'advection de masses d'air d'origine saharienne (très chaudes et sèches) fait exploser le mercure jusqu'à 36,2°C en Campine. Sur le centre du pays, les températures oscillent entre 32 et 34°C au plus chaud de la journée. Par la suite, quelques orages se produisent ça et là les jours suivants, et le temps prend une teinte plus normale. Certains jours, comme le 7 août cependant, verront des épisodes pluvieux de longue durée concerner le pays, accompagné de températures fraiches pour la saison.

18 août - TORNADES: En soirée, des lignes d'averses organisées dans un ciel de traîne traversent la Belgique. Elles donnent naissance à plusieurs (?) tornades non-supercellulaires mentionnées par Belgorage. La première, confirmée, se produit près de Saint-Gérard, en province de Namur. La deuxième, probable, frappe le centre de Huy, en ne causant que très peu de dégâts. D'autres témoignages sont signalés près d'Andenne, et font référence à une structure tourbillonnaire, laissant soit penser à une troisième manifestation tornadique, soit à la tornade du Huy observée plusieurs minutes avant qu'elle n'arrive sur la ville. Des dégâts un peu plus importants ont par contre été signalés à Amay, à quelques kilomètres à l'est-nord-est de Huy. Des études sont en cours pour faire la lumière sur ces évènements, et peut-être les regrouper au sein du même phénomène. Quoiqu'il en soit, il s'agit de petites tornades d'intensité F0 sur l'échelle de Fujita.

La tornade de Saint-Gérard, photographiée par un journaliste de la RTBF. Source: Météo RTBF sur Facebook.

19 août: Des averses orageuses (une assez importante en Campine) éclatent sur la moitié est du pays dans l'après-midi.

----------------
Septembre






--------
Octobre

Octobre est anormalement doux. De l'air tropical est régulièrement advecté vers nos régions tandis que l'ensoleillement est déficitaire compte tenu d'un fort et régulier apport d'humidité par cet air chaud. Un mois somme toute assez particulier.
--------


-----------------

Le 22 octobre, un MCS traverse la Belgique. Il survient au sein d'une période de très beau temps.


Album photo des orages du 22 octobre (facebook)

Vidéo de l'orage réalisée par Info Météo:



--------------------------

Le 28 octobre, la première grosse tempête de la saison "hivernale" frappe l'Europe Occidentale. Elle est nommée Christian par les services météorologiques allemands.


Vidéo réalisée par Info Météo à propos de la tempête Christian:





-----------------------------------
Décembre


----------------

Décembre est le premier mois d'un "non-hiver": régulièrement très doux et humide, anormalement orageux et surtout non-neigeux: certaines régions ne verront pas le moindre flocon!

jeudi 14 août 2014

Bertha et les tornades - analyse approfondie des cas de Gozée et de Ligny-Tongrinne

Le 10 août 2014, l'ancien cyclone tropical Bertha arrive sur les Iles britanniques après avoir erré dans l'Atlantique. Il transporte avec lui une bouffée d'air chaud et humide qui va autoriser la mise en place d'une dégradation orageuse inhabituelle et tornadique sur le nord de la France et la Belgique. Cette offensive orageuse vient s'intercaler parmi d'autres, au cœur d'un été humide et aux situations synoptiques assez bizarroïdes. 

15h30 heure belge - source: NOAA. 
 
L'image ci-dessus montre Bertha vers 15h30 ce 10 août. A ce moment-là, le centre de la dépression se trouve toujours sur l'est des Iles britanniques. L'ex-cyclone est suffisamment creux pour déclencher un coup de vent hors saison en Manche et sur les côtes du nord de la France où les plus fortes rafales atteignent 100 km/h (notamment au Cap Gris-Nez). Du sud de la Mer du Nord jusqu'à la Vendée en passant par le nord de la France court le front froid de la dépression, très actif. Une fois n'est pas coutume, c'est sur ce front que la majeure partie de l'activité orageuse prend place. Habituellement, en été, les orages se positionnent à l'avant du front, le long d'un creux ou d'une ligne de convergence. Ce n'est pas le cas ici. Plus au nord, le front chaud de la dépression s'évacue en direction de l'Allemagne et des Pays-Bas, après avoir donné en Belgique des pluies en matinée et en début d'après-midi. Entre les deux, une brutale invasion d'air doux, mais surtout très humide, envahit le pays. Le front froid vient s'écraser contre cet air instable, et déclenche l'apparition de nombreuses cellules orageuses qui adoptent très vite un caractère très intense. Une très forte dynamique d'altitude engendre de puissants cisaillements de vent au niveau du front, celui-ci étant de plus poussé par le Jet-Stream. L'ensemble des éléments entrant en phasage est propice au développement de très fortes rafales et de tornades. Ainsi, c'est un QLCS particulièrement bien formé qui se développe. Une fracture au sein de ce système se forme sur l'est du département du Nord. Au sein de cette fracture, l'accentuation des cisaillements augmente le risque tornadique.

Quatre tornades frappent alors le Nord-Pas-de-Calais: une dans la périphérie d'Arras, la deuxième à Landrecies, la troisième à Beaumont-en-Cambraisis et la quatrième à Achicourt. L'axe orageux progresse ensuite en direction de la Wallonie. Au sein de celui-ci, une cellule prend brutalement en vigueur en passant au sud de Mons. La séquence des deux images ci-dessous montre l'évolution de la situation en une demi-heure, entre 17h15 et 17h45.


Source: Infoclimat.

L'orage 1 se trouve sur Landrecies. Vers 17h15, il génère une tornade. Au nord de cet orage, une supercellule (n°2) s'organise brutalement en une demi-heure. A 17h45, elle arrive au nord de Charleroi en passant sur Jumet et Gosselies. Au même moment, l'orage n°1 (également de nature supercellulaire), entre-temps entré en Belgique, est sur le point de générer une deuxième tornade à Gozée. Ajoutons de plus un troisième système très organisé (n°3) au niveau du département des Ardennes. Cet orage génère la probable tornade de Marbay environ une heure plus tard.

Un quart d'heure plus tard, à pleine maturité, l'orage n°2 arrive à l'aplomb de Ligny où il engendre une tornade qui traverse le sud du village en question, passe à travers Tongrinne et Bothey avant de disparaître. L'image ci-dessous montre la situation à 18h35. La tornade de Ligny-Tongrinne est dissipée depuis un peu plus de vingt minutes. Le hook echo de la supercellule (marqué par une flèche rouge) reste bien visible, montrant clairement la rotation animant l'orage générateur.

Source: Météo France.

Au même moment, des reports de phénomènes venteux et de dégâts parviennent à Info Météo, en provenance de Ligny. L'origine tornadique des dégâts est confirmée dans les deux heures grâce à des photos et vidéos partagées par les membres d'Info Météo. Rapidement, d'autres reports parviennent de Gozée où la confirmation de la tornade doit attendre quelques jours de plus, une fois une enquête de terrain et la récolte de témoignages effectuées. Pour Marbay, le statut de tornade probable est conservé étant donné l'absence d'observations directes.

Analyse approfondie de la tornade de Gozée

Comme précisé, l'orage générateur de la tornade de Gozée a engendré une autre tornade environ trois quart d'heure plus tôt, au niveau de Landrecies. 

Deux enquêtes de terrain réalisées par Info Météo et David Gustin, membre d'Info Météo, ont permis de reconstituer la trajectoire de la tornade. Le premier contact avec le sol a été établi au niveau de la rue Baudribut, dans un champ de maïs. Fait particulier, plusieurs couloirs ont été constatés, laissant entrevoir la possibilité d'une tornade multi-vortex relativement instable. Il est probable que le tourbillon alors en formation ait survolé la route de Thuin (N59). Aucun dégât n'a été repéré à ce niveau.

Maïs fauché au chemin de Baudribut. La tornade venant du fond vient de se poser. Les épis couchés vers la droite - donc sur la gauche de la trajectoire - indiquent un mouvement de rotation antihorlogique.

La tornade maintient le contact avec le sol sur environ 250 mètres. Par la suite, elle semble perdre le contact avec la surface puisque plus aucune trace n'est visible dans les champs. Le bas du cône se maintient toutefois à quelques mètres du sol à peine puisqu'il étête plusieurs arbres d'un petit bosquet situé entre la rue de Baudribut et le chemin de la Taillette, et ce alors que les champs sont absolument intacts tout autour.

Bosquet étêté et champs intacts autour. Vue prise depuis le chemin de la Taillette. 

Peu avant d'atteindre le chemin de la Taillette, la tornade établit un nouveau contact avec le sol: un couloir d'une vingtaine de mètres de large est creusé dans un champ de maïs où les épis sont couchés vers la gauche de la trajectoire, confirmant la rotation des vents. Un autre couloir moins large et moins long est repéré environ 5 mètres à l'ouest du premier, semblant indiquer une nouvelle fois que plusieurs vortex auraient été actifs. Plus à l'ouest encore, quelques épis couchés vers le sud-est en bordure d'un champ voisin témoignent clairement de l'effet de succion des vents, entraînés vers le tourbillon.

Couloir dans les champs de maïs du chemin de la Taillette.

Couloir dans les champs de maïs du chemin de la Taillette. La tornade vient du fond, à droite de la voiture.

Toute trace disparaît une nouvelle fois après environ 50 mètres de trajet, indiquant une deuxième perte de contact avec le sol. La tornade survole alors la rue Vandervelde, puis atterrit dans la rue Bury où elle endommage des toitures. Elle poursuit son trajet à travers des prairies où elle dépose plusieurs débris et des branches arrachées au niveau des jardins de la rue Bury. Son diamètre semble s'être rétréci en un seul et unique vortex qui sectionne net deux arbres au sein d'une rangée dans laquelle les spécimens voisins sont absolument intacts.

Arbres arrachés dans une rangée de sapins le long de la rue Biercque.

Au bout de la rue Biercque, la tornade semble s'élargir à nouveau (multi-vortex?) et balaye le hameau du Bout-là-Haut. Plusieurs toits sont endommagés et une véranda est désolidarisée de son socle. 

Véranda désolidarisée rue Biercque.

Le tourbillon traverse la N53 puis le parking d'une grande surface et continue sa route à l'est de la grand route, à l'arrière des jardins. Il étête de nouveau un bosquet, avant de perdre définitivement contact avec le sol au niveau de la rue de Zone. 

Arbres étêtés à l'arrière des jardins de la N53.

Compte tenu des dégâts, la tornade semble avoir atteint le niveau F1 inférieur de l'échelle de Fujita, soit des vents légèrement supérieurs à 130 km/h. Le tourbillon a adopté un comportement instable tout au long de sa trajectoire puisque plusieurs couloirs de dégâts parallèles et une largeur variable l'ont caractérisé. La carte ci-dessous retrace la trajectoire de la tornade, d'une longueur d'environ 2,3 km.



Analyse approfondie de la tornade de Ligny-Tongrinne

Cette tornade a duré plus longtemps (une dizaine de minutes), ce qui a permis son observation par de nombreux témoins. Son identification et la reconstitution de sa trajectoire ont dès lors été facilitées. Nous en profitons pour remercier les personnes qui nous ont fait parvenir photos, vidéos et témoignages, ainsi que Bastien Lombeau, auteur d'une investigation sur le terrain particulièrement poussée.

L'analyse a posteriori des images radars et des cartes d'impacts de foudre montrent que la supercellule entre en phase tornadique (formation du mesocyclone) vers 17h50, à l'aplomb de Gosselies. La tornade est imminente alors que l'orage se trouve juste au nord de l'aéroport de Charleroi-Bruxelles-Sud. Nous pensons que le mesocyclone entame sa prolongation en direction du sol à partir de ce moment-là. La tornade naissante atterrit au nord de Fleurus, où elle provoque les premiers dégâts. Néanmoins, faute d'informations, nous ne pouvons certifier la localisation exacte du premier contact avec le sol. Le tourbillon se renforce, traverse la ligne de chemin de fer Charleroi - Ottignies et atteint la rue du Tienne à Ligny où il balaye un hangar et endommage des toits. C'est sans doute à ce moment-là que la tornade est observée directement pour la première fois, décrite comme un cône renversé et tronqué passant à vive allure. Sur son chemin, elle passe très près d'une station météo amateur qui enregistre une rafale de 134 km/h. Cette information - à prendre avec des pincettes - est toutefois précieuse car elle permet de confirmer l'intensité de la tornade, estimée à F1 sur l'échelle de Fujita.

 La tornade continue sa course à travers champs. Elle franchit la rue de la Tombe, très proche d'une ferme et de quelques habitations, avant de se diriger vers le rond-point de Ligny (croisement entre la N29 et la N98) où elle endommage plusieurs structures, notamment un snack passée dans les journaux télévisés. 

Trajet rue du Tienne - rue de la Tombe.

La tornade poursuit vers l'est-nord-est où elle franchit la rue Matthias et passe juste au nord d'une ferme. Le cône arrive alors sur Tongrinne où il balaye le nord de la rue Pichelin dans sa longueur. Au niveau du carrefour avec la rue de la Ligne, la tornade effectue un saut sur le côté et se retrouve sur la droite de la rue Pichelin. 

Trajet rond-point de Ligny - rue Pichelin.

C'est à ce moment-là qu'un témoin prend des photos depuis le rond-point de Ligny, après le passage de la tornade. La séquence suivante montre le cône au-dessus du village de Tongrinne et son éloignement en direction de Bothey (photos de J. Pasin). Les deux premières photos montrent de plus le mesocyclone surplombant le tourbillon, confirmant visuellement le caractère supercellulaire de l'orage générateur.





Un autre témoin filme la tornade depuis la N98, plus ou moins au même moment:


L'ensemble de la structure orageuse apparaît clairement sur cette photo de la tornade prise depuis la E42 (auteur: J.-H. Chartz).


Entre la rue Pichelin et la place de Flavigny, il est possible que la tornade ait perdu le contact avec le sol alors qu'elle dévie légèrement vers la droite. Les dégâts ne sont retrouvés qu'au niveau de la place. elle sort de Tongrinne en voyageant parallèlement à la rue de Bothey puis la rue de Tongrinne, en s'éloignant vers Bothey. 

Trajet rue Pichelin - rue de Bothey.

La tornade franchit la nationale N93 en endommageant les toitures des maisons situés à cet endroit. Elle balaye ensuite la rue de la Ronce à Bothey et s'enfonce à travers champs. Le phénomène est alors filmée depuis la N93, à l'angle avec la rue du Chêne. La tornade en elle-même n'est visible que dans la deuxième moitié de la vidéo, en haut à droite du cadre. Le buisson de débris et de poussière apparaît brusquement lorsque le tourbillon arrive dans un champ.


La tornade continue encore sur quelques centaines de mètres avant de perdre définitivement contact avec le sol peu après le carrefour entre la rue du Chêne et la rue de la Tombale. Sa dissipation est filmée depuis Mazy:





Trajet à travers Bothey.

La tornade de Ligny-Tongrinne a parcouru environ 9 km. Sur base des dégâts et des enquêtes de terrain effectuées par Belgorage et Bastien Lombeau, la force du phénomène peut être évaluée à F1 sur l'échelle de Fujita. 

Conclusion

La Belgique et le nord de la France ont connu un véritable outbreak de tornades, avec six cas confirmés (quatre en France, deux en Belgique), un cas probable (Marbay en Belgique) et un dernier incertain (Waret-l'Evêque en Belgique). Ce phénomène est assez remarquable dans le sens où la survenue de plusieurs tornades en quelques heures en Belgique est assez rare. Néanmoins, deux jours plus tôt, plusieurs autres cas de tornades étaient signalés à Jauchelette, Sart-lez-Spa et Manhay.

Un autre outbreak de tornades avait concerné la Belgique et le nord de la France en octobre 2013.